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Un pêcheur indonésien porte un thon albacore le 13 mars à Banda Aceh. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA, ICCAT en anglais) se réunit à Palma de Majorque, en Espagne, jusqu'au 25 novembre. Elle regroupe une cinquantaine d'États pêchant en Atlantique et en Méditerranée. Se basant sur des expertises scientifiques, secondée par des ONG, la CICTA fixe des niveaux de pêche pour plusieurs espèces de thonidés (thons, bonites, makaires, espadons) et de requins.
Fin 2018, à Dubrovnik en Croatie, les mêmes acteurs s'étaient déjà penchés sur l'avenir du thon obèse, apprécié en conserve comme en sashimi, dont la population décline dangereusement. La sonnette d'alarme a été tirée dès 2015 : les stocks du Thunnus obesus, ou patudo, souffrent de surpêche et de mortalité importante de thons juvéniles. "Le stock patudo va très mal", confirme Daniel Gaertner, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), qui fait partie des scientifiques chargés d'évaluer l'état des stocks.
Il y a un an, les membres de la CICTA n'avaient pas réussi à s'entendre pour une réduction des quotas de pêche et sur l'idée d'inclure de nouveaux pays dans ces quotas. Le quota actuel de 65.000 tonnes ne concerne que les principaux pêcheurs en Atlantique, dont le Japon et l'Union européenne. Les autres échappent aux limites de prises. Résultat, en 2017, le total des prises a frôlé 80.000 tonnes, un niveau qui conduit à une surexploitation de ces poissons.
À Palma de Majorque sera examinée une proposition visant à abaisser ce quota entre 57.500 et 60.000 tonnes, jusqu'en 2022. Les pays ayant pris plus de 1.250 tonnes de thon obèse par an en moyenne entre 2014 et 2018 se verront aussi fixer une limite. Le Brésil, Belize, Curaçao, le Panama, le Sénégal, le Cap Vert et le Ghana pourraient être soumis à des quotas, selon le document.
Réchauffement climatique
Pour l'ONG Pew Charitable Trusts, "un quota de 60.000 tonnes serait trop élevé", indique Grantly Galland. Ce niveau de pêche entraînerait "une période de rétablissement trop long" pour les populations de thons obèses, poursuit l'expert de l'ONG qui plaide pour une limite de 50.000 tonnes. D'autres espèces seront au menu de la CICTA : le thon albacore, qui a fait pour la première fois l'objet d'une évaluation scientifique, ou encore des requins. Dans le cas de l'albacore, le quota "annuel pour 2020 et les années ultérieures du programme pluriannuel s’élève à 110.000 tonnes (...) et devra rester en place", recommande la commission.
WWF recommande d'interdire certaines zones à la pêche pendant certaines périodes pour réduire les captures de juvéniles des thons obèse et albacore. Pour IPNLF, association qui soutient les petits pêcheurs à la ligne, les mesures prises devront prendre en compte "les droits spéciaux des États côtiers en développement".
Concernant les requins, un texte porté par le Sénégal recommande que "tous les requins-taupes bleus soient relâchés, morts ou vivants". Ce requin, le plus rapide, en danger au niveau mondial car victime de surpêche, a déjà bénéficié cet été de la protection de la CITES, qui fixe les règles du commerce international de plus de 35.000 espèces de faune et de flore sauvages.
Cette réunion intervient quelques semaines après la publication d'un rapport spécial du GIEC, les spécialistes climat de l'ONU, sur les océans. S'ajoutant à la surpêche actuelle, le réchauffement des océans contribuera à faire chuter davantage encore le potentiel maximal de prises de poissons.
À la fin des années 2000, la CICTA avait baissé drastiquement les quotas de pêche du thon rouge après des années de tergiversations. L'espèce était tellement mal en point que la CITES avait examiné une interdiction de son commerce international. Après avoir réussi à rétablir les stocks de thons rouges, scientifiques et ONG espèrent aujourd'hui le même sursaut pour sauver le thon obèse.
AFP/VNA/CVN