Confusion à Paris, 10.000 tonnes d'ordures jonchent les rues

La situation de la collecte des déchets à Paris était confuse vendredi 17 mars, au 12e jour de la grève des éboueurs contre la réforme des retraites, avec 10.000 tonnes de déchets non ramassés, mais un gouvernement qui affirme que la réquisition des agents "fonctionne".

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Le 12e jour de grève des éboueurs à Paris, le 17 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

La barre symbolique a été franchie vendredi à midi, selon l'estimation de la mairie qui soustrait les déchets qui ont pu être ramassés par rapport à la moyenne en temps normal.

Après le refus mercredi 15 mars de la maire PS Anne Hidalgo, soutien du mouvement social, de demander la réquisition d'agents au préfet de police, ce dernier a "requis" jeudi soir "le service de la propreté de la ville" pour évacuer les ordures, a assuré Gérald Darmanin vendredi matin.

"Cette réquisition fonctionne et permet de ramasser ces poubelles", a dit le ministre de l'Intérieur sur RTL.

En fin de journée, la préfecture a assuré à l'AFP que "plusieurs opérations de mise en marche des garages [de camions-poubelles, ndlr] ont été organisées et des agents requis". "Des camions bennes sont sortis et le service de collecte a pu être renforcé", ajoute la préfecture.

Pourtant, en début d'après-midi, l'entourage de Mme Hidalgo avait affirmé à l'AFP : "Aucune benne n'est sortie côté public".

La capitale possède un système de collecte particulier instauré par son premier maire Jacques Chirac : les agents de la mairie assurent la collecte des déchets dans la moitié des arrondissements tandis que l'autre moitié est desservie par des prestataires privés.

"Nous n'avons pas eu de bennes dans les arrondissements en public", confirme Delphine Bürkli, la maire Horizons du IXe arrondissement, géré par le public et donc très touché par l'absence de ramassage.

Mais des "réquisitions de garages pour prestataires privés" ont eu lieu, affirme l'élue d'opposition, qui en appelle à "la solidarité de la Ville" pour égaliser le traitement entre arrondissements.

Longs trajets pour décharger 

Au moins 10.000 tonnes d'ordures jonchent les rues parisiennes.
Photo : AFP/VNA/CVN

Justement, les choses vont un peu mieux dans le XVe arrondissement dont le prestataire privé a vu, après un recours en justice, son garage débloqué jeudi par les forces de l'ordre.

Avec ce déblocage, le XVe compte désormais 14 bennes en action "qui font des heures supplémentaires", soit l'équivalent des 17 bennes habituelles, indique le maire LR Philippe Goujon.

"Le problème", désormais, "c'est que les bennes sont obligées d'aller à Romainville", au nord-est de la capitale, soit à l'opposé du XVe.

Dans ce centre de transfert des déchets, elles doivent ensuite patienter "une à deux heures pour décharger" en raison de l'engorgement général, explique l'élu de droite.

M. Goujon appelle au déblocage des incinérateurs du syndicat métropolitain (Syctom), présidé par le socialiste Corentin Duprey qui ne veut pas à ce stade demander l'intervention des forces de l'ordre.

"Il n'y a que 5 ou 6% des éboueurs en grève", affirme Delphine Bürkli, qui demande à faire "appel à l'armée pour déblayer les rues". La mairie reconnaît que le taux de grévistes parmi ses agents de la propreté est "en-dessous de 10%".

"Ces 5% ont le pouvoir de bloquer tout le ramassage, ou presque, en portant deux types d'actions : bloquer les garages en régie municipale et les centres d'incinération", résume la maire Horizons du Ve arrondissement Florence Berthout.

Toujours mobilisés 

La situation de la collecte des déchets à Paris était confuse vendredi 17 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

À Ivry-sur-Seine, le plus gros des trois sites d'incinération du Syctom, la police est venue vendredi déloger les grévistes sur un des deux garages attenants, avant de se retirer.

L'accès à l'usine comme aux deux garages de camions-poubelles est donc toujours bloqué, a constaté l'AFP. Selon la CGT, 95% des salariés du site de traitement d'Ivry et tous les chauffeurs des deux garages étaient en grève vendredi.

Les éboueurs interrogés sont déterminés à poursuivre par roulement leur grève reconductible jusqu'à lundi 20 mars, jour de l'assemblée générale qui doit décider de la poursuite du mouvement.

Le recours du 49.3 décidé jeudi 16 mars par le gouvernement "a remobilisé les troupes, en fait (...). On n'avait jamais eu ce 100% de grévistes sur ces deux garages-là" d'Ivry, "on l'a", a dit sur place Régis Vieceli, secrétaire général CGT de la filière déchets et assainissement à Paris.

"Nous avons douze ans d'espérance de vie en moins pour les éboueurs et sept ans en moins pour les égoutiers", a fait valoir Fréderic Aubisse, égoutier de 54 ans.

Avec deux années de travail supplémentaires, "on va crever au boulot comme on le dit, ce n'est pas possible", dit-il.

AFP/VNA/CVN

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