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Des manifestants fuient des tirs de gaz lacrymogène en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites, le 23 mars à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Entrée dans son troisième mois, la contestation dans la rue contre la réforme a rassemblé jeudi 23 mars entre 1,089 million de manifestants (Intérieur) et 3,5 millions (CGT) pour sa 9e journée de mobilisation.
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a appelé vendredi le gouvernement à "mettre sur pause" la réforme des retraites, et à ouvrir une négociation plus globale avec les syndicats, qui comprendrait par exemple "l'emploi des seniors", "l'usure au travail" ou "les aménagements de fin de carrière".
Il faut "se donner six mois pour regarder, et sur le travail et sur les retraites, comment il faut reprendre les choses à l'endroit", a-t-il déclaré sur RTL.
Dans la rue jeudi 23 mars, les manifestants ont exprimé leur colère face au 49.3 utilisé par le gouvernement et l'intervention mercredi 22 mars du président de la République.
Aurélie Thieffry, 35 ans, animatrice périscolaire dans le Finistère, s'est dite jeudi dans le cortège brestois convaincue de pouvoir faire reculer l'exécutif. "Ça va être compliqué mais avec un peu d'organisation, c'est possible d’y arriver".
"On sent qu'il y a un élan extrêmement fort de la population, une opinion publique qui est largement convaincue et donc voilà, tant qu'il y a un calendrier qui nous permet d'agir, on est mobilisé", a commenté Marylise Léon, N°2 de la CFDT à l'issue de l'intersyndicale qui a donné à nouveau rendez-vous mardi aux manifestants et grévistes, avec des rassemblements syndicaux de proximité ce weekend.
Les syndicats rassurés par les chiffres de la mobilisation, ont été aussi ragaillardis par des cortèges où les jeunes sont manifestement venus plus nombreux.
Tout sauf une surprise tant leur irruption avait été pronostiquée depuis le début de la mobilisation.
La violence qui n'avait jusqu'ici été que sporadique, a également fait une entrée en scène spectaculaire.
Porte de la mairie de Bordeaux incendiée, "scènes de chaos" dénoncées par la maire de Rennes, canons à eau à Lille et Toulouse, manifestante avec un pouce arraché à Rouen, commissariat pris pour cible à Lorient (Morbihan)... Les violences sont montées d'un cran, presque partout dans les métropoles. "Inacceptables", a jugé la Première ministre Elisabeth Borne.
Des manifestants cassent la vitrine d'une boutique en marge d'une mobilisation contre la réforme des retraites, le 23 mars à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pas de porte de sortie
A Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis en soirée dans le sillage de cortèges dits "sauvages".
À rebours d'un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.
Feux de poubelle, sirènes et gyrophares ont strié une nuit où des grappes de manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait état de 457 interpellations, et de 441 blessés dans les rangs des forces de l'ordre, vendredi matin sur Cnews.
M. Darmanin a dénoncé jeudi 23 mars la violence de "casseurs souvent venus de l'extrême gauche".
La stratégie de l'exécutif, "c'est une stratégie minoritaire de faire pourrir un mouvement social et de faire peur aux gens en employant la violence, et j'ose parler de violences policières", selon Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT.
Les mobilisations anti-bassines dans les Deux-Sèvres ce weekend et la venue du roi Charles III à partir de dimanche en France en pleine crise sociale promettent un sacré défi pour l'exécutif.
Celui-ci reste inflexible sur sa réforme. Emmanuel Macron qui était jeudi 23 mars à Bruxelles pour un sommet européen avait, la veille, défendu bec et ongles une réforme "nécessaire" pour les finances publiques, assumant son "impopularité".
À l'issue de ce nouvel épisode d'un conflit qui s'enlise, les responsables politiques de gauche ont invité jeudi 23 mars les Français à amplifier encore la contestation, le chef des communistes Fabien Roussel appelant à "mettre le pays à l'arrêt", et Jean-Luc Mélenchon (LFI) à "jeter toutes les forces dans la bataille".
Pour Marine Le Pen (RN), finaliste malheureuse de la dernière présidentielle, "Emmanuel Macron ne peut plus gouverner seul, il doit désormais en revenir au peuple".
AFP/VNA/CVN