>>Le bitcoin ne doit pas devenir comme "un compte suisse numéroté"
>>Le marché du bitcoin fait fureur au Japon
Le bitcoin, monnaie virtuelle, est de plus en plus utilisé dans les ventes immobilières aux États-Unis. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Fin 2017, le bitcoin a été utilisé pour payer quelque 75 propriétés sur le sol américain -notamment dans le sud de la Floride et en Californie-, selon la société immobilière Redfin.
"Bitcoin accepté" : cette précision se multiplie dans le descriptif des annonces de vente de logements à Miami et ses alentours. Un vendeur a même été plus loin en n'acceptant que cette crypto-devise pour son appartement proposé à 500.000 dollars.
Cela malgré l'extrême volatilité de cette crypto-monnaie. Elle a commencé l'année 2017 autour de 1.000 dollars et a frôlé les 20.000 dollars en fin d'année, après une flambée erratique à l'approche des fêtes. Elle cotait vendredi autour de 15.000 dollars.
Son utilisation dans les transactions immobilières n'en est qu'à ses balbutiements et les acteurs du secteur se montrent sceptiques à cause de sa forte instabilité.
Le cours du Bitcoin en dollars en 2017. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Je serais épaté si, dans un an, nous constatons qu'il y a des centaines d'opérations immobilières en bitcoin", a commenté Jay Parker, patron pour la Floride du courtier en immobilier Douglas Elliman.
Ces transactions peuvent toutefois être un dérivatif pour les étrangers incapables d'investir aux États-Unis de manière classique, a relevé Charles Evans, économiste spécialisé dans le bitcoin à l'université Barry en Floride.
L'évolution du secteur immobilier "semble être tirée par des investisseurs internationaux qui contournent des contrôles bancaires et monétaires inefficaces chez eux et par des amateurs de monnaies virtuelles aux États-Unis", a-t-il expliqué.
Ainsi, lorsque des gouvernements limitent le montant des transferts, "le bitcoin permet aux personnes de contourner ces restrictions".
Les étrangers, avant même l'essor fulgurant du bitcoin, pesaient déjà lourd dans le marché immobilier du sud de la Floride.
Près de la moitié de ces acheteurs sont originaires d'Amérique latine. Au cours des cinq dernières années, ils venaient en premier lieu du Venezuela, devant le Brésil et l'Argentine, selon l'Association nationale des biens immobiliers.
Blanchiment d'argent ?
Les devises virtuelles offrent un autre avantage à certains étrangers: déjouer les sanctions économiques imposées par Washington.
Le marché immobilier de Miami attire les investisseurs étrangers payant en bitcoins. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
M. Evans a cité l'exemple du Venezuela qui est soumis à un strict contrôle des changes et a subi une inflation de 2.616% en 2017. La quasi-totalité des membres du gouvernement chaviste du président Nicolas Maduro est également visée par des sanctions américaines.
De plus, a-t-il souligné, "le bitcoin intéresse beaucoup les Iraniens qui sont doublement affectés par des restrictions en Iran et des sanctions internationales".
Le blanchiment d'argent comme tremplin du marché immobilier de Floride est un secret de polichinelle, mais l'arrivée du bitcoin ne devrait pas éradiquer cette pratique répréhensible. Bien au contraire.
"C'est un moyen terrible pour blanchir de l'argent à grande échelle car toutes les transactions en bitcoin sont enregistrées dans le registre public des opérations Blockchain", a relevé M. Evans.
Ce registre "laisse beaucoup d'empreintes digitales donc si vous l'utilisez pour des raisons illégitimes, l'État et le gouvernement fédéral devraient disposer de tous les outils pour venir vous chercher", a prévenu Jose Felix Diaz, qui a siégé à la Chambre des représentants de Floride, dans un récent entretien à Politico.
Il est à l'origine d'une loi adoptée l'an dernier qui a ajouté les crypto-devises à la législation de la Floride contre le blanchiment d'argent.