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Armin Laschet, chef de la CDU et candidat à la succession d'Angela Merkel lors d'une visite à Profen (Allemagne) le 29 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Quelque 1,8 million d'électeurs sont appelés aux urnes pour renouveler le parlement du Saxe-Anhalt, petite région de l'ex-RDA communiste dirigée depuis 2002 par l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière.
La lutte s'annonce serrée : la plupart des sondages donnent la CDU en tête, mais talonnée par l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), parti anti-migrant devenu la deuxième force politique locale en 2016.
Une victoire de l'AfD, comme l'avait prédit un sondage il y a une semaine, serait "une catastrophe" pour Armin Laschet, l'impopulaire chef de la CDU et candidat à la succession d'Angela Merkel, qui va se retirer après 16 ans de règne, juge le magazine Der Spiegel.
Cela relancerait les débats sur sa légitimité en tant que candidat de la droite, et "affaiblirait la situation pour l'ensemble de la CDU", pointe Hajo Funke, politologue à l'université libre de Berlin.
Le plus grand parti allemand traverse une crise de confiance, affecté par des ratés dans la gestion gouvernementale de la pandémie et des scandales de corruption de ses députés lors de contrats d'achats de masques de protection.
"Réveil douloureux"
La formation, qui a déjà accusé deux cuisants revers en mars lors de deux élections régionales, a aussi souffert de la lutte acharnée qui a opposé M. Laschet au chef du parti bavarois CSU Markus Söder, considéré selon les sondages comme le plus apte à prendre le relais de la chancelière.
Le candidat du parti anti-migrant AfD Oliver Kirchner (2e, droite) fait campagne à Magdebourg en Saxe-Anhalt (Allemagne) le 26 mai. |
Le candidat du parti anti-migrant AfD Oliver Kirchner (2e, droite) fait campagne à Magdebourg en Saxe-Anhalt (Allemagne) le 26 mai. |
Le chef de la CDU s'est imposé mais reste mal aimé dans le pays et "a besoin de façon urgente d'un succès pour rassembler l'Union" conservatrice, formée de la CDU et de la CSU, souligne der Spiegel.
Si l'AfD l'emportait dimanche 6 juin, il ne serait certes pas en mesure de former une coalition, l'ensemble des autres partis refusant toute alliance avec lui.
Armin Laschet a néanmoins mis en garde contre "un réveil douloureux".
Car la tentation d'un rapprochement avec l'AFD reste bien présente chez certains conservateurs. Le ministre de l'Intérieur conservateur local, soupçonné de flirter avec l'extrême droite, s'était fait limoger en janvier.
"Celui qui réfléchit à une coopération avec l'AfD se heurte à la résistance en bloc de l'ensemble de la CDU", a de nouveau récemment averti M. Laschet.
Concurrence des Verts
Très marqué par l'industrie charbonnière, le Land de Saxe-Anhalt est le plus pauvre des cinq Länder issu de l'ex-RDA et l'un des plus affectés par l'exode de ses habitants depuis la réunification.
Un terrain fertile pour l'AfD, qui a bâti son succès en alimentant les craintes face à l'afflux des migrants dans le pays en 2015 et accuse régulièrement Berlin d'avoir délaissé les régions de l'ex-RDA.
Depuis 2016, le chef local des conservateurs Reiner Haseloff, dont le parti avait rassemblé 30% des suffrages, gouverne à la tête d'une constellation inédite dans le pays avec les Verts et les sociaux-démocrates. L'AfD avait obtenu 24%.
Un an plus tard, au niveau national, l'extrême droite avait fait une entrée fracassante au Bundestag, y devenant avec 12,6% des voix la première force d'opposition.
Si les élections de dimanche 6 juin s'annoncent avant tout comme un duel entre la CDU et l'AfD, les Verts, qui font jeu égal voire dépassent les conservateurs dans les intentions de vote pour les législatives de septembre, devraient profiter aussi de l'engouement actuel pour leur candidate nationale, l'énergique Annalena Baerbock.
Traditionnellement à la traîne dans les régions de l'est, ils sont crédités de quelque 10% des suffrages en Saxe-Anhalt, soit le double d'il y a cinq ans.
Dans le dernier sondage publié par der Spiegel, 25% des personnes interrogées se sont prononcées en faveur d'Annalena Baerbock comme chancelière, contre 22% pour Armin Laschet.