Dans le numéro spécial du Têt 2012, Le Courrier du Vietnam a livré une présentation sommaire du poète Xuân Diêu, qui a peut-être éveillé un intérêt chez certains d’entre vous. Auteur de nombreux essais, nouvelles et critiques littéraires, il est surtout un poète, considéré comme le prince de la poésie vietnamienne. Le présent article n’a pas l’ambition de donner un regard complet sur sa poésie mais juste d’aborder quelques traits de son tableau de printemps.
Une mise en image de son prénom
Photo : Net/CVN |
Le printemps est la saison de la renaissance et du renouveau où la nature nous offre toutes ses merveilles. Le printemps est aussi la saison de la jeunesse et de la vitalité lorsque nos pensées se tournent vers l’amour. Printemps-Nature-Amour, ce trio reste inséparable dans le tableau de printemps du poète, qu’il crée avec douceur et élégance. Le lecteur ne lit pas, il regarde son tableau sensuel et romantique, il écoute son tableau qui chante. Chaque élément de la nature y a une âme et une voix qui leur permettent de communiquer, de se lier, d’amitié ou d’amour. La communion entre la nature et l’être humaine procure au lecteur une allégresse pleine, la beauté harmonieuse du printemps insuffle au lecteur un amour renouvelé pour la vie.
Étant l’un des pionniers du mouvement de la «Poésie nouvelle», Xuân Diêu a tendance à s’échapper du carcan mandarinal. Il laisse librement jaillir son inspiration : les mots coulent de sa plume, vifs, frais et d’une intense ferveur. Ses créations aux images fortes et aux allégories parfois osées lui valent la réticence de certains mais font l’admiration de beaucoup d’autres, et cet enthousiasme ne faiblit pas au fil des années. Certains critiques vont jusqu’à considérer son tableau comme le résultat d’une mise en image de son prénom «Printemps merveilleux».
Une volonté de vivre pleinement la vie
Le printemps, c’est la vie. Xuân Diêu aime le printemps et en même temps se soucie de son évanescence. Il ne tombe pourtant pas dans les notes plaintives et désespérées mais les empreint toujours d’une aimable volonté. Pour lui, vivre, c’est jouir du temps présent, c’est savourer la beauté, la perfection de chaque instant. L’émotion donne l’élan, et l’élan ne sait pas attendre, il s’accélère au rythme des palpitations de son cœur avant d’être transmis au lecteur :
Je voudrais étreindre en un gros baiser
Et monts, et eaux, et herbes, et fleurs ;
Je serais grisé des parfums, soûlé des lumières,
Et rassasié des quintessences du temps de verdeur ;
- Ô printemps rose, comme je voudrais te mordre ! (Vội vàng - Hâtons-nous !)
Aujourd’hui, le prince de la poésie vietnamienne n’est plus de ce monde, mais son «Printemps merveilleux» et sa volonté de déguster pleinement la vie nous ont été légués. À l’aube d’un nouveau printemps, rendons-lui hommage par ce sourire de fraîcheur.
Minh Phuong/CVN