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Le ministre britannique de la Santé Matt Hancock (centre) lors d'une conférence de presse à distance au 10 Downing Street à Londres, le 2 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Alors que la pandémie a fait près de 3.000 morts au Royaume-Uni, les autorités voient l'indignation monter dans un secteur médical soumis à rude épreuve, relayée par une presse très sévère y compris parmi les titres habituellement favorables au pouvoir conservateur.
En dépit des promesses martelées ces derniers jours, le service public de santé, le NHS, reste incapable de dépister à grande échelle les plus de 5% de son personnel (bien plus dans les zones critiques) en quarantaine car présentant des symptômes, ce qui permettrait d'en renvoyer une partie au travail.
Lui-même à peine guéri, le ministre de la Santé Matt Hancock a reconnu devant la presse des difficultés dans les approvisionnements, ralentis par la gigantesque demande mondiale actuelle, et de faibles capacités de dépistage au Royaume-Uni, contrairement notamment à l'Allemagne. Il a annoncé un plan permettant de multiplier quasiment par dix le nombre de tests pratiqués en un mois, d'abord pour les patients et ensuite pour les soignants.
"Il y aura des problèmes comme ceux que nous avons déjà rencontrés: bâtir un nouveau secteur n'est pas facile", a-t-il averti. "Nous sommes au milieu d'une guerre contre un ennemi invisible (...) et nous allons gagner".
Il s'agira aussi bien de tests basés sur une analyse génétique, qui permettent de dire si une personne est infectée, que de tests sérologiques. Ces derniers, pas encore disponibles, visent à déterminer après coup si un individu a été en contact avec le virus, et s'il est donc a priori immunisé et apte à "revenir à une vie aussi normale que possible", a assuré le ministre.
Les Britanniques portent des masques à Londres. |
Selon les statistiques officielles publiées jeudi 2 avril, le pays a enregistré au total 2.921 décès à l'hôpital de patients atteints par le virus, avec une nouvelle hausse record de 569 nouveaux cas recensés en une journée. Le nombre de patients officiellement testés positifs s'élève à 33.718.
"Débloquer le casse-tête"
Les autorités britanniques avaient d'abord choisi de réserver les tests aux cas les plus critiques en dépit des recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé, avant de promettre 15.000 tests quotidiens rapidement, un objectif qu'elles peinent à atteindre.
Le chef du gouvernement Boris Johnson, lui-même infecté, avait devancé son ministre en annonçant dès mercredi soir 1er avril une augmentation "massive" des tests. "C'est ainsi que nous allons débloquer le casse-tête du coronavirus (...) et le vaincre", a martelé le dirigeant conservateur, qui présente toujours des "symptômes légers", selon un porte-parole.
Parmi les mesures retenues pour aller plus loin, Matt Hancock a expliqué que des partenariats seraient noués avec des partenaires privés comme le géant américain Amazon et les géants pharmaceutiques, alors que le dépistage est pour l'instant très centralisé. Sur la BBC, le directeur général du centre de recherche Francis Crick Institute, Paul Nurse, avait appelé le gouvernement à mobiliser les petits laboratoires dans "l'esprit de Dunkerque", la bataille de 1940 qui avait vu des soldats britanniques évacués des plages françaises par des centaines de bateaux de pêche.
L'inquiétude est forte parmi les soignants, en première ligne et qui se sont vu parfois refuser des dépistages dans les centres ouverts ces derniers jours. "Ils m'ont dit de venir ici, mais ils ne veulent pas me tester ici sans e-mail. Je ne sais même pas qui je dois contacter pour obtenir un rendez-vous", a confié une aide-soignante au tabloïd The Sun.
Le personnel médical s'alarme aussi du manque de masques et de combinaisons médicales. Les appareils respiratoires sont également en nombre insuffisant, ce qui forcera les médecins à prendre de "graves décisions" pour déterminer quels patients peuvent en bénéficier, a prévenu la British Medical association, qui représente médecins et étudiants en médecine. Selon The Guardian, un grand hôpital londonien s'est presque retrouvé à court d'oxygène face à l'afflux de patients nécessitant une aide respiratoire.
AFP/VNA/CVN