Sauvetage des animaux sauvages à Dak Lak

Ces dernières années, le braconnage et le trafic d’animaux sauvages se sont accélérés de manière alarmante dans tout le pays. Dans la province de Dak Lak, ils sont une poignée, professionnels et bénévoles, à tenter de limiter l’hécatombe.

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Des animaux sauvages sont guéris avant d’être lâchés dans la nature.
Photo : TP/CVN

«Chacun a sa passion. Moi, ce sont les animaux sauvages», confie Nguyên Thanh Long, 28 ans, domicilié dans la ville de Buôn Ma Thuôt, province de Dak Lak (hauts plateaux du Centre). Depuis quatre ans, Long a racheté un nombre incalculable d’animaux sauvages dans les restaurants de la ville de Buôn Mê Thuôt et les a relâchés en forêt.

Ses vidéos de sauvetage publiées sur Facebook ont attiré surtout des éloges, mais certains l’ont critiqué. Malgré tout, il est déterminé à poursuivre sa mission.

L’éco-bénévole, une espèce rare

La passion de Nguyên Thanh Long pour la faune a commencé en 2012, alors qu’il élevait un écureuil sauvage. Un jour, en le promenant, il s’est rendu compte que c’est dans la nature qu’il était le plus heureux. C’est alors qu’il a accompli un geste décisif : le relâcher dans son milieu naturel.

La même année, lors d’un déplacement dans la province de Dak Nông, Long a acheté une femelle de varan vendue en bord route et l’a lâchée dans les environs de la rivière Sêrêpôk. «Relâchez des animaux procure une joie immense», assure-t-il.

Selon lui, les animaux sont habituellement doux et ne deviennent agressifs que lorsqu’ils sont blessés ou se sentent menacés. Lorsque les centres vétérinaires ont refusé de prendre en charge les spécimens qu’il avait récupérés, Long a dû s’initier aux techniques de soin. Avant de relâcher un animal, il choisit soigneusement l’habitat afin qu’il puisse retrouver rapidement ses marques.

Fin octobre dernier, Long s’est rendu dans le district de Krông Nô (Dak Nông) pour libérer une civette de 2,7 kg achetée deux mois plus tôt. L’animal avait été pris au piège et avait les deux pattes avant brisées. Long les a bandées jusqu’à ce que l’animal récupère toutes ses capacités. «J’ai envie qu’il y ait un mouvement de fond au sein de la société en faveur des animaux sauvages. Utiliser mon propre argent pour les sauver n’est que la première étape d’un projet global de préservation. Heureusement, ma famille me soutient», dit-il.

Libérer des animaux sauvages n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Long doit notamment être très discret sur les lieux de lâchage pour éviter d’attirer des personnes malintentionnées. Depuis 2012, il a relâché dans la nature des centaines d’animaux sauvages.

Lutte anti-braconnage à Yok Dôn

Avec sa faune riche dont beaucoup d’espèces menacées d’extinction, le Parc national de Yok Dôn, dans la province de Dak Lak, attire les braconniers comme un aimant.

Selon Nguyên Thê Hiên, employé du Bureau des sciences et de la coopération internationale du parc : «Il y a différents types de pièges et fusils de chasse selon les espèces. Le piège à mâchoire est l’un des plus cruels et des plus vicieux. Les os des pattes antérieures sont broyés. L’animal est condamné à des heures voire des jours de souffrance».

Des pièges collectés dans le Parc national de York Dôn.

Les pièges sont généralement placés dans les herbes, sur des «coulées» (sortes de sentiers que les animaux empruntent fréquemment) ou près des berges des rivières. Ils sont très bien camouflés. En 2013, un éléphant de cinq ans a été pris au piège. Bien que pris en charge par des experts du parc et d’organisations internationales, la bête n’a jamais complètement récupéré les capacités d’une de ses pattes et de sa trompe.

En plus d’empêcher la déforestation, la mission des gardes-forestiers est de combattre les braconniers, collecter les pièges et sauver les animaux quand il est encore temps. Selon M. Hiên, les animaux sauvés ou remis par les habitants locaux bénéficient d’un contrôle de santé. Ceux qui sont en forme sont libérés immédiatement. Les autres reçoivent un traitement spécial à la station de sauvetage de la faune du parc.

Une fois remis d’aplomb, ils sont gardés dans un enclôt avec environnement semi-naturel pour les préparer à leur sortie. On vérifie notamment qu’ils ont toutes leurs capacités pour trouver leur nourriture. À l’heure actuelle, la station soigne cinq cerfs, trois singes et plusieurs autres espèces comme tortue, paon, faisan,…

Selon l’Office des gardes-forestiers de la province de Dak Lak, au cours du premier semestre, les organismes compétents ont découvert 17 cas braconnage et de trafic d’animaux sauvages, et confisqué 20 kg de viande. Des missions de contrôles intersectorielles ont été créées. En outre, les activités de sensibilisation sur la nécessité de protéger les animaux sauvages ont été renforcées. L’année dernière, sept ours, trois singes et d’autres animaux sauvages ont été remis par des habitants de la ville de Buôn Ma Thuôt.

C’est un signe que les mentalités évoluent, mais trop lentement cependant. L’intolérance à l’égard de la souffrance animale est toujours considérée comme une sensiblerie quelque peu infantile, et ce malgré la grande influence du Bouddhisme dans le pays. Quand à la protection des habitats naturels et de leurs habitants, là aussi il y a beaucoup à faire, l’exploitation de la nature demeurant très ancrée dans la mentalité de beaucoup de Vietnamiens. Et de nos jours, il s’agit moins d’une question de survie que d’exploitation à des fins mercantiles...


Huong Linh/CVN

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