Quand les médecins vivent des contextes exceptionnels

Tous les médecins ne pratiquent pas leur profession dans les centres villes ou les hôpitaux modernes. Il y a aussi ceux qui travaillent dans des régions lointaines, ou dans des établissements où sont traitées des maladies rares.

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Le docteur Trinh Anh Tuân est l'unique médecin généraliste dans l'hôpital de Môc Châu, Son La (Nord).
Photo : Minh Anh/CVN

Pour des médecins vivant dans les régions montagneuses au Nord du Vietnam, le plus grand "combat" auquel ils doivent faire face n’est pas la maladie mais la lutte contre des us et coutumes arriérés. En effet, certains patients croient qu’il est nécessaire de pratiquer des rituels spirituels pour guérir de leur maladie. Ils préfèrent alors rester chez eux et inviter des sorciers à capturer des "fantômes" (qui causent la maladie), plutôt que d’aller consulter un médecin pour se faire soigner.

Équipements modestes et conviction arriérée

Fort de dix ans d’expériences dans la médecine, le docteur Trinh Anh Tuân est l’unique médecin généraliste qui travaille dans l’hôpital général de Môc Châu, province de Son La (Nord). À la sortie de l’université, alors que la plupart de ses amis choisissent de rester en ville, Tuân décide de travailler dans un établissement médical à des centaines de kilomètres de Hanoï, où les conditions de vie sont modestes et les équipements médicaux manquent cruellement pour répondre aux besoins de traitement des malades. "Je n’oublierai jamais ce cas exceptionnel lors de mes premiers jours dans cet hôpital : c’était un patient souffrant d’appendicite. Il restait chez lui, avec la conviction que sa maladie était causée par des +fantômes+. Un jour, il a invité le sorcier à effectuer le rituel de chasse des fantômes pendant deux ou trois jours. Ses symptômes abdominaux se sont aggravés, alors ses proches ont décidé de l’emmener à l’hôpital. L’appendice s’était rompue et la partie environnante était septique. Notre équipe a effectué immédiatement une intervention chirurgicale urgente afin de lui sauver la vie", raconte le docteur Tuân.

Ailleurs, entre mer et ciel, les difficultés des médecins sont accentuées par la pénurie d’électricité ou d’équipements nécessaires. Luân Thanh Truong est le chef de la clinique de la commune de Thanh An, l’unique centre de consultation et de traitement médicaux du district de Cân Gio à Hô Chi Minh-Ville. Ce lieu, entouré par des vagues, est isolé de la terre ferme. Là-bas, les médecins doivent utiliser la pirogue pour transporter des malades vers les hôpitaux sur le continent. M. Truong ne compte plus le nombre de trajets en pirogue pour amener des habitants de Thanh An à l’hôpital. Surtout que, en cas d’urgence, il faut aller vite et faire face au mauvais temps, et donc aux puissantes vagues. Et malgré les efforts des médecins, il arrive que l’état du malade s’aggrave trop vite. Depuis quelques années, la clinique est mieux équipée par des machines et outils modernes. Le traitement des patients s’améliore.

Médicaments pour les maladies rares

La Docteure Ngoc Khanh soigne un enfant à l'Hôpital national de pédiatrie de Hanoï.
Photo : Thê Bang/CVN

La Docteure Nguyên Ngoc Khanh est médecin, spécialisé dans les domaines de l'endocrinologie et du métabolisme à l’Hôpital national de pédiatrie de Hanoï. Elle travaille avec des enfants touchés par des maladies graves depuis 22 ans. Selon elle, "maladie rare" est un terme général désignant un groupe de plus de 7.000 maladies. De fait, les traitements ou les médicaments sont tout aussi rares. Aujourd’hui, plus de 5.000 médicaments servant à traiter des maladies rares sont en cours de recherche et d’élaboration. Mais beaucoup d’entre eux coûtent chers et ne sont pas disponibles au Vietnam. Avec un coût d’environ un à cinq milliards de dôngs/an de traitement, certaines familles d’enfants malades ne peuvent pas payer…

Dans le but de mieux traiter des enfants touchés par les amyotrophies spinales, l’hôpital s’est inscrit dans le programme de traitement précoce aux patients des pays n’ayant pas conditions d’accès aux traitements. L’inscription à ce programme d’essai de médicaments peut ainsi donner la possibilité aux enfants malades, d’utiliser de nouveaux médicaments, comme le Zolgensma.

Ne dépassant pas 100 flacons par an, et coûtant très cher, le programme organise un "tirage au sort" toutes les deux semaines pour fournir le médicament Zolgensma à deux patients chanceux. Se déroulant aux États-Unis et avec 12 h de décalage horaire avec le Vietnam, les docteurs de l’hôpital passent souvent des nuits blanches pour attendre le résultat de ce "tirage au sort", dans l’espoir d’obtenir les flacons pour leurs patients. À chaque fois qu’un enfant meurt sans ayant pu obtenir les médicaments nécessaires, La docteure Khanh confie un immense sentiment de déception et de tristesse à l’égard de l’équipe de docteurs, mais aussi des familles endeuillées.

Chaque médecin fait face, chaque jour, à une multitude de difficultés. Malgré tout, le personnel médical redouble d’efforts pour adoucir les douleurs et apporter de l’espoir et de la vie à leurs patients.

Thu Hà Ngô/CVN

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