À Dubaï, des chameaux clonés pour gagner courses et concours de beauté

Pour optimiser leurs chances de remporter courses et concours de chameaux très populaires dans le Golfe, certains n'hésitent pas à acheter des animaux aux caractéristiques parfaites : des "reines de beauté" clonées par une équipe de scientifiques à Dubaï.

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Des chameaux clonés dans un enclos du Centre de reproduction biotechnologique de Dubaï, le 4 juin aux Émirats arabes unis.
Photo : AFP/VNA/CVN

Moyennant des sommes importantes d'argent, des clients fortunés peuvent désormais s'offrir des bêtes au cou long et élégant arborant des lèvres qui tombent juste comme il faut pour taper dans l'oeil des jurés lors des concours de beauté de chameaux.

Au Centre de reproduction biotechnologique de Dubaï, qui donne sur les gratte-ciels de la ville émiratie, des scientifiques se penchent sur leurs microscopes tandis que des dizaines de chameaux clonés se baladent à l'extérieur.

"Nous avons tellement de demandes que nous ne sommes pas en mesure de tenir le rythme", déclare le docteur Nisar Wani, directeur scientifique du centre. Son équipe travaille jour et nuit pour produire des copies conformes des plus beaux camélidés.

Surnommés "navires du désert" en arabe et utilisés autrefois pour transporter des marchandises à travers la péninsule arabique, les chameaux occupent une place importante dans la culture traditionnelle du Golfe.

"L'apparence qui compte"

"Cette année nous avons eu 28 grossesses de chameaux clonés (jusqu'à présent), et l'année dernière nous en avons eu 20", affirme M. Wani avec fierté. C'est sous son œil vigilent qu'est née en 2009 Injaz, la première chamelle clonée au monde.

Douze ans plus tard, la plupart des clients de M. Wani sont prêts à débourser entre 200.000 et 400.000 dirhams (46.000 à 92.000 euros) pour se vanter d'avoir la plus belle bête lors des concours de beauté, où les chameaux se trémoussent dans des hippodromes poussiéreux devant un panel de juges.

Il n'est d'ailleurs par rare qu'un scandale impliquant des injections de botox ou autre "tricherie" ne vienne entacher ces compétitions, qui présentent un enjeu de taille vu les sommes octroyées aux gagnants.

Ici, c'est surtout l'apparence qui compte, explique Saud Al-Otaibi, directeur d'une vente aux enchères de chameaux au Koweït. "Le prix d'un chameau est fixé en fonction de sa beauté, de sa santé et de la notoriété de la race".

Certains ont également recours au clonage pour reproduire des chameaux de course très compétitifs, ou encore des animaux capables de produire du lait en grande quantité.

Une chamelle clonée peut produire 35 litres de lait par jour, soit sept fois plus qu'une chamelle ordinaire, explique M. Wani.

Or, le lait de chamelle est populaire dans le Golfe. Il côtoie le lait de vache dans les supermarchés et le carpaccio de chameaux s'invite aux tables de certains restaurants luxueux.

Ovulation multiple

La technique de clonage consiste à récupérer de l'ADN dans des cellules de l'animal qu'on veut cloner et insérer cette ADN dans les ovules des chamelles porteuses. Cette pratique, fréquente dans de nombreux pays, est dénoncée par les groupes de défense des droits des animaux.

Tandis que les commandes pour des camélidés "champions" affluent aux Émirats, seul pays du Golfe à avoir des cliniques dédiées au clonage, les scientifiques développent de nouvelles techniques pour tenir le rythme, comme l'"ovulation multiple".

"Dans ce processus, nous +super-stimulons+ les femelles championnes (aux caractéristiques recherchées) et nous les accouplons avec des mâles champions", explique M. Wani.

"Nous recueillons les embryons de ces femelles après sept ou huit jours puis nous les insérons dans des mères porteuses tout à fait ordinaires (...). Au lieu de produire un bébé à la fois en une année, nous pouvons en produire plusieurs", ajoute-t-il.

Une chamelle ordinaire peut porter normalement un à deux petits tous les deux ans.

Certains clients ont recours au clonage non pas pour l'esthétique, mais pour "ressusciter" un compagnon chéri, une envie que comprend bien M. Wani.

Car si la naissance d'Injaz a constitué le moment de sa carrière dont il est le plus fier, la mort de la chamelle a été difficile à surmonter.

"Elle est morte cette année. Quand nous sommes arrivés le matin, son utérus s'était rompu. Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour la sauver. C'était le moment le plus triste (de ma carrière)", confie-t-il.

AFP/VNA/CVN

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