Israël : l'opposant Yaïr Lapid réussit à rallier une coalition anti-Netanyahu

Le chef de l'opposition israélienne Yaïr Lapid est parvenu mercredi 2 juin à arracher in extremis un accord pour former un gouvernement du "changement" censé mettre un terme dans les prochains jours à plus d'une décennie de pouvoir de Benjamin Netanyahu.

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Le chef du parti conservateur islamique Mansour Abbas (droite) signant un accord de coalition avec le chef de l’opposition israélienne Yaïr Lapid (gauche) et le millionnaire Naftali Bennett à Ramat Gan, près de Tel-Aviv, le 2 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ce gouvernement de coalition, s'il obtient le vote de confiance du Parlement, pourrait mettre un terme à plus de deux ans de crise politique en Israël, avec à la clé quatre élections n'ayant pas jusque-là débouché sur un gouvernement stable.

Mercredi 2 juin, une grande partie de la population a suivi les tractations en coulisses qui duraient depuis plusieurs jours entre différents partis autour du chef de l'opposition et rival de M. Netanyahu, Yaïr Lapid.

Le centriste Lapid avait jusqu'à minuit moins une pour signifier au président Reuven Rivlin qu'il avait réuni une majorité de 61 députés, sur les 120 au Parlement, et être parvenu à un accord sur un gouvernement du "changement" qu'il appelait de ses vœux.

Et à 23h25 locales, le message est tombé : Yaïr Lapid a informé le président qu'il avait "réussi à former un gouvernement".

Et son équipe a diffusé une image de la signature de cet accord de coalition conclu par les chefs de huit partis -deux de gauche, deux de centre, trois de droite et un arabe- et qui pourrait marquer un tournant dans l'histoire politique d'Israël.

La dernière fois qu'un parti arabe israélien avait soutenu -sans toutefois y participer- un gouvernement remonte à 1992 à l'époque du "gouvernement de la paix" de Yitzhak Rabin. Cette fois la formation arabe islamiste Raam dirigée par Mansour Abbas a signé l'accord sans indiquer à ce stade si elle participerait activement au gouvernement.

"Ce gouvernement sera au service de tous les citoyens d'Israël incluant ceux qui n'en sont pas membres, respectera ceux qui s'y opposent, et fera tout ce qui est en son pouvoir pour unir les différentes composantes de la société israélienne", a dit M. Lapid au président.

Manifestations pro et anti

Le Premier ministre israélien sortant Benjamin participe à une session spéciale du Parlement pour élire un nouveau président, à Jérusalem le 2 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Je vous félicite, vous et les chefs de partis, pour cet accord de gouvernement. Nous nous attendons à ce que le Parlement se réunisse le plus tôt possible pour ratifier ce gouvernement", a répondu M. Rivlin.

Hasard du calendrier, un successeur à M. Rivlin, Isaac Herzog, a été élu dans la journée par les parlementaires à cette fonction essentiellement honorifique et dépourvue de pouvoir exécutif.

Face au camp Lapid, Benjamin Netanyahu, son parti de droite, le Likoud, et ses avocats sont à la manoeuvre pour tenter d'empêcher qu'un tel accord ait l'approbation de la Knesset, le Parlement israélien.

Alors qu'on ignore la date exacte de la réunion du Parlement pour le vote de confiance, la presse israélienne a affirmé que le président de la Knesset, Yariv Levin (Likoud), pourrait être tenté de faire traîner de quelques jours supplémentaire l'organisation du vote, espérant dans cet intervalle des défections dans le camp anti-Netanyahu.

Devant l'hôtel où se sont tenues mercredi 2 juin les tractations de l'opposition, près de Tel-Aviv, des centaines de manifestants pro ou anti "coalition du changement" se sont rassemblés drapeaux d'Israël à la main, sous haute surveillante policière.

"Je ne pense pas que ce gouvernement soit une bonne chose. Il ne représente pas du tout les gens qui ont voté à droite. C'est terrible", a dit à Jérusalem Meir Cohen, un partisan du Likoud âgé de 24 ans.

Rotation

Yaïr Lapid avait été chargé début mai par le président de former un gouvernement après l'échec de Benjamin Netanyahu à rallier un gouvernement de droite au terme des élections de mars, les quatrièmes en deux ans.

Les efforts de M. Lapid était passés sous le radar après des violences entre manifestants palestiniens et policiers israéliens à Jérusalem-Est et dans des villes judéo-arabes d'Israël, et la guerre de 11 jours entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas au pouvoir à Gaza.

Mais après cette escalade, les pourparlers ont repris et M. Lapid a réussi à convaincre lundi 31 mai le chef de la droite radicale Naftali Bennett de se lancer dans ce projet de gouvernement avec à la clé un partage du pouvoir et une rotation à la tête du gouvernement.

Statu quo dans le conflit avec les Palestiniens, relance économique, place de la religion: tout divise sur papier la coalition hétéroclite en dehors de sa volonté de faire tomber M. Netanyahu, arrivé au pouvoir il y a 25 ans, de 1996 à 1999, puis reconduit à son poste en 2009.

Jugé pour "corruption" dans trois affaires, M. Netanyahu est le premier chef de gouvernement israélien à faire face à des poursuites pénales en cours de mandat. Il devrait redevenir simple député et ne pourra plus user de son influence pour tenter de faire passer une loi pour le protéger de ses ennuis judiciaires.

AFP/VNA/CVN

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