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Aracelis Bonet, 50, agent immobilier, fait l'école à la maison pour son fils Adam Martinez, 14 ans, qui souffre d'autisme sévère, à Orlando, en Floride, le 1er octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Si j'avais été mère célibataire, je serais probablement SDF aujourd'hui", confie cette agente immobilière de 50 ans, depuis sa maison à Orlando, en Floride.
Adam, 14 ans, est autiste. Il a besoin de soins constants, matin, midi et soir, explique-t-elle. Une situation incompatible avec son métier qui requiert disponibilité et flexibilité.
La pandémie de COVID-19 est en train d'anéantir les lents progrès réalisés par les femmes ces dernières décennies en matière de participation au marché de l'emploi.
Une enquête effectuée entre les 16 et 24 juillet par le bureau des statistiques américain, montre que 24,4% des adultes âgés de 24 à 44 ans ne travaillaient pas en raison des problèmes de garde causés par la pandémie.
Mais la proportion des femmes (30,9%) était plus de deux fois et demie supérieure à celle des hommes (11,6%).
Le maintien de la fermeture de nombreuses écoles aux États-Unis est vivement critiqué par le président Donald Trump qui y voit un frein à la reprise économique. Le débat s'est invité dans la campagne avec son adversaire démocrate Joe Biden.
Au mieux, Aracelis Bonet parvient à travailler 15 heures par semaine contre 35 à 40 heures auparavant. Ses revenus ont déjà chuté de plus de la moitié.
"C'est très stressant et très frustrant", témoigne-t-elle, décrivant ses journées interminables pour faire progresser son fils sur tous les plans académique, social, psychologique - sans aucune aide - tout en s'efforçant le soir de conserver un minimum de clients. "Je suis mère, enseignante, thérapeute, je suis épuisée".
Aracelis Bonet à Orlando en Floride, le 1er octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En septembre, la participation au marché de l'emploi des femmes de 20 ans est tombée à 56,8% contre 69,9% pour les hommes.
À l'évidence, "le COVID-19 a exacerbé les inégalités entre les races, entre les revenus et entre les sexes", résume Diane Swonk, économiste en chef chez Grant Thornton.
Carrière brisée
Le risque est de creuser davantage l'écart entre hommes et femmes notamment dans l'accès aux postes à responsabilité dans les entreprises. Car quitter son emploi, c'est ralentir durablement la trajectoire d'une carrière, souligne l'économiste.
La presse scientifique, comme Nature ou le British medical journal, a montré que les chercheuses, contraintes d'assurer l'école à la maison, n'étaient pas épargnées: elles publient moins d'études que les hommes en cette période de pandémie.
Elles sont aussi moins nombreuses que les hommes à s'être lancées ces derniers mois dans de nouvelles recherches.
L'absence de garde d'enfants ou l'ouverture partielle des écoles empêchent aussi les femmes ayant perdu leur emploi d'en retrouver un rapidement.
C'est un peu la double peine, souligne Gregory Daco, chef économiste pour Oxford Economics.
"Car la pandémie a touché beaucoup plus durement les femmes qui occupaient des emplois du secteur des services, le plus affecté par la pandémie. Et, les statistiques montrent que le retour vers l'emploi est beaucoup plus lent pour les femmes que pour les hommes", souligne-t-il.
Engagement politique
Mary Proffitt, qui vit à Lexington dans le Kentucky (Sud), en fait partie. "Je vis avec mon fils âgé de 12 ans et mon père, 88 ans, atteint d'une leucémie", explique la sexagénaire qui était employée dans un restaurant avant d'être licenciée fin mars.
Pour elle, le retour au travail est illusoire car elle serait exposée au risque d'être contaminée par le coronavirus.
En l'absence d'assurance santé, de congés maladie payés et avec un père souffrant d'un déficit immunitaire, c'est tout simplement inenvisageable.
De plus, à quoi bon aller travailler à mi-temps pour payer des structures d'accueil "ridiculement chères" ?
Et de pester contre les républicains. "Avec les démocrates, nous ne serions certainement pas dans cette situation chaotique", opine-t-elle.
"Toute ma vie, j'ai été engagée politiquement. Depuis mars, je le suis davantage encore", dit-elle, même si elle ne pense pas que le vote des femmes lors du scrutin du 3 novembre puisse faire la différence dans un État, acquis aux républicains, comme le Kentucky.