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Une femme devant le buste d'Alfred Nobel, le fondateur du prix qui porte son nom, à Stockholm, le 10 décembre 2019. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Comme tous les ans, la médecine est la première à briller vers 11h30 à Stockholm (09h30 GMT), avant la physique mardi 6 et la chimie mercredi 7 octobre. En fin de semaine suivront les deux récompenses les plus attendues : littérature jeudi 8 et paix vendredi 9 octobre, à Oslo.
Ces deux dernières, sans doute les prix les plus célèbres dans le monde, concentrent habituellement les regards. Mais 2020, année d'une pandémie qui a fait de la science médicale un sujet d'interrogations quotidiennes à travers le monde, est exceptionnelle.
"La pandémie est une grande crise pour l'humanité" qui "illustre à quel point la science est importante", a relevé Lars Heikensten, le patron de la Fondation Nobel, qui organise les prix depuis plus d'un siècle sur la base du testament de l'inventeur suédois Alfred Nobel.
Improbable toutefois qu'un prix couronne des travaux liés directement au COVID-19.
"Nous ne sommes influencés en aucune manière par ce qui se passe dans le monde en ce moment", assure Erling Norrby, ancien secrétaire permanent de l'Académie suédoise des sciences, qui chapeaute aussi le plus récemment créé prix d'économie, remis le lundi 5 octobre suivant.
"Cela prend du temps pour qu'un prix puisse mûrir, souvent dix ans pour qu'on ait le recul nécessaire pour comprendre l'impact réel" d'une découverte, souligne l'expert suédois, lui-même virologue.
Le processus de désignation est absolument secret et l'Académie ne dévoile aucune des plusieurs centaines de nominations qu'elle reçoit chaque année par les personnes qualifiées de par le monde. Experts, journalistes et parieurs en sont donc réduits à des spéculations.
Cette année, les meilleurs "nobelologues" suédois et internationaux verraient bien le prix de médecine aller au tandem formé par l'Australien d'origine française Jacques Miller et l'Américain Max Cooper, lauréats du prestigieux prix américain Lasker l'an passé.
Hépatite, cancer ou lymphocites ?
Le scientifique australien Jacques Miller, à Tokyo, le 18 avril 2018. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Approchant tous deux les 90 ans - ils sont souvent considérés comme des "oubliés" du Nobel, ils seraient récompensés pour avoir découvert les lymphocytes B et T dans les années 60, une avancée considérable dans la recherche sur l'immunologie, notamment concernant les cancers... et les virus, y compris donc pour comprendre le SARS-CoV-2 responsable du COVID-19.
L'Américaine d'origine libanaise Huda Zoghbi pourrait elle se voir récompenser pour avoir identifié l'origine génétique du syndrome de Rett, une maladie se déclarant quelques mois après la naissance, essentiellement chez les filles, provoquant un grave handicap mental et moteur.
Autres femmes jugées bien placées : la Française Emmanuelle Charpentier et l'Américaine Jennifer Doudna pour le "CRISPR-Cas9", mis au point en 2012. Sous cet acronyme abscons se cache un outil génétique permettant de "couper" un gène précis, une révolution génétique avec des applications sur les cellules humaines. Leurs travaux pourraient alternativement leur valoir un prix en chimie.
Autres "usual suspects" : les Américain Dennis Slamon et Mary-Claire Kings (cancer du sein), l'Australien Marc Feldmann et le Britannique d'origine indienne Ravinder Maini (polyarthrite rhumatoïde).
À moins que le prix n'aille à la virologie, discipline star malgré elle de 2020 ? L'Allemand Ralf Bartenschlager et les Américains Charles Rice et Michael Sofia sont sur les rangs pour leurs travaux sur l'hépatite C.
Si les prix Nobel vont bien être annoncés comme prévu cette semaine, le coronavirus a entraîné l'annulation de la cérémonie physique de remise des prix, le 10 décembre à Stockholm. Une première depuis 1944.
Le ou les lauréats annoncés lundi 5 octobre, qui se partageront près d'un million d'euros, recevront leur prix dans leur pays de résidence.
En médecine ou dans les cinq autres domaines récompensés, cette édition 2020 est particulièrement ouverte.
Pour la paix, la liberté de la presse (Reporters sans frontières, Comité pour la protection des journalistes...) ou le climat, avec l'adolescente suédoise Greta Thunberg et les Fridays for Future, sont régulièrement évoqués pour succéder au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.
D'autres pronostiquent un prix pour un organe onusien, par exemple l'Organisation mondiale de la santé, ou pour l'Afghane Fawzia Koofi, féministe et militante des droits humains.
Pour la littérature, les critiques interrogés cette année par l'AFP ont évoqué une quinzaine de noms, avec des profils allant de l'Américano-caribéenne Jamaïca Kincaid à l'Albanais Ismaïl Kadaré en passant par la Canadienne Anne Carson.
À moins que Michel Houellebecq ou Maryse Condé, également cités, n'apportent un seizième prix à la France, en tête du nombre de lauréats en littérature.