>>La Terre a perdu 60% de ses animaux sauvages en 44 ans
Un kangourou traverse la route, le 27 septembre, près de Booligal en Australie asoiffée par la sécheress. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Le manque d'eau, qui perdure depuis plusieurs années dans certaines régions, grille les récoltes et contraint certains éleveurs à abattre leur bétail faut de pouvoir l'alimenter.
La sécheresse aggrave aussi les conditions de vie des espèces endémiques pourtant plus résistantes que le cheptel.
"Un grand nombre de kangourous meurent dans tout le pays", explique à l'AFP Richard Kingsford, professeur d'écologie à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud, soulignant que les changements sont si rapides que de nombreux "animaux et plantes n'ont pas le temps de s'adapter".
Les autorités ont augmenté leurs aides aux agriculteurs plongés dans de graves difficultés financières. Mais pour les scientifiques, il faut soutenir parallèlement la faune et la flore sauvages, lesquelles sont aussi confrontées à l'activité humaine, à la concurrence d'espèces invasives et à la réduction de leur habitat.
"Touffes de verdure"
Dans le Nord-Ouest de la Nouvelle-Galles du Sud, les populations de kangourous se sont effondrées de plus de 90%, explique le professeur Kingsford.
La sécheresse exacerbe les conflits d'intérêts entre animaux sauvages et agriculteurs qui tentent désespérément de préserver chaque brin d'herbe pour leurs troupeaux.
À Booligal, où la pluviométrie est inférieure cette année de 75% à la moyenne, les agriculteurs Matt et Sandra Ireson ont constaté une augmentation du nombre de kangourous et d'émeus aux abords des routes. Ils cherchent les "touffes de verdure" qui apparaissent à la faveur des rares averses, quand l'eau recueillie par le tarmac ruisselle sur les bordures des routes.
En conséquence, le nombre de collisions entre les véhicules et les bêtes sauvages a bondi de 20% ces trois dernières années, selon le secteur des assurances. Si bien que Sandra Ireson a commencé à donner aux jeunes agriculteurs des cours de conduite "spécial sécheresse".
Les plus grandes espèces de kangourous peuvent faire deux mètres de haut et peser 90 kilogrammes. Les collisions causent de sérieux dégâts aux voitures et aux conducteurs.
"Les gens ne veulent pas faire de mal aux animaux, ce qui se comprend, mais il faut apprendre à ne pas faire d'embardée, à simplement freiner", explique Mme Ireson.
Troupes d'émeus
Les scientifiques préviennent que les sécheresses et vagues de chaleur vont s'aggraver avec le changement climatique. Les Australiens devront s'habituer au manque d'eau mais aussi à voir la faune de près.
Pour Alison McLean, une agricultrice qui dirige "The Long Paddock", un projet touristique destiné à inciter les gens à visiter la région, la cohabitation entre animaux sauvages et êtres humains ne doit pas forcément mal se passer. "Ils se rapprochent, ce qui donne l'occasion aux gens de les voir, tant qu'ils sont prudents au volant", dit-elle à l'AFP.
"C'est assez fou de voir des troupes de 30 émeus passer devant son nez. Cela se produit régulièrement mais on s'arrête toujours pour prendre des photos". Elle ajoute que deux échidnés habitent désormais dans sa cour. Il ne semble pas prêt de pleuvoir et le professeur Kingsford espère qles autorités prendront des mesures pour protéger les espèces vulnérables, comme par exemple empêcher le bétail d'aller dans les parcs nationaux afin que les animaux sauvages puissent y trouver leur nourriture.