France
Professeur décapité : les enquêteurs tentent de remonter le déroulé des faits

Pourquoi ? Avec quelles complicités directes ou indirectes ? Quatre jours après les faits, les enquêteurs se concentrent sur les circonstances de la mort du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, sauvagement assassiné à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), où une marche blanche est programmée mardi 20 octobre en fin d'après-midi.

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Devant le collège du Bois d'Aulne où travaillait Samuel Paty, le 19 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Une quinzaine de personnes étaient en garde à vue lundi 19 octobre, dont quatre collégiens, les enquêteurs tentant de comprendre leur implication alors que l'enseignant a été "désigné" à l'assaillant par "un ou plusieurs collégiens, a priori contre rémunération", selon une source proche du dossier.
L'entourage familial d'Abdoullakh Anzorov était également toujours interrogé par les policiers, ainsi que le père de l'élève qui a appelé à la mobilisation contre Samuel Paty et l'homme qui l'avait accompagné, le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin veut agir vite de son côté, et a annoncé lundi 19 octobre avoir demandé au préfet de Seine-Saint-Denis de fermer la mosquée de Pantin, qui avait notamment relayé sur sa page Facebook une vidéo dénonçant le cours sur les caricatures de Mahomet de Samuel Paty.
M. Darmanin a précisé que 51 associations proches de l'"islamisme radical" étaient dans le collimateur des autorités et annoncé que plusieurs d'entre elles seront dissoutes en Conseil des ministres, citant nommément le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) et l'association humanitaire BarakaCity.
BakaraCity a d'ores et déjà annoncé qu'elle contestera en justice une telle mesure, alors que le CCIF a fermement rejeté tout relais des messages qui ont circulé concernant M. Paty avant son assassinat. Les deux associations nient fermement tout penchant extrémiste.
"La folie s'empare du ministre de l'intérieur qui faute de ne rien trouver contre notre ONG profite de l'émotion suscitée suite au drame de Conflans", a répliqué BarakaCity sur Facebook.

Mardi matin 20 octobre, les patrons France des grandes réseaux sociaux et plateformes (Facebook Twitter, Google, Tiktok et Snapchat) sont convoqués par la ministre déléguée à la Citoyeneté, Marlène Schiappa, pour trouver des moyens de mieux contrer le "cyber-islamisme".
Les hommages se poursuivent
En attendant, les hommages se poursuivent en mémoire de M. Paty, une marche blanche étant organisée mardi 20 octobre à Conflans-Sainte-Honorine à partir de 18h30, devant le collège où il enseignait avant de rejoindre la place de la liberté. Mercredi 21 octobre, un hommage national lui sera rendu dans la Cour de la Sorbonne en présence du chef de l'
État.
Dans la commune, parents, élus ou simples citoyens de toutes générations sont venus spontanément rendre hommage tout au long du week-end à l'enseignant en déposant fleurs ou messages devant l'établissement scolaire.
Parmi les habitants, certains restent traumatisés par l'assassinat du professeur, à l'image de Stéphane, qui a quasiment assisté à l'attaque, qui s'est déroulée à une quarantaine de mètres de son domicile.
"L'assaillant était juste derrière le mur, à 40 mètres de mes petits-enfants, et de mes enfants", a-t-il raconté sur LCI, croyant dans un premier temps que la victime était un membre de sa famille : "il a fallu que je retourne deux fois sur la scène du crime pour savoir si ce n'était pas mon petit-neveu".
Réunis dans l'après-midi devant le collège, des imams ont exprimé leur "colère" et leur "honte", estimant qu'il était "très important de venir ici pour montrer notre chagrin, montrer que ce qui s'est passé ici n'est pas l'islam. C'est le fait de voyous qui n'ont rien à voir avec l'islam", a déclaré Kemadou Gassama, imam à Paris.
Le Parlement européen a également observé une minute de silence tandis que la cour d'assises spéciale de Paris, où sont jugées 14 personnes en lien avec les attentats de janvier 2015, a rendu hommage au professeur d'histoire-géographie.
Dimanche 18 octobre, des dizaines de milliers de personnes s'étaient déjà rassemblées partout en France pour défendre la liberté d'expression et dire non à "l'obscurantisme".

AFP/VNA/CVN

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