Retraites : 14e jour de grève, Macron prêt à "améliorer" la réforme 

Au lendemain d'une troisième journée de manifestations contre la réforme des retraites et à trois jours des vacances de Noël, Edouard Philippe recevait mercredi 18 décembre les syndicats, avec le nouveau "M. Retraites", pour trouver une sortie à la crise, qu'Emmanuel Macron espère calmer en améliorant le projet.

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Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez (2e à droite), parle à la presse, à l'hôtel Matignon, le 18 décembre à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Selon son entourage, le président est "disposé à améliorer" sa réforme, notamment "autour de l'âge pivot" ou "âge d'équilibre", qui braque les syndicats soutenant le principe d'un système universel à points, la CFDT en tête.

"C'est dans l'ordre des choses qu'il y ait des avancées d'ici la fin de la semaine", a relevé l'Élysée, précisant que le chef de l'État s'était fixé pour "objectif d'obtenir une pause" de la mobilisation "pendant les fêtes" de fin d'année.

Tous dans la rue mardi, les leaders syndicaux et patronaux étaient reçus à Matignon par le Premier ministre Edouard Philippe mercredi. Le secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure, a ouvert le bal en début d'après-midi, suivi de celui de la CGT, Philippe Martinez.

Celui-ci, à l'issue de son entrevue, a rappelé que son organisation demandait "le retrait du projet de loi" et regretté que le gouvernement ait "une position idéologique". "Nous on est là pour l'alerter sur la situation du pays, sur le mécontentement", a-t-il dit, jugeant que le gouvernement ne faisait "rien pour apaiser ce mécontentement".

"On n'est pas totalement rassuré", a dit de son côté M. Escure. "On a vu qu'il pouvait y avoir des ouvertures" notamment sur "la pénibilité, les fins de carrières, le minimum de pension, ou les adaptations pour des secteurs qui sont en tension aujourd'hui et qui sont inquiets", mais elles "restent à confirmer". Quant à l'âge d'équilibre, ligne rouge des syndicats réformistes comme l'Unsa et la CFDT, si le gouvernement "maintient une mesure punitive", l'Unsa n'exclut pas une mobilisation "en janvier", a-t-il averti.

Le plus attendu, Laurent Berger, devait arriver à 17h20, pour redire lui aussi au Premier ministre son opposition à "l'âge d'équilibre" que le gouvernement veut fixer à 64 ans, avec un "bonus-malus" censé inciter chacun à travailler plus longtemps.

Face à eux se trouve le nouveau "M. Retraites", Laurent Pietraszewski, député LREM du Nord, qui a remplacé le haut-commissaire aux Retraites démissionnaire Jean-Paul Delevoye dont il a vanté "l'engagement sans borne" et "le travail immense de concertation", promettant de s'inscrire dans sa continuité.

La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a annoncé mercredi avoir saisi la justice pour les "omissions" en "nombre" de l'ex-haut commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye, dans sa déclaration d'intérêts.

Après les partenaires sociaux, Edouard Philippe doit recevoir jeudi les dirigeants de la RATP et de la SNCF, qui a présenté son plan de transport pour le premier week-end des vacances.

La compagnie affirme qu'elle pourra transporter ce week-end tous les passagers ayant déjà réservé un billet TGV. Mais pour l'instant, tous les syndicats de cheminots refusent la "trêve" de Noël.

Passation des pouvoirs entre Jean-Paul Delevoye et Laurent Pietraszewski, le 18 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le taux de grévistes était cependant pointé en baisse mercredi à la SNCF, où 13,6% des cheminots étaient en grève (après 32,8% mardi), et 65,6% des conducteurs (75,8% mardi). Mais le trafic restait "très perturbé" avec un Transilien sur quatre, quatre TER sur dix et un TGV sur trois "en moyenne".

Côté RATP, huit lignes de métro étaient fermées. La direction a "reconvié la CGT-RATP" à une réunion sur la réforme mercredi 18 décembre mais le syndicat "a décliné", car il est "disponible pour discuter des modalités du retrait du projet de loi, pas pour son aménagement", a déclaré son secrétaire général Bertrand Hammache.

Conseil d'État avant Noël

Mardi 17 décembre, troisième journée de mobilisation, les syndicats ont rassemblé dans la rue 615.000 manifestants dans tout le pays, selon le ministère de l'Intérieur. La CGT a revendiqué 1,8 million de participants.

La CGT, FO, la CFE-CGC, Solidaires et la FSU, qui réclament le retrait pur et simple du projet, ont lancé un "ultimatum" au gouvernement à l'issue d'une intersyndicale mardi soir, en décidant de nouvelles actions locales jeudi et jusqu'à la fin décembre. Sans trêve et en promettant "des suites" si le gouvernement ne répond pas "dans les heures qui viennent".

Le Premier ministre a répété mardi sa "détermination totale" à mener la réforme et à créer le "système universel" de retraite par points censé remplacer les 42 régimes existants mais plusieurs membres du gouvernement, avant Emmanuel Macron lui-même, ont donné des signes d'ouverture. "Évidemment nous sommes ouverts à bâtir un compromis", a dit la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

M. Philippe a déjà prévu de revoir les partenaires sociaux "ensemble lors d'une multilatérale" jeudi à 15h00, un raout propice à d'ultimes compromis.

Une première mouture du projet de loi doit être envoyée au Conseil d'État "avant Noël", selon une source proche du dossier, en vue de sa présentation en Conseil des ministres programmée le 22 janvier.


AFP/VNA/CVN

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