Royaume-Uni : réunion de crise après la chute du géant du BTP Carillion

Le gouvernement britannique a tenu une réunion de crise après l'annonce surprise de la faillite du groupe de construction et de services Carillion, l'opposition de gauche critiquant vivement la gestion du dossier par l'équipe de Theresa May.

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La marque Carrillion apparaît sur une grue, à Londres le 14 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

La réunion a eu lieu lundi soir 15 janvier en présence des ministres concernés dont celui des Finances Philip Hammond qui n'a fait aucun commentaire.

Le gouvernement a refusé de fournir des garanties pour le renflouement du groupe en grandes difficultés financières qui emploie 43.000 personnes dans le monde (Canada, Moyen-Orient et Afrique du Nord) dont 19.500 en Grande-Bretagne, mais s'est engagé à financer les nombreux services publics que la société assurait au Royaume-Uni et à payer les salaires.

Carillion cumule des contrats en cours auprès du secteur public ou en partenariat public-privé d'un montant d'environ 1,7 milliard de livres (1,91 milliard d'euros), fournissant notamment des services de restauration pour des écoles et des hôpitaux, et l'entretien quelque 50.000 logements du ministère de la Défense.

L'opposition a vivement critiqué le gouvernement, accusé d'avoir continuer à accorder des contrats au groupe qui selon elle accumulait des erreurs de gestion avec notamment des très hauts salaires accordés à certains ex-dirigeants.

"La faillite de Carillion marque un tournant", a tweeté le chef du parti travailliste Jeremy Corbyn. "Il est temps de mettre fin à l'arnaque des politiques de privatisation qui ont causé de graves dommages à nos services publics et plumés les contribuables de milliards de livres", a-t-il ajouté. Faute d'accord sur son renflouement, Carillion explique avoir été contraint "de se placer en liquidation avec effet immédiat".

Le sauvetage du groupe s'est joué à peu de choses, selon l'agence de presse britannique PA, qui affirme que Carillion avait demandé 20 millions de livres au gouvernement afin d'être en mesure d'obtenir ensuite davantage de fonds auprès des banques. Celles-ci avaient conditionné tout renflouement à une intervention directe des autorités publiques.

Des grues mentionnant le nom du groupe Carillion sur un chantier à Londres, le 14 janvier.

Ces mêmes banques créancières devraient perdre autour de 2 milliards de livres avec cette liquidation, en comptant leur exposition aux différentes filiales du groupe, selon la presse britannique.

''Échec complet d'un système''

Le groupe de construction et de services Carillion a brutalement fait faillite lundi 15 janvier, laissant en plan des milliers de salariés. "Nous n'avons pas été capables de trouver les fonds pour soutenir notre activité", a déclaré Philip Green, président du conseil d'administration du groupe.

La presse évoquait ces derniers jours une possible cessation de paiement, mais le groupe a surpris en se déclarant directement en liquidation, laquelle va être orchestrée par un responsable désigné par le tribunal des faillites ainsi que par le cabinet PwC.

Carillion a mené d'âpres discussions durant le week-end avec des représentants du gouvernement et ses créanciers, espérant réduire sa dette et renforcer son capital, mais sans succès.

"Il n'est pas possible d'attendre des contribuables de sauver une société du secteur privé", a expliqué David Lidington, secrétaire d'État auprès de la Première ministre.

Certains analystes soulignent toutefois le risque pris par le gouvernement conservateur, échaudé par toute aide publique au secteur privé depuis la crise financière de 2008.

"Le financement temporaire par le gouvernement des contrats de service public de Carillion, ainsi que l'augmentation probable des coûts liées à la renégociation des contrats, font que très probablement il va payer bien plus que s'il avait fourni les garanties demandées", estime Rebecca O'Keefe, analyste chez Interactive Investor.

Les syndicats ont demandé immédiatement des assurances sur l'avenir des emplois. Pour GMB, très présent dans le secteur public, cette faillite "montre l'échec complet d'un système qui a mis nos services publics entre les mains de groupes louches et concentrés sur le profit".

Le groupe, dont le siège est à Wolverhampton (centre de l'Angleterre), était engagé dans d'importants projets de travaux publics au Royaume-Uni et croulait sous une dette de 1,5 milliard de livres (1,68 milliard d'euros), dont celle liée à son fonds de retraite.

La situation financière du groupe s'est lourdement dégradée ces dernières mois, en raison de reports de chantiers, de difficultés dans l'exécution de contrats et de retards de paiement, entraînant un plongeon de son action.

Pour couronner le tout, il faisait l'objet d'une enquête du gendarme boursier britannique concernant les annonces financières faites entre décembre 2016 et juillet 2017. Sa chute pourrait avoir des conséquences sur le projet géant High Speed 2 (HS2) de nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse au Royaume-Uni, que Carillion portait aux côtés du britannique Kier et du français Eiffage. Le gouvernement britannique a toutefois assuré que le projet se poursuivait et que l'avenir des actifs de Carillion ne serait pas décidé dans la précipitation.


AFP/VNA/CVN

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