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Pour redonner le goût d’apprendre l’histoire, certaines écoles utilisent le plan relief dans la séance de cette matière. |
Selon le projet de réforme du «Programme d’enseignement général» du ministère de l’Éducation et de la Formation, «citoyenneté et patrie» fera partie du cursus du lycée, avec les trois autres matières obligatoires que sont mathématiques, littérature et langues étrangères. Il s’agit d’une nouvelle discipline qui intègre trois matières au programme actuellement : citoyenneté, histoire, et défense et sécurité nationales.
Dans une certaine mesure, cette nouveauté a «bouleversé» la population. Nombreux sont ceux qui se sont posé la question : «L’histoire sera-t-elle désormais supprimée au lycée ? C’est pas vrai ?». D’autres répliquent : «Mais non. Ce n’est qu’une agrégation de matières afin de diminuer la +surcharge+ des élèves». Depuis, les controverses ne sont pas loin de faire rage.... Responsables, experts, enseignants, parents d’élèves et élèves donnent des avis très variés.
Pourquoi une telle agitation ?
Actuellement, au Vietnam, il faut constater, avec tristesse, qu’en général, l’histoire est une discipline qui souffre d’un déficit de considération chez les lycéens. Aux questions : «Aimez-vous l’histoire ?», «Avez-vous l’intention de la choisir comme matière obligatoire pour les examens de fin d’études ?», la plupart des réponses sont négatives. Invariablement, les justifications sont : «C’est vraiment ennuyeux, voire assommant, les cours d’histoire. Trop d’événements, trop de dates, trop de noms propres… On n’arrive jamais à les retenir».
Les enseignants d’histoire sont encore plus désenchantés : «En prévision du concours d’entrée à l’université, les élèves privilégient les groupes de matières obligatoires comprenant les sciences, la littérature et les langues vivantes. L’histoire est complètement délaissée !». Il faut bien comprendre que pour le concours en question, les élèves doivent opter pour un groupe de matières. Et parmi ceux proposés (A, B, C, D, H, T, etc.), seul le groupe C inclut l’histoire.
Compte tenu de cette situation, la réforme du programme est indispensable. «L’enseignement de l’histoire au Vietnam est en crise actuellement, sur le plan théorique comme pratique», estime Nguyên Quôc Vuong, expert en éducation de l’histoire et doctorant à l’Université de Kanazawa, au Japon.
Déjà, le projet de réforme concernant son enseignement au lycée a fait l’objet de plusieurs débats lors des conférences et séminaires organisés par le ministère de l’Éducation et de la Formation. Selon le Professeur Phan Huy Lê, président du Comité des sciences historiques du Vietnam : «L’histoire est une science sociale, et elle doit être considérée comme une discipline scientifique. Il nous faut choisir les connaissances essentielles pour le programme d’études, et simultanément améliorer la pédagogie pour l’enseignant comme pour l’apprenant. Mais surtout, il incombe d’abord aux responsables d’en faire une matière attrayante pour les élèves», avant d’exprimer son total «désaccord d’une intégration de cette discipline à une ou plusieurs autres matières».
Le vice-Professeur et Docteur Dô Ngoc Thông, directeur adjoint du Département de l’éducation au lycée, a affirmé que dans le nouveau programme d’enseignement général, «l’histoire était obligatoire durant les cycles de primaire et le secondaire, en collège». Au lycée, des connaissances historiques doivent aussi figurer dans certaines matières obligatoires.
Éviter la répétition des enseignements
À l’Assemblée nationale, qui tient actuellement sa 10e session, le projet de réforme du programme d’enseignement général a fait l’objet de questions lors de l’interpellation du ministre de l’Éducation et de la Formation, Pham Vu Luân. En réponse aux interrogations de plusieurs députés, le ministre a affirmé : «Loin d’être sous-estimée, l’histoire sera mieux prise en considération dans le nouveau programme d’études au lycée». Selon lui, cette matière d’études sera enseignée 2,5 heures par semaine, soit 10 heures par mois, contre 1,5 heure actuellement. Quant aux élèves ayant choisi la filière «Sciences sociales», ils l’étudieront quatre heures par semaine. Enfin, le volume de connaissances enseigné sera plus important.
Une séance de l’histoire accompagnée d’images illustrées. |
Photo : Trân Lê Lâm/VNA/CVN |
Interrogé sur les raisons pour lesquelles l’histoire devrait être éventuellement intégrée dans la nouvelle matière «citoyenneté et patrie», le ministre Pham Vu Luân a éclairé qu’elles étaient multiples. Cette réforme de l’éducation, destinée, entre autres, à décharger les élèves d’un trop grand nombre de matières comme c’est le cas aujourd’hui, implique d’agréger certaines disciplines impératives, plutôt que de les supprimer purement et simplement. Ensuite, la loi sur l’éducation à la défense et à la sécurité nationales, récemment adoptée par l’Assemblée nationale, prévoit l’enseignement de l’histoire des luttes pour le salut national, et une telle «intégration permettra d’éviter des répétitions d’enseignement de mêmes périodes ou sujets».
Enfin, nombre de points historiques figureront logiquement dans d’autres disciplines comme la littérature, la géographie, la musique, les beaux-arts... «Quoi qu’il en soit, l’intégration ou non de l’histoire est en cours d’évaluation. Pour le moment, notre ministère et le Comité d’élaboration du projet prêtent une oreille attentive aux avis des experts et spécialistes, ainsi que de la population, avant de statuer», a affirmé Pham Vu Luân.
Nghia Dàn/CVN