Royaume-Uni : le Premier ministre veut galvaniser les conservateurs pour les élections

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'attèle à galvaniser ses troupes mercredi 4 octobre en clôture du congrès de son parti, avant les élections attendues l'année prochaine, pour lesquelles les sondages donnent les conservateurs largement perdants.

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Le Premier ministre britannique Rishi Sunak, le 2 octobre à Manchester, à la conférence annuelle du Parti conservateur. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Au pouvoir depuis près d'un an, le chef du gouvernement de 43 ans doit prendre la parole en fin de matinée à Manchester (Nord de l'Angleterre), pour la première fois lors de cet événement annuel en tant que chef des conservateurs.

Bien que son parti soit aux affaires depuis 2010, Rishi Sunak s'efforce d'incarner une forme de changement.

"Nous avons eu 30 ans d'un système politique qui incite à la décision facile", "30 ans d'intérêts particuliers qui font obstacle au changement", doit-il déclarer, selon des extraits de son discours.

Si ce congrès s'est avéré nettement moins chaotique que celui de l'année passée sous l'éphémère Liz Truss, cette édition est loin de s'achever sans vagues.

Sa prédécesseure à Downing Street a rassemblé les foules en marge du congrès pour plaider pour des baisses d'impôts, une position partagée par plusieurs figures du parti, mais exclue pour l'heure par le gouvernement.

"Gaffe incroyable"

Les divisions chez les Tories sont loin d'avoir disparu, et les interventions de ministres comme Suella Braverman (Intérieur) et Kemi Badenoch (Entreprises) ont résonné comme des manifestations d'intention pour tenter de prendre la tête du parti le moment venu.

Le rassemblement a aussi montré des conservateurs s'ancrant très à droite, avec des discours offensifs contre l'immigration ou les "wokes", des déclarations en défense des automobilistes, et un accueil chaleureux à l'europhobe Nigel Farage.

Surtout, Rishi Sunak a vu le congrès éclipsé par les craintes d'amputation du projet de ligne à grande vitesse HS2, de la portion entre Birmingham et Manchester, ville travailliste hôte du congrès.

Mardi 3 octobre encore, le Premier ministre a été pressé de questions sur ce chantier dont la facture augmente sans cesse - jusqu'à 100 milliards de livres, 115 milliards d'euros - et qui représente un symbole des promesses de rééquilibrage territorial au profit des régions défavorisées du Nord de l'Angleterre.

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak prononce un discours devant le 10 Downing Street, à Londres.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans une interview à la chaîne d'information en continu Sky News, il a expliqué qu'il ne prendrait pas de "décision prématurée".

La presse affirme quant à elle qu'il prévoit de réaffecter "chaque centime" ainsi économisé vers les infrastructures régionales.

"Ils sont sur le point de faire une gaffe politique incroyable", a averti mardi 3 octobre lors d'un événement en marge du congrès Andy Street, le maire conservateur des West Midlands, région de Birmingham. "Tous les députés travaillistes du Nord s'aligneront demain pour dire : +les Tories sont venus à Manchester pour rouler le Nord+".

Terres disputées du Nord

La question est d'autant plus délicate que le basculement des régions du Nord de l'Angleterre, terres traditionnellement travaillistes, avait été clé dans le triomphe historique des conservateurs sous Boris Johnson en 2019.

Depuis, la majorité des conservateurs au Parlement s'est émoussée au gré de plusieurs élections partielles - trois autres doivent se tenir tout prochainement, dans un climat économique et social toujours difficile face à la crise du coût de la vie qui persiste.

Nombreux sont les conservateurs qui tentent de se rassurer face au peu d'enthousiasme que suscite le chef de l'opposition Keir Starmer.

La date des élections, qui doivent se tenir au plus tard en janvier 2025, n'est pas encore connue, mais Rishi Sunak a écarté leur tenue dans un futur proche.

Nombre d'observateurs soulignent son intérêt à les déclencher le plus tard possible, pour disposer de davantage de temps pour imprimer sa marque.

Richard Carr, professeur associé de politique publique et de stratégie à l'université Anglia Ruskin, estime que les conservateurs "n'ont plus de marge de manœuvre".

Le fait qu'ils parlent de "décisions de long terme tout en s'engageant dans ces choix faciles qui semblent purement conçus pour apaiser la base du parti est à peine cohérente, a-t-il déclaré. Face à une opposition travailliste qui s'est ressaisie, estime-t-il, l'issue la plus probable est une importante défaite électorale".

AFP/VNA/CVN

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