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Des gendarmes devant la salle d'audience du Palais de Justice de Paris, le 8 septembre, premier jour du procès des attentats du 13 novembre 2015. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La cour d'assises spéciale de Paris doit entendre lundi 13 septembre un des responsable de la sous-direction terroriste de la police judiciaire française, puis mardi 14 septembre la juge antiterroriste belge Isabelle Panou.
Tentaculaires, les investigations menées en Europe et au-delà ont permis de reconstituer la préparation et le déroulement des attaques pilotées par le groupe État islamique (EI), qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis.
Même si des questions demeurent, les enquêteurs sont parvenus en quatre ans à identifier commanditaires, planificateurs, artificiers, convoyeurs et intermédiaires de la cellule, ainsi que leur parcours de la Syrie à la Belgique puis la France, via la route des migrants.
Pour la première fois depuis le coup d'envoi de l'audience, la cour, les avocats généraux, les avocats des parties civiles ou de la défense pourront poser des questions sur le fond du dossier.
Mercredi et jeudi derniers, les deux premiers jours de ce procès-marathon étiré sur près de neuf mois ont été consacrés à l'appel des plus de 1.800 parties civiles déjà constituées et à l'enregistrement de centaines d'autres, victimes des attentats les plus meurtriers jamais perpétrés sur le sol français.
Largement muet depuis son arrestation en mars 2016, le seul survivant des commandos Salah Abdeslam y a fait une entrée tonitruante en multipliant les provocations.
Se présentant comme un "combattant de l'État islamique", le Franco-Belge de 31 ans s'est octroyé la parole pour dénoncer ses conditions de détention, dédouaner trois de ses coaccusés puis demander si "les victimes en Syrie pourront avoir la parole".
"J'entends aujourd'hui que vous allez" parler "et c'est très bien, mais ce n'est pas le moment", lui a répondu le président Jean-Louis Périès, avant de lui couper le micro.
Retour sur une nuit d'horreur
Vendredi 10 septembre, le magistrat a patiemment répertorié pendant deux heures les nombreux témoins appelés à déposer, avant d'entamer, avec ses deux premières assesseures Frédérique Aline et Xavière Siméoni, la lecture du rapport qui résume les 547 tomes du dossier.
Pendant sept heures, leur récit a replongé le prétoire dans les détails de cette soirée sanglante qui a traumatisé la France, de l'enquête qui a suivi et de cerner le profil des 20 accusés.
Dans les termes cliniques caractéristiques de ces rapports, le président a raconté les déflagrations des "kamikazes" autour du Stade de France puis les claquements des kalachnikov qui ont mitraillé les terrasses des bistrots d'abord, la fosse de la salle de concert du Bataclan ensuite.
Dans un lourd silence, il a énoncé les prénoms, les patronymes et l'âge des victimes. Une près du Stade de France, 39 sur les terrasses parisiennes, 90 au Bataclan. "Baptiste C., 24 ans, Aurélie de P., 33 ans, Cécile M. épouse Z., 31 ans"...
Sur les bancs des parties civiles, des sanglots ont éclaté, des mains se sont serrées. Dans le box, les accusés ont gardé la tête baissée et Salah Abdeslam le silence.
Les rescapés des attentats et les proches des victimes auront la parole fin septembre et pendant cinq semaines pour mettre leurs mots sur cette nuit d'horreur, évoquer le souvenir de ceux qu'ils ont perdus et décrire les maux de leur vie d'après.
Les accusés ne devraient pas être interrogés sur le fond du dossier avant le mois de janvier.
Onze d'entre eux, dont Salah Abdeslam, comparaissent détenus. Trois comparaissent libres sous contrôle judiciaire. Six autres sont jugés par défaut, dont le commanditaire présumé de l'opération Oussama Atar et les "voix" françaises de sa revendication, Fabien et Jean-Michel Clain, tous les trois présumés tués lors d'une frappe occidentale en Syrie.
Au total, douze des 20 accusés encourent la réclusion à perpétuité.
AFP/VNA/CVN