Quand les Combattants envahissaient les rues de Hanoi

Il y a environ trois décennies, l’élevage des Combattants se pratiquait largement à Hanoi. De nos jours, ils ne sont plus qu’une poignée à s’intéresser à ces poissons, réputés pour leur caractère belliqueux.

Le Combattant (Betta splendens) est originaire des eaux douces tropicales du Sud-Est asiatique (Thaïlande, Cambodge, Vietnam, Laos et Malaisie). Ce poisson est très apprécié dans ses pays d’origine, où des combats entre mâles sont organisés à la manière des combats de coqs. Quand ce loisir est-il apparu à Hanoi ? Une question à laquelle il est difficile de répondre. On dit qu’un jour, un pêcheur du village de Nghi Tàm, alors qu’il avait jeté ses filets dans le lac de l’Ouest, attrapa deux étranges poissons qu’il n’avait jamais vus auparavant. Les trouvant particulièrement jolis avec leurs nageoires démesurées, il décida de les placer dans un bocal. Le lendemain, il s’aperçu qu’ils se battaient et se dit : «Pourquoi ne pas exploiter leur caractère belliqueux pour faire des combats ?», comme avec les coqs ou les buffles.

Une espèce de Combattant de couleur rouge, actuellement très recherchée par les jeunes citadins.


Dans les années 1980, les batailles de Combattants se pratiquaient partout dans la capitale. C’était avant tout un loisir apprécié des enfants. Les poissons se vendaient dans les principaux marchés de la ville : Dông Xuân dans le quartier Hoàn Kiêm, Mo dans le district de Hai Bà Trung...Les plus passionnés allaient beaucoup plus loin pour trouver des «perles rares». À cette époque, les Combattants se déclinaient en trois couleurs seulement : violet foncé, bleu et rose. Les meilleurs spécimens pour le combat devaient avoir un corps arrondi, un cou épais et nager rapidement. Et surtout, ils devaient être bien proportionnés, avec la tête représentant un tiers de la longueur du corps.
Combats sur le trottoir
Comme leurs homologues à plumes, ces poissons étaient élevés exclusivement pour le combat. Les mâles, très agressifs, peuvent en effet se livrer à des combats violents, pouvant aller jusqu’à la mort du vaincu. Les femelles sont plus calmes et se tolèrent. On voyait à cette époque sur les trottoirs de Hanoi de bruyants attroupements de gamins autour d’un récipient, un simple seau parfois. D’abord, les deux bocaux étaient posés côte à côte, histoire de faire monter la pression. Une fois les deux mâles suffisament énervés, on les plaçait dans le même récipient. La bataille qui s’ensuivait pouvait durer 15-20 minutes. Ils se battaient violemment en gonflant la gorge, faisant saillir les ouïes et étalant le plus possible leurs nageoires pour paraître le plus imposant possible.
Avec l’ouverture économique, des Combattants venus de Thaïlande et de Malaisie ont débarqué sur le marché hanoïen. Plus colorés certes, mais moins combattifs que les poissons de Nghi Tàm, selon les experts. Les éleveurs ont alors eu l’idée de créer une variété issue du croisement des poissons locaux et de ceux venus d’ailleurs, pour avoir à la fois la beauté et la combattivité. De nos jours, les batailles de Combattants dans les rues ne sont plus qu’un lointain souvenir. Un nouveau nom a été ajouté à la longue liste des jeux traditionnels en déshérence.

Phong Delon/CVN

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