France
Retraites : après le 49.3, des mobilisations prévues ce week-end à l'appel des syndicats

Les syndicats prévoient des "rassemblements locaux de proximité" ce week-end pour poursuivre la contestation contre l'impopulaire réforme des retraites, qui a déclenché, depuis l'utilisation du 49.3, deux motions de censure pour tenter de renverser le gouvernement et des mobilisations un peu partout en France.

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Un manifestant à côté de déchets en feu dans les rues de Marseille lors des manifestations spontanées qui ont suivi l'utilisation du 49.3 pour la réforme des retraites, le 17 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'intersyndicale a appelé dès jeudi 16 mars, dans la foulée du recours par Elisabeth Borne à l'article 49.3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote, sauf motion de censure, à des rassemblements ce samedi 18 mars et dimanche, ainsi qu'à une 9e journée de grèves et manifestations jeudi 23 mars.

Les syndicats de la SNCF appellent eux à "maintenir la grève" reconductible démarrée le 7 et "à agir massivement" jeudi prochain.

Le 49.3 a été ressenti "comme une insulte. On n'a pas été écoutés depuis des semaines, ça a généré pas mal de colère", a déclaré à l'AFP Philippe Melaine, professeur de SVT dans un lycée public à Rennes, où plus de 2.000 personnes ont défilé vendredi 17 mars, dont plusieurs centaines de lycéens.

Vendredi soir 17 mars, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées en soirée place de la Concorde, à Paris, à quelques centaines de mètres de l'Assemblée. Un brasier a flambé, allumé par des manifestants, et l'ambiance s'est tendue à la tombée de la nuit, selon des journalistes de l'AFP.

Des centaines de personnes ont affronté la police par petits groupes, avec jets de projectiles. Vers 21h30 la place était totalement évacuée. Selon la préfecture de police, 61 personnes y ont été interpellées dans la soirée.

À Strasbourg, c'est sur la place Kléber que se sont retrouvés 1.600 protestataires. "Nous aussi, on va passer en force", ont scandé les manifestants. La préfecture a fait état de "dégradations" dans le centre-ville, mais d'aucune interpellation.

À Lyon, des manifestants ont fait irruption dans une mairie d'arrondissement et ont allumé un feu, mais la police l'a rapidement éteint et a interpellé 36 personnes, selon la préfecture.

Toujours à Lyon, quelques centaines de jeunes ont incendié des poubelles, renversé des trottinettes, brisé des panneaux publicitaires, lancé des pétards et tagué des vitrines en scandant: "C'est à qui? C'est à qui? C'est à nous!", selon un journaliste de l'AFP sur place. La police a répliqué par l'usage de gaz lacrymogène.

"Nous voterons toutes les motions" 

Un brasier allumé par des manifestants sur la place de la Concorde à Paris, le 17 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Un millier de personnes ont défilé dans le centre de Lille et un cortège de quelques centaines de manifestants s'est dispersé sans heurt à Bordeaux.

Les motions de censure devraient être examinées à l'Assemblée nationale lundi à partir de 16H00, selon des sources parlementaires.

Dans ce climat de crise, le petit groupe Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot) a déposé une motion de censure "transpartisane" cosignée par des élus de la Nupes. Cette dernière a davantage de chances d'être votée par des députés de droite défavorables à la réforme des retraites. Mais la barre de la majorité absolue pour faire chuter le gouvernement paraît difficile à atteindre.

Ce groupe Liot, qui compte 20 députés de diverses tendances politiques, se retrouve ainsi en position de pivot.

Le Rassemblement national a déposé sa propre motion de censure. "Et nous voterons toutes les motions de censure présentées", a précisé la députée RN Laure Lavalette.

Blocage du périphérique parisien, des gares de Toulon ou de Bordeaux, grève à l'Opéra de Lyon, manifestations... les opposants au recul de l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans ont repris le combat de manière sporadique vendredi, le plus souvent à l'initiative de la CGT.

"Le 49.3 a crispé tout le monde" 

Graphique montrant la longévité des gouvernements et leurs recours au 49.3 sous la Cinquième République en France.
Photo : AFP/VNA/CVN

À Bordeaux, sur les rails ou sur les quais de la gare, agitant leurs drapeaux aux couleurs des principaux syndicats, 200 personnes ont crié: "La colère monte".

"Le 49.3 a crispé tout le monde", a déclaré à l'AFP Rémi Vinet, secrétaire général de la CGT Cheminots à Bordeaux, prédisant que la grève allait "s'étendre à d'autres secteurs".

La CGT a également annoncé la mise en arrêt de la raffinerie TotalEnergie de Normandie dès ce week-end.

Dépêchés dans les matinales télés et radios vendredi 17 mars, les poids lourds du gouvernement ont tenté d'éteindre l'incendie. "Nous avons vocation à continuer de gouverner", a affirmé le porte-parole Olivier Véran. Le ministre du Travail Olivier Dussopt a refusé de présenter le recours au 49.3 comme "un échec".

Mais pour le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, si le président Emmanuel Macron veut "éteindre le feu" de la colère sociale, il faut qu'il "retire la réforme" ou "ne la promulgue pas ".

Jeudi 16 mars, 310 personnes avaient été interpellées en France, dont 258 à Paris, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dénonçant "des effigies brûlées" à Dijon et des "préfectures prises pour cible".

AFP/VNA/CVN

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