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Une baleine à bosse dans les eaux de Monterey Bay, en Californie, le 21 septembre. |
Chaque jour, les chercheurs ont écouté sous l'eau, grâce à deux micros sous-marins, le chant de quelques baleines avant et après le passage du seul grand navire traversant ces eaux, entre 07h30 et 08h00 du matin, près de Chichi-jima, dans l'archipel d'Ogasawara. Les baleines semblaient s'écarter immédiatement du bateau. Une seule, durant l'expérience menée de février à mai 2017, est restée dans un rayon de 500 mètres. Et une fois le bateau passé, les baleines se trouvant à moins de 1.200 mètres se sont généralement tues ou ont réduit leur niveau sonore.
"La réaction principale des baleines à bosse fut d'arrêter de chanter, soit à l'approche du navire, soit après son passage", écrivent Koki Tsujii et ses collègues de l'association d'observation des baleines d’Ogasawara dans cette petite étude parue mercredi 24 octobre dans le journal scientifique PLOS One. L'article soulève de nombreuses questions non élucidées. On ne sait pas pourquoi les baleines se taisent, au lieu de changer de chant. On ne sait pas comment les femelles réagissent au bruit généré par le bateau, car seuls les mâles chantent. Et l'échantillon est petit: 26 baleines repérées sur 35 jours, soit seulement une à trois par jour. Mais la recherche sur les conséquences du vacarme créé par les humains sous les océans est ancienne et fournie.
De nombreux travaux ont mis en évidence depuis des années des perturbations, voire des ravages, chez les poissons, les cétacés et le plancton, provoqués par le bruit des moteurs de navires, porte-conteneurs et canons à air utilisés par l'industrie pétrolière pour explorer les fonds sous-marins. Cette étude, bien que limitée, est "frappante", dit Linda Weilgart, de l'université canadienne Dalhousie, et consultante pour l'ONG OceanCare, car la réaction des baleines s'est produite face à un niveau sonore relativement faible. Elle appelle à d'autres études pour confirmer et détailler ces travaux. "Cette étude ajoute une autre pièce au puzzle d'une planète bleue devenue bien trop bruyante pour les baleines", ajoute Nicolas Entrup, expert à OceanCare, qui tente de mobiliser la communauté internationale contre le bruit sous-marin. "Il est temps de baisser le volume".
AFP/VNA/CVN