République de Corée : le capitaine du ferry Sewol condamné à la perpétuité en appel

La justice sud-coréenne a alourdi en appel mardi 28 avril la condamnation du capitaine du ferry Sewol dont le naufrage voici un an avait fait 304 morts, en large partie des lycéens, portant la sentence à la prison à perpétuité.

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La cour d'appel de Gwangju, dans le Sud du pays, a pris le contre-pied du tribunal de première instance et estimé que Lee Jun-Seok, 69 ans, s'était rendu coupable du meurtre des 304 victimes.

En première instance, en novembre, le capitaine du ferry avait été acquitté de ce chef, suscitant la colère des familles. Il avait été condamné à 36 ans de réclusion pour plusieurs manquements graves à ses devoirs d'officier.

Audience du procès du naufrage du Sewol, à Gwangju en Corée du Sud, le 28 avril
Photo : AFP/VNA/CVN

Le ferry surchargé avait coulé au large de l'île méridionale de Jindo le 16 avril 2014 avec à son bord 476 personnes, dont 325 lycéens. Sur les 304 morts, 250 étaient des lycéens d'un même établissement scolaire.

Les avocats généraux avaient requis la peine de mort à l'encontre de l'accusé, estimant que celui-ci avait abandonné à leur sort funeste ses passagers en sachant pertinemment qu'ils allaient mourir.

Blessures irréparables

"Les agissements irresponsables du capitaine Lee ont provoqué la mort de jeunes étudiants qui ont péri sans réaliser leurs rêves (...) et il a infligé des blessures irréparables à leur famille", a dit la cour dans ses attendus.

"Il a contrevenu à ses devoirs de capitaine. Il doit être mis à l'écart pour toujours de notre société", a dit la cour. "Ses agissements, qui ont sérieusement terni notre image nationale, ne sont pas pardonnables".

L'instruction avait mis en évidence une combinaison de facteurs expliquant la catastrophe, de la surcharge du navire à l'incompétence de l'équipage, en passant par des travaux d'agrandissement illégaux qui ont affaibli sa flottabilité.

La lenteur des secours avait également été mise en cause, de même que leur manque de coordination.

Mais la colère des familles s'est concentrée sur les membres de l'équipage, parmi les premiers à grimper dans les canots de sauvetage, abandonnant des centaines de passagers coincés à bord du navire en perdition.

L'angoisse des familles s'est trouvée décuplée lorsqu'il est apparu que l'équipage avait donné l'ordre aux passagers de ne pas bouger.

Des vidéos tournées par des lycéens sur leur téléphone portable, et retrouvées lors de la récupération des corps dans l'épave, faisaient entendre un message par haut-parleurs leur intimant l'ordre de rester en place alors que le ferry prenait de plus en plus de gîte.

Seuls 295 corps ont été récupérés dans l'épave et les autorités viennent d'annoncer que le ferry de 6.825 tonnes serait renfloué, comme le réclamaient les familles avec insistance. Les plongeurs ont cessé en novembre leurs recherches pour retrouver les neuf disparus.

Jeong Hye-Sun, la mère d'un lycéen décédé, ne s'est pas satisfaite du verdict de la cour d'appel. "Quelle est la différence entre 36 ans de prison et la perpétuité quand on est un vieil homme?", a-t-elle demandé. "Il aurait dû être condamné à mort", a-t-elle déclaré.

Lors du premier procès, le capitaine avait expliqué qu'il avait commis un crime pour lequel il "méritait la mort". Mais il avait démenti avec force avoir jamais eu l'intention de sacrifier la vie de ses passagers.

En première instance, 14 autres membres d'équipage avaient été condamnés à des peines allant de cinq à 30 ans de prison. La cour d'appel a revu ces condamnations à la baisse, entre 18 mois et 12 ans.

L'accident avait aussi mis en exergue des problèmes endémiques de corruption et de normes de sécurité déficientes, imputées à la volonté des autorités de donner la priorité à la croissance économique avant toute autre considération.

AFP/VNA/CVN

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