>> Retraites : les débats s'engagent devant le Sénat, droite et gauche s'affrontent
>> Retraites : le Sénat vote le report de l'âge de départ à 64 ans
Manifestation contre la réforme des retraites en France. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après les manifestations record du 7 mars, et une journée de mobilisation moins suivie samedi, cette nouvelle journée d'action se déroule le jour où députés et sénateurs devraient s'accorder sur un texte final, avant un vote dans les deux chambres jeudi 16 mars.
Pour l'intersyndicale, il s'agit de peser une ultime fois sur le vote des députés, alors que la majorité n'est pas acquise au gouvernement, qui a besoin du soutien de la droite.
L'incertitude pourrait pousser le gouvernement à recourir à l'arme constitutionnelle du 49.3, permettant une adoption sans vote. Mais l'exécutif espère ne pas avoir à utiliser cette mesure, qui ajouterait encore à l'impopularité d'une réforme rejetée par la majorité des Français.
Voter en faveur du texte n'équivaut pas à soutenir le gouvernement, a lancé mardi la Première ministre Elisabeth Borne aux députés de droite. "Vous serez (...) conduits à vous exprimer sur la réforme des retraites. Pas sur un soutien au gouvernement, mais sur ce projet, sur ce projet seulement", a déclaré Mme Borne.
Pendant ce temps, les grèves reconductibles continuent dans plusieurs secteurs clés: transports, énergie, ramassage des déchets... avec un succès relatif, de l'aveu même d'un responsable syndical. "On sent que c'est compliqué sur la grève (...) Il n'y a pas assez de monde dans les assemblées générales", concède cette source sous couvert d'anonymat.
"Sortir par le haut"
Depuis le 19 janvier, des millions de Français ont déjà manifesté à sept reprises pour dire leur refus de cette réforme voulue par le président Macron, dont la mesure phare, le recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, cristallise la colère.
Mais le gouvernement est resté inflexible sur le coeur de la réforme, et a suivi une stratégie pour faire adopter le texte au pas de charge, utilisant des dispositions constitutionnelles rarement mises en oeuvre pour accélérer le débat parlementaire.
La semaine dernière, l'intersyndicale avait déplacé le débat sur le terrain de la légitimité démocratique, estimant que l'absence de réponse de l'exécutif au puissant mouvement social constituait un "grave problème démocratique", pouvant conduire à une situation "explosive".
Elle avait demandé à être reçue par le président de la République, et, devant son refus, l'avait mis au défi d'organiser une "consultation citoyenne".
"Ils essayent de faire feu de tout bois", a commenté auprès de l'AFP le politologue Dominique Andolfatto, estimant que cet appel à une consultation citoyenne traduisait peut-être "un certain manque de confiance dans la stratégie, le sentiment que finalement les manifestations impactent mais pas suffisamment".
Si elle a les yeux rivés sur la mobilisation de mercredi et le vote de jeudi 16 mars, l'intersyndicale commence déjà à réfléchir à l'après, avec la crainte qu'un vote de la loi ne disloque l'unité intersyndicale, en conduisant les réformistes à remiser banderoles et slogans.
Interrogé sur la chaîne BFMTV lundi soir, le secrétaire général du syndicat réformiste Unsa, Laurent Escure, a assuré que la contestation se poursuivrait au-delà de jeudi, rappelant que le Conseil constitutionnel, chargé de vérifier la conformité des lois avec la Constitution, aurait vraisemblablement son mot à dire.
"Ce qui est certain, c'est que nous, on continuera à refuser ce décalage de l'âge légal, on ne va pas dire aux gens +rentrez chez vous+", a-t-il expliqué.
"Il y aura sans doute des actions, des manifestations pour poursuivre le mouvement, dans l'attente de la réponse du Conseil constitutionnel, ou d'une autre solution qui permettrait de sortir par le haut - on a parlé d'une consultation citoyenne - de cette crise sociale qui est en train de devenir une crise politique", a-t-il assuré.
AFP/VNA/CVN