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Bei Bei grignote du bambou le 14 novembre au zoo de Washington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Devant son enclos, par une journée glaciale, des écoliers en doudoune et bonnet sont venus lui dire au revoir avec des pancartes "Bye bye Bei Bei". Le Smithsonian's National Zoo a organisé une semaine entière de festivités pour faire ses adieux à "Trésor précieux", son nom en mandarin. Impassible, Bei Bei, lui, mâchonne du bambou.
Marty Dearie est l'un de ses gardiens. Il l'a vu naître en direct sur la "panda cam", qui filme les pandas géants du zoo 24 heures sur 24. Outre Bei Bei, quatre ans et presque 114 kilos, l'établissement abrite ses parents, Tian Tian et Mei Xiang. "Notre travail a été de le préparer au voyage en Chine dès sa naissance. Nous savions que ça allait arriver, ça fait partie de l'accord de prêt", dit Marty Dearie. Car la "diplomatie du panda" a évolué au fil des ans. Si la Chine faisait autrefois don à des pays amis de ces animaux alors "en danger" d'extinction (l'espèce reste "vulnérable" aujourd'hui), elle en loue désormais à plusieurs zoos dans le monde.
Miel et canne à sucre
Le "bail" pour les parents de Bei Bei expire ainsi en décembre 2020, sauf renégociation. Aux termes de l'accord de prêt, tout bébé panda né aux États-Unis doit être envoyé en Chine à ses quatre ans, et Bei Bei les a eus en août. Son frère Tai Shan et sa soeur Bao Bao l'ont précédé ces dernières années.
Les conditions étaient donc claires, mais cela n'empêche pas Marty Dearie d'avoir le coeur serré : "Je suis quelqu'un de très émotif, je l'avoue. Je suis sûr que le jour du départ de Bei Bei, je vais pleurer". Transporter l'ourson joufflu sur un autre continent sera toute une affaire. Cela fait plusieurs semaines que ses gardiens l'entraînent à s'asseoir dans le caisson dans lequel il sera emmené sur la terre de ses ancêtres.
Les écrans de la "panda cam" au Smithsonian's National Zoo de Washington le 14 novembre. |
À quelques jours du grand départ le 19 novembre, "nous avons pu fermer les deux portes et il s'asseoit là, confortablement", explique M. Dearie. Un gardien et un vétérinaire feront le voyage avec lui. Surtout, le zoo prendra soin de préparer une nourriture au goût de Bei Bei qui, comme ses congénères, mange constamment. "On va probablement envoyer au moins 15 à 20 kilos de bambou avec lui. Il aura aussi des pommes, des patates douces, des carottes. On va probablement prendre un peu de canne à sucre, et sans doute du miel, des biscuits", égrène Marty Dearie. Le vol Washington-Chengdu durera 16 heures.
"Panda business"
"Bei Bei et ses +bagages+ seront la seule cargaison à bord", affirme Rae Lyn Rushing, du service de communication de FedEx, qui prend en charge tous les frais de l'opération et va affréter la version cargo du Boeing 777 qui le transportera, surnommé pour l'occasion le "Panda Express". Tout au long de sa vie, Bei Bei aura suscité l'engouement, de ses premiers pas à l'opération qu'il a dû subir en 2016 : un morceau de bambou mastiqué, de la taille d'un citron, lui obstruait les intestins.
Son nom avait été dévoilé en grande pompe en 2015 par la Première dame des États-Unis, Michelle Obama, et son homologue chinoise Peng Liyuan. Ces cérémonies de baptême sont désormais un rituel; c'est ainsi Brigitte Macron, l'épouse du président français, qui s'est rendue fin 2017 au zoo de Beauval quand le bébé panda Yuan Meng a été nommé. Au-delà de leur image d'adorables herbivores, les pandas sont devenus pour la Chine un instrument politique "à l'énorme succès", et un moyen de resserrer les liens diplomatiques avec d'autres pays, affirme Liselotte Odgaard, spécialiste des relations entre la Chine, les États-Unis et l'Europe au Hudson Institute, un centre de réflexion de Washington.
"Au moment où l'on entend tant de choses négatives sur la Chine", et en pleine guerre commerciale avec Washington, Pékin utilise l'animal comme "symbole de son histoire, de sa bienfaisance, de sa générosité", dit Mme Odgaard. Sans compter que le prêt des pandas est aussi très lucratif et rapporte des millions de dollars à la Chine chaque année. Un véritable "panda business", selon l'experte.
AFP/VNA/CVN