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Le ministre du Plan et de l’Investissement, Bùi Quang Vinh |
Photo : VNA/CVN |
L'année 2015 a marqué un tournant dans l’intégration économique internationale du Vietnam. Quels sont les défis auxquels le pays devra faire face en 2016 dans ce processus, Monsieur le ministre ?
Le Vietnam a été très actif dans la signature d’accords de libre-échange (ALE), et en 2016, le pays va commencer un niveau cycle d’intégration à la mondialisation, plus accéléré.
Tout d’abord, nous avons participé à la création de la Communauté de l’ASEAN, dont sa Communauté économique qui a vu le jour le 31 décembre 2015. En participant à cette communauté, nous serons confrontés à trois défis : la libre circulation des marchandises, des capitaux et des travailleurs.
D’après moi, si la compétitivité ne s’améliore pas, nous perdrons des emplois "à domicile". Je prends en exemple le recrutement d’agents de bord à la compagnie aérienne nationale Vietnam Airlines. Si auparavant, le choix se faisait dans le pays, maintenant, elle peut les recruter dans toute la région ASEAN.
L’ALE Vietnam - République de Corée est en vigueur depuis le 1er janvier. Un autre ALE, entre le Vietnam et l’Union économique eurasitique, se prépare à être ratifié. Sans parler des autres ALE en attente comme l’ALE Vietnam - UE et le TPP (Accord de partenariat transpacifique)... On peut dire que c’est un tournant de l’intégration économique internationale du Vietnam.
Monsieur le ministre, quel impact l’'intégration économique aura-t-elle sur l’économie nationale ? Que doivent faire le gouvernement et les entreprises du Vietnam pour saisir au mieux les opportunités qu’offrent les ALE ?
L’Assemblée nationale (AN) et les économistes, ainsi que les médias ont beaucoup parlé de cette question. À mon avis, il y a deux points de vue. Selon le premier, nous (le gouvernement et les entreprises) sommes bien préparés. Selon le second, il faut des plans spécifiques à chaque entreprise, les gens doivent comprendre les tenants et aboutissants de ces accords. Il faut montrer comment tirer profit des opportunités, et dans le même temps souligner les défis, pour chaque secteur.
Le Vietnam aura une certaine influence sur la libre circulation des travailleurs dans les secteurs high-tech de l’ASEAN. |
Photo : VNA/CVN |
Les accords ne sont pas pareils. Chaque accord a un terrain d’entente. Par exemple, les défis du textile-habillement ne sont pas ceux de l’électronique ou de l’agriculture. Ainsi, les ministères et branches doivent pointer du doigt les défis de chaque accord commercial.
Je prends un exemple : pour l’ALE Vietnam - République de Corée, quels sont les points forts de la République de Corée ? Quels seront les impacts de cet accord sur le Vietnam ? Et quelles seront les opportunités pour le Vietnam en termes d’exportations vers la République de Corée ? Voici des questions qu’il faut se poser, pour agir en conséquence.
Je pense que nous avons fait quelques avancées dans l’information aux entreprises, aux industriels, mais pas encore suffisamment à mon goût.
À mon avis, nous devrions nous rencontrer à nouveau et discuter ensemble, associations et entreprises, des moyens de bien tirer profit des opportunités qu’apportent les ALE et surmonter les défis.
La responsabilité du gouvernement et des ministères est de faire cela, et nous avons encore le temps. Les plus grands accords auxquels nous sommes confrontés, ce sont l’ALE Vietnam - UE et le TPP (Accord de partenariat transpacifique).
Le secteur automobile national devra faire face à l’accroissement du nombre de véhicules importés. |
Photo : VNA/CVN |
Certains estiment que les entreprises privées, les PME sont moins favorisées que les entreprises à participation étrangère. Quel est votre avis sur cette question ?
Le gouvernement attache une grande importance à tous les secteurs économiques et il est en train de faire beaucoup de travail pour le secteur privé. Non seulement le gouvernement mais aussi l’Assemblée nationale, y compris le système politique, tous sont impliqués.
Ainsi, une série de lois a été lancée comme la Loi sur l’investissement, celle sur les entreprises (amendée), et une série de lois fiscales concernant les PME, les entreprises privées.
Certains disent que les entreprises d’IDE (investissement direct étranger) sont plus favorisées. C’est peut-être vrai dans un sens, mais pas en totalité. Parce que la loi est commune à toutes les composantes économiques. Je prends un exemple : la Loi sur les hautes technologies. Elle ne s’applique pas uniquement aux entreprises étrangères mais aussi aux entreprises nationales. La question est de savoir si nos entreprises ont suffisamment de conditions pour en profiter ou non.
Cette loi ne stipule pas qu’elle est réservée aux entreprises étrangères. Mais parce que les entreprises étrangères sont de grandes sociétés internationales, elles ont plus de possibilités d’en profiter.
Qu’est-ce que le ministère du Plan et de l'Investissement a fait pour bâtir un cadre juridique favorable au développement des entreprises privées ?
Je suis d’accord sur le fait que nous n’avons pas encore de lois efficaces pour faciliter les entreprises privées, les PME. Voilà ce qui me tourmente.
La création de la Communauté de l’ASEAN aura un impact sur l’emploi dans l’aviation civile au Vietnam, en raison de la libre circulation des travailleurs. |
Photo : VNA/CVN |
Malgré les incitations, il faut continuer à faire plus pour consolider les entreprises faibles, pour qu’elles deviennent une force de l'économie nationale.
Le ministère du Plan et de l’Investissement a élaboré beaucoup de lois en ce sens, dont de nombreuses qui créent des conditions favorables aux entreprises telles que la Loi sur l'investissement, la Loi sur les entreprises (amendée). En 2015, le gouvernement a permis au ministère du Plan et de l’Investissement de créer un Fonds de soutien aux PME. Ce fonds utilise l’argent du budget, puis, à travers certaines banques commerciales, prête aux PME. Le ministère en est le propriétaire.
Nous sommes en train de rédiger la Loi sur le soutien aux PME. En outre, nous avons soumis au gouvernement la mise en place d’un centre d’incubateur d’entreprises ainsi que d’un soutien à l’innovation.
Et nous avons aussi besoin d’encourager les jeunes intellectuels à apporter de nouvelles idées, car cela encourage le développement des jeunes hommes d’affaires.
VNA/CVN