>>Accord sur les Rohingyas : l'ONU s'inquiète des conditions de retour
>>Le Bangladesh et le Myanmar prêts à un retour des réfugiés rohingyas
Des réfugiés rohingyas dans le camp de Kutupalong, le 12 janvier 2018 à Ukhia, au Bangladesh. |
Des réfugiés rohingyas dans le camp de Kutupalong, le 12 janvier 2018 à Ukhia, au Bangladesh. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Bangladesh et le Myanmar ont convenu d'un cadre pour le retour en territoire birman d'environ 750.000 réfugiés musulmans rohingyas arrivés au Bangladesh depuis octobre 2016, un processus qui devrait débuter mardi prochain 23 janvier et s'étendre sur les deux prochaines années.
Mais l'accord est condamné par de nombreux réfugiés rohingyas qui disent ne pas vouloir retourner dans l'État Rakhine, dans l'Ouest du Myanmar, après avoir fui les meurtres, les viols et les incendies volontaires de leurs maisons.
Des organisations de défense des droits humains et l'ONU déclarent que tout rapatriement vers le Myanmar doit être volontaire et que la sécurité doit être assurée, dans un État où la haine intercommunautaire est encore très forte.
Les inquiétudes portent notamment sur la situation actuelle au Myanmar, où des centaines de villages rohingyas ont été rasés par des soldats et des manifestants bouddhistes, et certains craignent que de nombreux réfugiés rohingyas ne soient durablement parqués dans des camps.
Dans un communiqué diffusé sur Twitter, l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA), un groupe rebelle armé, estime que la "proposition de retour malhonnête et déloyale" aboutira à l'enfermement des Rohingyas dans des "camps prétendument temporaires (...) au lieu de leur permettre de se réinstaller sur leurs terres et dans leurs villages ancestraux".
Rappelant les dizaines de milliers de déplacés rohingyas qui dépérissent dans les camps dans la capitale de l'État Rakhine, Sittwe, depuis des violences intercommunautaires survenues en 2012, l'ARSA affirme que l'intention réelle du Myanmar est de distribuer les terres des rohingyas pour les attribuer à des projets industriels et agricoles.
Évolution du nombre de Rohingyas fuyant le Myanmar pour se réfugier dans des camps au Bangladesh, au 7 janvier 2018. |
Évolution du nombre de Rohingyas fuyant le Myanmar pour se réfugier dans des camps au Bangladesh, au 7 janvier 2018. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le but serait, d'après le communiqué publié via le compte Twitter @ARSA_Official, "de garantir une majorité bouddhiste" dans l'État Rakhine, ce qui signifierait que les Rohingyas ne pourraient plus s'installer sur leurs propres terres.
Plus grande population apatride du monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous le régime militaire, les Rohingyas sont victimes de nombreuses discriminations. Ils n'ont pas de papiers d'identité et ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Ils n'ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et les hôpitaux.
Environ 650.000 Rohingyas ont fui au Bangladesh voisin depuis fin août. Là, ils ont livré des récits accablants de meurtres et de viols. Après des mois de dénégations, l'armée birmane a reconnu la semaine dernière que des soldats avaient tué de sang-froid des prisonniers rohingyas.