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Nguyên Thi Ngân s’amuse avec les enfants à son domicile. |
La maison de Nguyên Thi Ngân est source de sourire pour les enfants démunis depuis 17 ans. Un second foyer pour cette trentaine d’enfants âgés de 18 mois à 3 ans.
L’idée de faire une «classe du cœur» a germé pour la première fois il y a 17 ans, après son aventure à Hô Chi Minh-Ville pour travailler comme employée. En voyant les enfants de la ville s’amuser dans des écoles maternelles, elle a pensé à ceux de son pays natal, lesquels restaient souvent à la maison, faute d’argent.
Une immense devotion
Ces petits démunis ont aussi évoqué à Nguyên Thi Ngân sa propre enfance, la misère, qui l’a conduite à abandonner ses études à mi-chemin pour aller aider ses parents dans les rizières et les champs. Sa compassion pour les enfants pauvres démunis et privés de chance d’étudier est ce qui lui a donné l’idée de leur donner des cours gratuits.
Portrait de Nguyên Thi Ngân. |
Source : Van Hô/TP/CVN |
Elle est donc retournée dans le Nord pour suivre une formation continue dans le district de Luc Nam de sa province de Bac Giang (Nord). En 1998, ce cursus à peine terminé, Nguyên Thi Ngân s’est inscrite à une formation d’enseignant de maternelle organisé par le Centre de formation continue du district de Tân Yên. Et la même année, sa classe a vu le jour à son domicile, dans le village de Ngàn Van.
Dans un premier temps, beaucoup de gens ont pensé qu’elle était «folle», car Ngàn Van est un village pauvre. Les gens n’ont donc pas assez d’argent pour faire garder leurs enfants. Mais peu de gens savaient alors que derrière cette classe, c’est de l’amour et non pas le désir de gains qui motivait Ngân.
«Ma joie est de voir cette +marmaille+ babiller toute la journée, forte de sa bonne santé. Je ne veux pas me marier, parce que je veux consacrer tout mon temps à ces petits», confie-t-elle.
Pour faire vivre cette classe, Nguyên Thi Ngân a dû surmonter d’innombrables difficultés, au point de manger souvent du riz mélangé à du manioc, réservant les meilleurs aliments aux petits.
«Mon objectif initial était de ne soigner que les enfants en situation difficile. Mais j’ai changé de position lorsque les villageois m’ont demandé de garder leurs enfants», explique-t-elle. «Je ne leur ai demandé aucune rémunération, seulement de partager avec mois les frais de repas, soit… 6.000 dôngs par jour».
Mais, de fait, il y a des gens qui ne peuvent que donner un kilogramme de riz par mois, car la plupart des habitants du village de Ngàn Van ne sont que de pauvres agriculteurs.
Les villageois ont choisi Mme Ngân non seulement parce qu’elle garde gratuitement les enfants, mais aussi parce qu’ils comptent sur elle. |
Photo : CTV/CVN |
«Je possède quelques +sào+ (un sào équivaut à 360 m², ndlr) et les parents m’ont aidé à cultiver du riz. Raison pour laquelle, d’ailleurs, j’ai suffisamment de riz pour les enfants», explique Nguyên Thi Ngân.
Une femme exemplaire
«Les villageois ont choisi Mme Ngân non seulement parce qu’elle gardait gratuitement les enfants, mais aussi parce qu’ils comptaient sur elle en tant que +femme de cœur+», souligne Hoàng Quôc Huy, chef du Service de l’éducation du district de Tân Yên.
En 2007, cette dame a été distinguée de l’insigne «Pour l’oeuvre d’éducation» et d’un satisfecit du ministère de l’Éducation et de la Formation lors du Congrès national d’émulation de ce secteur. Cinq années plus tard, elle est devenue fonctionnaire de l’éducation.
Désormais, elle bénéficie d’un salaire de 4,5 millions de dôngs. Mais selon Hoàng Quôc Huy, elle le réserve pour les enfants.
«Nous faisons grand cas de son dévouement envers les enfants. Nous continuerons de lui donner de bonnes conditions et à l’aider dans sa spécialité afin que les enfants qu’elle garde puissent bien se développer», affirme Hoàng Quôc Huy.
Malheureusement, ces dernières années, la santé de Mme Ngân s’est dégradée : atteinte d’une pathologie cardiaque, elle souffre en outre d’un cancer. Quoi qu’il en soit, elle a déjà dit qu’elle soignerait les enfants jusqu’à son dernier souffle.