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Localisation des dégâts provoqués par le séisme en Albanie dans les villes de Durres et Thumane. |
Le tremblement de terre de magnitude 6,4, le plus puissant dans cette région du petit pays des Balkans depuis près d'un siècle, a frappé mardi 26 novembre avant l'aube, à un moment où les gens dormaient. Des bâtiments entiers se sont écroulés, piégeant les victimes sous des montagnes de gravats. Les secours continuaient à chercher dans les débris à Durres, localité touristique de 400.000 habitants sur l'Adriatique durement touchée, où une trentaine d'immeubles ont subi de gros dégâts. Les sauveteurs, aidés par des chiens et des caméras de détection, sont renforcés par des spécialistes venus de pays de l'Union européenne mais aussi de Serbie ou du Kosovo.
Près de trois jours après la catastrophe, des nouveaux corps étaient extraits des ruines. Selon un dernier bilan du ministère de la Défense publié après la découverte de quatre dépouilles dans une maison effondrée dans le quartier de Keneta, où vivaient les neuf membres de la famille Lala, 46 personnes ont péri. D'après un témoin sur place, il s'agissait d'une mère et de ses trois jeunes enfants, "découverts tous les quatre dans le même lit".
Des familles sont éteintes
Les secours avaient déjà retrouvé dans cette maison les corps d'une grand-mère, d'une fillette de huit ans, d'une jeune femme et d'une quatrième personne, selon les récits de voisins. Un seul membre de cette famille, un jeune homme, a été retrouvé en vie.
Près de là, devant un hôtel en ruines le long de la plage, un homme s'est évanoui en voyant les sauveteurs emporter le corps d'un des siens. La catastrophe a emporté des familles entières. Les secouristes ont ainsi découvert dans les gravats d'un immeuble de six étages les corps d'une mère et de son fils qu'elle serrait dans ses bras. Quelques heures auparavant, ils avaient retrouvé ceux du père et de la fille, si bien que toute la famille Reci est désormais éteinte, a confié Ilir Duka, un secouriste albanais.
Un chien dans un immeuble effondré le 28 novembre à Durres sur la côte Adriatique. |
Les recherches ont en revanche cessé dans l'autre localité très affectée, la ville de Thumane, au nord de Tirana, où les autorités jugent qu'il n'y a plus de disparus après y avoir retrouvé une vingtaine de corps. Malgré un travail compliqué par des centaines de répliques sismiques et un bilan toujours plus lourd, les secouristes gardent l'espoir de trouver des survivants. Pour l'heure, une cinquantaine de personnes ont été récupérées en vie.
"Poches de survie"
"Il peut y avoir de l'espoir jusqu'à huit ou dix jours" après un séisme, dit le capitaine Joël Leroy, qui fouille avec une cinquantaine d'autres membres de l'unité militaire de la sécurité civile de Brignoles, dans le sud de la France, un immeuble très endommagé de Durres. Deux étages au moins se sont enfoncés dans le sol.
Les victimes peuvent se trouver dans des "poches de survie", des poches d'air qui leur permettent de respirer sous les gravats, explique-t-il. "C'est pour cela qu'on travaille d'arrache-pied". Michele Melosi, un sauveteur italien, est également déterminé. "L'espoir meurt le dernier", déclare-t-il. À L'Aquila, ville italienne frappée en 2009 par un séisme meurtrier, "on avait trouvé des gens au bout de quatre jours". Environ 650 personnes ont également été blessées dans la catastrophe, dont dix grièvement, selon le ministère de la Santé.
Des milliers de personnes sans abri ont quitté la région ou ont été relogées dans des hôtels. Le Premier ministre Edi Rama a promis de nouveaux logements pour chaque famille d'ici 2020. L'Albanie est connue pour son urbanisme sauvage, les maisons y sont souvent construites sans permis.
Selon Rrapo Ormen, un sismologue albanais, le séisme de mardi est le plus puissant enregistré dans la région de Durres depuis 1926. Les Balkans connaissent une forte activité sismique du fait des mouvements des plaques tectoniques africaine et eurasienne, ainsi que ceux de la microplaque Adriatique.
AFP/VNA/CVN