>>Présidentielle au Gabon : la campagne s'ouvre après des semaines d'invectives
Les électeurs (628.124 inscrits au total) ont voté le 27 août en nombre et dans le calme. Mais la fermeture des bureaux de vote a sonné l'heure de tous les dangers : le dépouillement et la centralisation des résultats, avant la proclamation du vainqueur du vote à un tour, attendue à partir du 29 août.
Une manifestation de soutien à Jean ping devant un panneau pour la campagne d'Ali Bongo, à Libreville, le 26 août 2016. |
La bataille des annonces contradictoires a commencé dès le 27 août. "Nous sommes en mesure d'affirmer que notre candidat, Ali Bongo Ondimba, emportera la victoire (...) Nous sommes déjà en route pour un second mandat", a déclaré vers 23h15 (22h15 GMT) son porte-parole Alain-Claude Bilie-By-Nze, reconnaissant "qu'aucun chiffre ne peut et ne doit être avancé à ce stade".
"Sur 20% des suffrages que nous avons enregistrés, Ali Bongo Ondimba a moins de 40% et Jean Ping, plus de 57%", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'opposant, Jean-Gaspard Ntoutoume.
Les accusations de fraudes ont aussi commencé à fuser de part et d'autre, malgré la présence de dizaines d'observateurs européens et africains qui doivent garantir un processus électoral "clair et transparent", comme l'a répété M. Bongo le 27 août.
"Nous avons noté des fraudes massives en particulier dans les zones où les représentants de l'opposition ont pu arriver dans les bureaux de vote en premier", a accusé le porte-parole d'Ali Bongo.
"En face, nous savons qu'ils préparent la triche, c'est à vous d'être vigilants", a lancé M. Ping à la presse après avoir voté. Ses partisans ont tenu à assister au dépouillement dans de nombreux bureaux.
"Le jour de gloire"
Veste bleu marine et chemise bleu ciel, Ali Bongo, 57 ans, a voté près du palais du bord de mer, siège de la présidence qu'il occupe depuis sa première élection en 2009 après la mort de son père Omar, au pouvoir pendant 41 ans.
"Je suis serein", a assuré le chef de l'État au terme d'une campagne à l'américaine avec pour slogan "Changeons ensemble".
Son équipe a déclaré qu'elle accepterait "le résultat de cette élection, quel qu’il soit", demandant à "l'opposition d’éviter les provocations politiques".
"Le jour de gloire est arrivé!", a proclamé quant à lui M. Ping, 73 ans, ex-patron de l'Union africaine (UA) et surtout ex-ministre de Bongo père dès les années 1980.
Compagnon dans le passé d'une fille d'Omar Bongo, M. Ping n'en promet pas moins "la première alternance et la deuxième indépendance du Gabon".
"On veut sanctionner le PDG", le parti au pouvoir, lance l'une de ses électrices, Dolorès, dans un bureau mêlant classes moyenne et populaire à la sortie de la ville. Et la jeune femme d'énumérer une litanie de problèmes sociaux : "pauvreté", "pas de travail", "pas de médicaments", "routes à moitié construites"...
Les observateurs de l'Union européenne (UE) et de l'Union africaine (UA) n'ont fait état d'aucun incident, à part des retards à l'ouverture dans plus de la moitié des bureaux.
Tout juste le démantèlement d'un "bureau de vote parallèle" dans un quartier de Libreville a-t-il suscité quelques tensions en début de journée.
Le vote s'est également déroulé dans le calme à Port-Gentil, la capitale économique, où des violences avaient éclaté en 2009 après l'élection d'Ali Bongo. "La meilleure façon de chasser Ali et toute sa bande de danseurs, c'est dans les urnes", a déclaré à l'AFP une électrice, Françoise Mba.
"J'ai voté pour donner un coup de pied à cette bande de fausse opposition qui n'a pas de projet pour le pays", assurait au contraire Steve, 32 ans.
AFP/VNA/CVN