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Un "chien-chacal" entraîné à détecter le coronavirus au Centre de dressage de la Compagnie aérienne Aeroflot, près de Moscou. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans le laboratoire du centre de dressage canin de Khimki, au nord-ouest de la capitale, une petite chienne grise renifle une douzaine de bocaux avec des échantillons d’urine.
Puis l’animal désigne l’entre d’entre-eux et reçoit en récompense un petit morceau de viande.
Pour apprendre à reconnaître le virus, les chiens s’exercent avec de l’urine car "c’est la substance la plus pure, sans odeurs étrangères de cosmétique ou de parfum", explique Elena Bataïeva, directrice du Centre de dressage canin de la Compagnie aérienne russe Aeroflot.
Selon la responsable, le virus lui-même n’a pas d’odeur mais l’urine des malades sent différemment. Toutefois, aucun risque de contamination pour les humains ou les chiens lors de ces exercices.
"Les maîtres-chiens ne travaillent pas avec le virus. L’urine n’en contient pas. Cela a été vérifié et confirmé" par des chercheurs russes du centre Vektor en Sibérie, qui développe un des vaccins russes anti-COVID, souligne Mme Bataïeva, lors d’une présentation à la presse.
Le directeur général d’Aeroflot, Vitali Saveliev, a lui indiqué récemment que ces chiens pourraient aussi détecter des malades du coronavirus en reniflant le masque d’un passager d’avion ou un échantillon de sa salive.
Ce projet visant à renforcer la sécurité sanitaire dans les aéroports intervient au moment où la Russie a battu son record de contaminations quotidiennes au coronavirus.
Depuis le début de l’épidémie de COVID-19, le pays a enregistré officiellement plus de 1,3 million de cas, dont plus de 23.000 mortels pour une population d’environ 143 millions d’habitants.
Une race recréée
Ces chiens pourraient aussi détecter des malades du coronavirus en reniflant le masque d’un passager d’avion. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Centre de dressage canin d’Aeroflot compte au total 69 "chalaïka", une race obtenue pendant l’URSS par croisement entre des chiens et des chacals, mais qui n’a été enregistrée officiellement en Russie qu’il y a deux ans. Ces chiens disposant d’un odorat particulièrement sensible patrouillent ces dernières années dans les aéroports de Moscou pour y détecter des explosifs.
Sur un petit terrain entouré d’une enceinte métallique avec du fil de fer barbelé, une chienne rousse, Iara, tourne anxieusement autour d’une voiture et repère très vite une boîte métallique imitant une odeur d’explosifs, cachée sous le véhicule.
"Ces chiens apprennent vite et sont capables de capter une odeur à une distance de 1,5 m", indique Mme Bataïeva.
À l’origine, les "chalaïkas" ont été conçus en 1977 par le biologiste Klim Soulimov. "C’était à une époque de l’URSS où le problème des trafics de drogue est apparu. Les chiens utilisés habituellement par la police (des laïkas - ndlr) avaient du mal à travailler dans les climats chauds" des républiques soviétiques d’Asie centrale, raconte Mme Bataïeva.
Le scientifique Soulimov a alors décidé de croiser la laïka - qui garde traditionnellement les rennes dans le Nord du pays - avec le chacal, vivant dans les régions du Sud.
Après la chute de l’URSS, la population de chalaïkas a été pratiquement perdue mais des maîtres-chiens d’Aeroflot ont décidé de faire renaître la race, en procédant à un nouveau croisement de chiens avec un chacal.
Le "père" chacal qui a donné la vie à plusieurs générations de "chalaïka" vit d’ailleurs encore au centre de dressage de Khimki. Les premiers résultats de cette expérience pour détecter le virus devraient être connus début décembre.