Quand le cyclisme virtuel devient outil de détection

Pédaler sur place peut mener loin. Boosté par les confinements liés au COVID, le cyclisme virtuel attire de plus en plus d'adeptes au point de devenir un outil de détection pour les équipes professionnelles dans la vraie vie.

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Des coureurs de l'équipe de cyclisme esport "The Punchers club" s'entraînent sur un toit de Paris avant de participer au Tour de France virtuel, le 20 juin 2020.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ce week-end, 85 hommes et 87 femmes venus des cinq continents vont s'affronter par écrans interposés lors des "Championnats du monde cyclisme esport UCI 2023", organisés par l'Union cycliste internationale (UCI) sur l'application Zwift, la plateforme de cyclisme virtuel la plus populaire.

Contrairement à ce qu'on peut voir dans l'esport classique, la discipline est avant tout physique, et ce sont de vrais athlètes qui seront à l'oeuvre: les vainqueurs sortants, l'Australien Jay Vine et la Néerlandaise Loes Adegeest, ont tous deux gagné la première course de la saison au niveau World Tour en Australie, dans le monde réel.

Ce qui distingue le cyclisme virtuel, c'est son réalisme poussé. Pour faire avancer son avatar, il ne suffit pas de savoir manier une manette et de pousser les bons boutons mais il faut appuyer fort sur les pédales, sur un home-trainer relié à un écran.

"Il faut avant tout être un athlète exceptionnel", insiste auprès de l'AFP l'Australien Michael Rogers, ancien triple champion du monde du contre-la-montre devenu responsable de l'innovation au sein de l'UCI.

L'illusion est bluffante. On progresse sur des parcours fictifs ou inspirés du réel, comme l'Alpe d'Huez. Et les difficultés du tracé, notamment la pente, sont fidèlement reproduites, tout en synchronisant la position de tous les utilisateurs en temps réel, permettant par exemple de rouler en peloton.

Jay Vine, la "success story"

Ce réalisme a séduit de nombreux cyclistes qui utilisent les plateformes interactives pour s'entraîner voire comme discipline à part entière. La pratique a explosé pendant la crise sanitaire et les confinements qui ont conduit des centaines de milliers de cyclistes à se rabattre sur leur salon ou leur garage pour pédaler.

L'ancien coureur australien Michael Rogers, aujourd'hui dirigeant de l'Union cycliste internationale (UCI), lors du Tour Down Under, le 24 janvier 20215 à Adelaïde.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour les équipes professionnelles, elles sont devenues un vrai outil qui leur offre une base de données gigantesque pour mesurer en un clin d'oeil le potentiel physiologique de milliers de potentielles recrues. Et de prospecter à moindre coût dans des endroits lointains comme l'Australie ou l'Afrique.

"En course, un dénicheur de talents peut voir ce qu'un coureur est capable de faire. Mais s'il veut connaître ses capacités physiques, il devra ensuite lui demander de venir faire des tests avec l'équipe. Avec Zwift, il peut voir toutes les données immédiatement", explique à l'AFP le porte-parole de la plateforme, Chris Snook.

De plus en plus d'équipes ont ainsi noué des partenariats avec ces plateformes pour offrir des contrats d'un an aux vainqueurs de sélections en ligne.

Jay Vine -"notre success story", dit Snook- avait presque fait une croix sur une carrière pro lorsqu'il a remporté, à 25 ans, la "Zwift Academy" lui ouvrant les portes de la formation belge Alpecin.

Depuis, il a gagné deux étapes du Tour d'Espagne avant d'être recruté cet hiver par l'équipe UAE pour devenir le lieutenant de Tadej Pogacar.

"Dire que la Zwift Academy a changé ma vie est un euphémisme", insiste le coureur australien.

"Juste de la force"

Loes Adegeest a, elle, rejoint l'équipe FDJ-Suez. Quant à l'équipe UAE, elle a recruté sur la plateforme MyWoosh le Néo-Zélandais Michael Vink qui, à 30 ans, se voit offrir la chance de sa vie après être passé entre les mailles du filet.

Ces contes de fée, des milliers de cyclistes amateurs en rêvent -ils étaient 160.000 inscrits à la Zwift Academy l'an dernier.

Mais les datas ne font pas tout et il s'agit encore de tester les coureurs dans le réel pour mesurer des facteurs comme l'intelligence de course ou le comportement sur le vélo.

"Ces applications sont vraiment très bien faites. Mais elles ne simulent pas la manière de courir dans un peloton, l'art de se placer. C'est juste de la force, tout est basé sur les watts", explique à l'AFP le champion olympique de Rio, Greg van Avermaet, qui avait remporté le Tour de Flandres virtuel pendant le confinement en 2020.

Selon Michael Rogers, "la tactique, le vent, la dynamique de groupe, les virages ou les descentes" sont autant d'éléments qui ne sont pas pris en compte -pour l'instant- dans le cyclisme virtuel. "Mais, dit-il, les applications deviennent de plus en plus réalistes et je pense qu'un jour où elles arriveront à reproduire ces facteurs là aussi".

AFP/VNA/CVN

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