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Une femme se lave les mains le 20 mai 2018, à Mbandaka, dans le Nord-Ouest de la République démocratique du Congo, dans le cadre de la lutte contre Ebola. |
Les deux attaques ont eu lieu dans la nuit de mercredi 27 novembre à jeudi 28 novembre, a rapporté jeudi 28 novembre l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Un agent du ministère congolais de la Santé et deux chauffeurs ont été tués dans l'assaut contre une "base" où vivent des personnels de la riposte anti-Ebola à Biakato dans la province de l'Ituri, a indiqué l'OMS dans un communiqué. La victime du ministère de la Santé travaillait pour "l'équipe de vaccination".
Un policier congolais a été tué dans l'autre attaque contre un bureau de la coordination de la riposte anti-Ebola à Mangina, a ajouté l'OMS. Il était payé par les autorités sanitaires pour garder les installations anti-Ebola. Mangina se trouve à quelques dizaines de kilomètres de Biakato, dans la province voisine du Nord-Kivu. "À cette heure, il n'y a aucune confirmation sur l'identité assaillants", a déclaré à la presse à Genève, Michael Ryan, directeur des opérations d'urgence à l'OMS. Les autorités congolaises accusent des "maï maï", des miliciens dont les actions vont de la défense des intérêts communautaires à la grande criminalité (contrôle des minerais, racket).
"Aucun agent de l'OMS ne figure parmi les morts, même si l'un d'entre eux a été blessé", a précisé l'OMS. "Les autres blessés sont principalement des agents du ministère (congolais) de la Santé". "Nos bases de Biakato et de Mangina ont été attaquées presque simultanément vers minuit", a souligné le chef congolais de la riposte anti-Ebola, le docteur Jean-Jacques Muyembe. "À l'heure où je vous parle, tous les agents de l'OMS ont été retirés de Biatako", a ajouté le responsable de l'OMS. "Le personnel d'autres agences a également été relocalisé".
La double attaque contre Biakato et Mangina est "de loin la plus meurtrière" de toutes celles menées contre des équipes anti-Ebola depuis le début de l'épidémie, a déclaré le directeur des opérations d'urgence à l'OMS. Un médecin épidémiologiste camerounais de l'OMS avait été notamment tué en avril dernier. Début novembre, un journaliste radio, qui animait des programmes anti-Ebola, avait été tué en Ituri. Mangina est le lieu d'où est parti en juillet-août 2018 la dixième épidémie d'Ebola sur le sol congolais. Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres s'y était rendu le 1er septembre.
"Plus de gens vont mourir"
L'OMS est le partenaire du ministère congolais de la Santé dans la lutte contre l'épidémie d'Ebola, qui a tué 2.199 personnes depuis août 2018.
Des membres de la Croix-Rouge font du porte à porte à Beni, en République démocratique du Congo, pour informer sur les bonnes pratiques face à Ebola, le 31 août. |
"Ebola était en retrait. Ces attaques vont redonner de la vigueur à l'épidémie, et par conséquent plus de gens vont mourir", a déclaré le directeur général de l'OMS, le docteur Tedros Adhanom Gebreyesus. Sept nouveaux cas d'Ebola ont été enregistrés la semaine dernière, contre 120 au pic de l'épidémie en avril dernier, selon l'OMS. À 30 km de Mangina, les activités anti-Ebola sont paralysées par l'insécurité à Beni et dans sa région, où une centaine de civils ont été massacrés depuis le 5 novembre.
Ces tueries attribuées au groupe armé ADF ont provoqué depuis une semaine des manifestations de colère envers les Casques bleus présents dans la région. Les ADF sont à l'origine un mouvement rebelle ougandais, implanté dans l'est de la RDC où il a fait souche depuis près de vingt-cinq ans.
L'OMS avait indiqué mardi 26 novembre avoir transféré de Beni vers Goma 49 de ses 120 employés luttant contre Ebola. "Les activités de contrôle sanitaire sont perturbées dans les villes de Beni et Butembo", en raison de manifestations de la population qui dénonce "les tueries de civils", a relevé le ministère congolais de la Santé dans son dernier bulletin épidémiologique de jeudi 28 novembre.
L'actuelle épidémie est la plus grave dans les annales du virus de la fièvre hémorragique découvert en 1976, après celle qui a tué 11.000 personnes en Afrique de l'Ouest en 2014. Elle a été élevée au rang "d'urgence de santé publique de portée internationale" par l'OMS en juillet dernier.
AFP/VNA/CVN