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Sur les dix premiers mois, la température moyenne a dépassé la normale de près de 1,1°C, soit plus que le précédent record de +1,0°C en 2003, selon un "bilan climatique provisoire" de l'année publié mardi 25 novembre par Météo-France.
"2014 figurera très probablement dans le trio de tête des années les plus chaudes depuis le début du XXe siècle, avec 2011 (+1,1°C) et 2003 (+1,0°C)", relève l'organisme.
L'automne en particulier a été très doux, avec des températures 2 à 3°C au-dessus des normales de saison sur l'ensemble du pays. Il devrait se placer au 2e rang des automnes les plus chauds depuis 1900, derrière celui de 2006.
Des vacanciers profitent de la chaleur sur une plage de Nice, le 7 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sept mois sur dix ont connu des températures supérieures aux normales, notamment janvier (+2,7°C, le plus chaud depuis 1900), février (+2,1 °C), avril (+1,9 °C) et octobre (+2,4°C).
"Au regard de l’extrême douceur actuelle, novembre s’inscrira très certainement dans la lignée des mois précédents, avec une température moyenne mensuelle largement supérieure à la normale", anticipe l'organisme de prévision. Il faudrait en effet un mois de décembre extrêmement froid, avec des températures plongeant 3°C sous la normale, pour que l'année ne rejoigne pas le top 3 des années record.
"Il faudrait des températures glaciales et ça me paraît improbable", souligne Christine Berne, climatologue à Météo-France. "Ça n'apparaît pas non plus dans les scénarios les plus probables de prévision saisonnière, qui misent plutôt sur un mois de décembre proche des normales ou peut-être un petit peu doux".
"2014 sera l'une des trois années les plus chaudes. Il y a une incertitude sur le rang puisqu'il reste décembre". Mais elle sera au moins troisième "et c'est déjà beaucoup", note-t-elle.
Tendance mondiale
Ces températures s'inscrivent d'ailleurs dans la tendance observée au cours des dernières décennies : les 15 années les plus chaudes observées en France depuis le début du XXe siècle l'ont toutes été au cours des 25 dernières années.
"Il y a deux phénomènes", pointe Mme Berne. "Il y a une augmentation de la température moyenne, régulière depuis le début du XXe siècle. Et cette augmentation est corrélée avec l'augmentation des gaz à effet de serre dans notre environnement, importante depuis les dernières décennies. (...) Or, depuis l'an 2000, on a beaucoup plus d'années chaudes que d'années +normales+ ou fraîches. La tendance est tout à fait nette".
En outre, Météo-France effectue ses comparaisons par rapport à des "normales de saison" calculées sur la moyenne des 30 dernières années (en l'occurrence la période 1981-2010). Or, une "normale" actuelle est "plus élevée que la normale de 1900", pointe Mme Berne.
Ces données rejoignent le constat fait par l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA), qui soulignait que les dix premiers mois de 2014 avaient été les plus chauds enregistrés sur la planète depuis le début des relevés de température en 1880.
"Compte tenu de la température globale des océans exceptionnellement chaude en cette fin d'année, 2014 pourrait devenir à l'échelle planétaire l'année la plus chaude de la période 1880 à nos jours et supplanter ainsi 2010 et 2005", relève Météo-France.
La communauté internationale s'est fixé comme objectif de maintenir la hausse globale des températures sous le seuil de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, pour limiter des impacts déjà visibles : précipitations accrues dans certaines zones et en baisse ailleurs, répartition modifiée des espèces, rendements agricoles en baisse, vagues de chaleur....
Pour cela, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devront être réduites de 40% à 70% entre 2010 et 2050, et disparaître d'ici 2100, estime le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Un accord est espéré à Paris fin 2015, à la grande conférence internationale sur le climat.
AFP/VNA/CVN