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Édouard Philippe à l'Assemblée nationale, le 14 janvier à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un peu partout en France, des manifestations ont été organisées à l'appel de l'intersyndicale CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires et FSU, qui continue de réclamer le retrait total du projet de réforme de retraite par points.
Les manifestants étaient relativement peu nombreux (5.500 à Marseille, 2.700 à Rouen, 2.650 au Havre, 2.200 à Paris, 2.000 à Bordeaux, 1.700 à Lyon, 1.600 à Nantes ou Nice, selon la police ou les préfectures) mais motivés. Sur les pancartes, on pouvait lire : "En marche ou grève", "Métro boulot caveau", "la météo est pourrie et la réforme aussi".
Les manifestants ne se satisfont pas du "compromis" trouvé entre le gouvernement et les organisations "réformistes" CFDT, CFTC et Unsa autour du retrait à court terme de l'âge pivot.
Martinez répond à Philippe
Une "conférence sur l'équilibre et le financement des retraites" doit se mettre en place entre les partenaires sociaux pour faire des propositions pour équilibrer le système.
Édouard Philippe a dit "penser" mardi 14 janvier qu'elle proposerait à la fin de ses travaux "une mesure d'âge". "Je ne vois pas comment, sinon, on pourrait arriver à l'équilibre financier en 2027", a-t-il relevé devant les députés.
À Pau, le président de la République a promis de "continuer à expliquer et concerter" sur ce projet. "Quand on prend la peine d'expliquer et d'écouter, on peut lever beaucoup d'ambiguïtés", a dit le président Emmanuel Macron.
"Votre réforme, Monsieur le Premier ministre, n'est ni simple ni juste", a au contraire estimé le numéro un de la CGT Philippe Martinez, dans une lettre adressée mardi 14 janvier à Edouard Philippe en réponse à l'offre de compromis présentée par le chef du gouvernement.
"La stratégie du gouvernement, sa conception du dialogue et de l'écoute ne sont pas de nature à apaiser le niveau de mécontentement et de mobilisation qui existe dans notre pays et dont l'opposition à cette contre-réforme est le reflet", conclut sa missive.
Six Français sur dix disent toujours soutenir le mouvement, une proportion qui varie très peu depuis début décembre, selon le baromètre Harris Interactive RTL AEF Info.
"Ports morts"
Sur le front des transports, l'amélioration continue. La SNCF prévoit mercredi 15 janvier 80% des TGV et TER, ainsi que 75% des Transilien en circulation alors que la RATP annonce "de nouvelles améliorations sur les réseaux métro et RER".
Manifestation à Rennes contre la réforme des retraites, le 14 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le taux de grévistes à la SNCF est remonté mardi 14 janvier à 6%, avec un quart (24,8%) des conducteurs de trains en grève.
À la RATP, certaines assemblées générales ont reconduit la grève jusqu'à vendredi 17 janvier. Mais de nombreux grévistes ne cachent plus leur lassitude.
Mardi 14 janvier, les avocats ont poursuivi leurs actions symboliques, allant de la "pendaison" de robes noires au fronton du tribunal de Bobigny au jet d'une bouteille à la mer dans le port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), mais aussi multiplié les "grèves du zèle", investissant en masse les bancs de la défense pour obtenir des renvois d'audiences.
Une opération "ports morts" a été lancée jusqu'à vendredi 17 janvier. Le mouvement est massivement suivi sur les sept grands ports maritimes (Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes-Saint-Nazaire, La Rochelle, Bordeaux et Marseille), selon Tony Hautbois, secrétaire général de la fédération CGT des Ports et Docks.
Le site de traitement des déchets d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), qui collecte et traite les ordures de plus d'un million et demi d'habitants, a aussi été bloqué. A Besançon, des techniciens ont basculé "environ 32.000 clients en heures creuses et pratiqué des coupures momentanées d'électricité", selon la CGT.
À la Banque de France, la grève d'agents de sécurité et d'opérateurs a continué dans les deux plus gros centres fiduciaires, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et Sainghin-en-Mélantois (Nord). Le site de fabrication du papier pour billets, à Vic-le-Comte, et l'imprimerie de Chamalières, dans le Puy-de-Dôme, ont connu des débrayages.
Pendant ce temps, les concertations se sont poursuivies. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a réuni les partenaires sociaux pour discuter pénibilité et emploi des seniors, afin de dégager de "grandes orientations" avant la présentation du projet en Conseil des ministres le 24 janvier.
Mais du côté de la fonction publique, la CGT, FO et Solidaires ont décidé de boycotter les réunions bilatérales programmées cette semaine.
Le projet de réforme doit être débattu à l'Assemblée nationale à partir du 17 février, mais mardi 13 janvier les oppositions de gauche comme de droite ont contesté les conditions de son examen. Le patron des députés LR Damien Abad a souligné la difficulté d'organiser des débats avec le volet financement remis à plus tard. Jean-Luc Mélenchon, le chef de file des députés insoumis, a lui proposé à la gauche une motion de censure contre le gouvernement.
AFP/VNA/CVN