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Pendant leurs recherches sur les beaux-arts indochinois, les collectionneurs Lê Quang Vinh et Pham Quôc Dat découvrent en 2018 par hasard un article d’une jeune Américaine sur l’exposition "Le Trésor oublié" du peintre Trân Phuc Duyên, tenue en Suisse. Ils décident alors de partir pour l’Europe et y apprennent qu’après le décès de l’artiste en 1993, faute d’héritiers, ses œuvres ont été placées dans des malles et entreposées dans un château non loin de Bern.
Les collectionneurs Lê Quang Vinh (gauche) et Pham Quôc Dat. |
Photo : Vietnamnet/CVN |
C’est donc ainsi que quelque 100 œuvres d’art sont tombées dans l’oubli, jusqu’en 2013, lorsque le nouveau propriétaire du château les découvre. Il contacte alors Trân Tuong Vân, nièce du peintre, dans le but d’en commercialiser certaines mais aussi d’en exposer d’autres.
En 2018, lors que les deux collectionneurs apprennent cette histoire, certaines œuvres étaient déjà vendues tandis que d’autres étaient gardées dans des conditions sous-optimales. "En voyant des œuvres mises sur le sol, nous avons éprouvé une grande tristesse. Nous avons alors décidé d'utiliser l’intégralité de nos épargnes pour les racheter", raconte M. Quôc Dat.
Quôc Dat et Quang Vinh prennent alors la route pour Paris dans le but d’y rencontrer Mme Tuong Vân. Ils lui racontent leur souhait de se procurer l’ensemble des œuvres de son oncle pour les exposer au Vietnam.
Une fois les tableaux possédés, Lê Quang Vinh et Pham Quôc Dat contactent des professionnels dans le but de les restaurer. Étant donné qu’ils avaient été réalisés avec une combinaison de matériels d’Europe et d’Asie, leur rénovation rencontrent des difficultés puisqu’il fallait bien garder la palette et l’âme de l’artiste.
Une exposition de grande ampleur
Le peintre Trân Phuc Duyên et sa création "Le paysage de Saigon". |
Photo : Vietnamnet/CVN |
L’exposition "Hoa duyên tuong ngô : Trân Phuc Duyên" (Rencontre entre l'art et le destin : Trân Phuc Duyên) aura lieu du 22 juillet au 6 août au musée d’art Quang San à Hô Chi Minh-Ville, pour le 100e anniversaire du peintre (1923-2023).
Elle rassemblera quelque 150 tableaux et 300 croquis et artefacts accumulés par Lê Quang Vinh et Pham Quôc Dat mais aussi par d’autres collectionneurs, la famille du peintre et le musée. S’étalant sur deux étages pour une superficie totale de 600 m², les œuvres sont séparées en grands thèmes afin de retracer avec précision la vie artistique de Trân Phuc Duyên.
Trân Tuong Vân rentrera au Vietnam pour le vernissage de l’exposition. Depuis la mort de son oncle, elle vit dans la tristesse et ne veut pas parler de ses tableaux. Après sa rencontre avec deux collectionneurs vietnamiens, tout change et elle accepte d’écrire un livre documentaire sur celui-ci.
"Je suis très heureuse d’être de retour au Vietnam pour les 100 ans de la naissance de mon oncle. Cette exposition de ses œuvres est aussi une manière pour l'amener retrouver sa terre natale après avoir vécu tant de temps en Europe", déclare-t-elle.
Trân Phuc Duyên est né dans une famille aisée et intègre en 1941 l’École des beaux-arts d'Indochine. Après la fermeture de l’établissement en 1945, il s’en va vivre et créer à Hanoï. En 1950, trois de ses tableaux sont choisis pour être envoyés au Vatican en tant que cadeau pour le Pape. La première exposition portant sur ses œuvres a lieu en 1952 à Hô Chi Minh-Ville.
"Le reflet de l'eau" de Trân Phuc Duyên. |
Photo : Vietnamnet/CVN |
En 1954, avec ses frères, l’artiste immigre en France où il exerce son art à l’atelier de Jean Souverbie et à l’École supérieure des beaux-arts de Paris. Il organise même une exposition à Nice en 1961. Au cours des sept années suivantes, Trân Phuc Duyên tiendra huit expositions privées dans plusieurs pays d’Europe dont l'Espagne, la France et la Suisse. Il décide en 1968 de déménager en Suisse pour y passer le restant de sa vie.
Après 1980, le peintre outrepasse son style de la laque poncée traditionnelle avec des tableaux de grand format pour se tourner vers des formes plus abstraites. Au final, en dehors de 20 tableaux dépeignant le paysage européen, la quasi-totalité de ses œuvres se centrent sur le Vietnam, son paysage et sa population.
"Dans les œuvres de Trân Phuc Duyên, tout est fait pour y retrouver une sorte de rêve et de tranquillité. L’artiste a su dépasser la réalité des choses pour dépeindre leur unité profonde, c’est pourquoi ses dernières œuvres sont exécutées d’une manière splendide", apprécie le critique Jean-Claude Phibet lors d'une exposition de Trân Phuc Duyên en 1983 en Suisse.
Gia Bao - Léo Renaud/CVN