Cette première doit permettre de récolter des indices inédits sur l'origine du système solaire. "On est arrivé à la comète", a fièrement lancé à 09h29 GMT (11h29 heure de Paris) Sylvain Lodiot, responsable des opérations de vol de Rosetta à l'Agence spatiale européenne (ESA), depuis le Centre de contrôle de Darmstadt (Allemagne).
Une équipe de scientifiques suivent la trajectoire de la sonde spatiale européenne Rosetta, le 6 août à Darmstadt, en Allemagne |
Pour le prouver, la sonde a envoyé trois heures plus tard de nouvelles images étonnantes, prises à l'aide de sa caméra Osiris depuis son point de rendez-vous, à 100 km de la comète. Relief lisse ou escarpé, rochers à la surface, "cou" reliant les deux lobes du noyau: avec une résolution de 2,4 mètres, on peut y découvrir des détails inédits de Tchourioumov-Guérassimenko, baptisée "Tchouri" par certains scientifiques.
Que l'on ne s'y trompe pas, ces clichés où le gris domine sont retravaillés par ordinateurs et ne reflètent pas fidèlement les couleurs de la comète, "en réalité encore plus noire que de l'asphalte frais", souligne un expert de l'ESA.
Lancée en 2004, Rosetta a parcouru au total plus de six milliards de km dans l'espace, effectuant quatre orbites autour du Soleil et frôlant à trois reprises la Terre et une fois Mars pour accélérer sa course.
Et c'est à plus de 400 millions de km de notre planète, quelque part entre Jupiter et Mars, que la sonde s'est enfin positionnée mercredi près de Tchouri, qui file dans le vide spatial à quelque 55.000 km/h.
"La sonde européenne Rosetta est désormais le premier véhicule spatial de l'histoire à avoir effectué un rendez-vous cométaire, ce qui constitue un jalon majeur dans l'exploration de nos origines. C'est maintenant que les découvertes vont vraiment commencer!", s'est réjoui le directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain.
Si tout se passe comme prévu, Rosetta ne lâchera plus d'une semelle la comète, l'escortant dans sa course vers le Soleil, dont elle passera au plus près en août 2015.
Equipée de 11 instruments scientifiques (caméras, spectromètres, analyseurs de poussière et de particules...), Rosetta va étudier sous toutes les coutures le noyau de la comète, ainsi que les gaz et la poussière éjectés (la coma ou "chevelure") à son approche du Soleil.
Atterrir sur la comète
Jean-Jacques Dordain, directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), le 6 août au centre de contrôle de l'ESA à Darmstadt |
Et le 11 novembre, elle tentera un autre tour de force spatial et scientifique : larguer sur la comète son robot-laboratoire Philae, grand comme un réfrigérateur et lui aussi bardé de capteurs.
"Rosetta est une mission unique, unique par son objectif scientifique, la compréhension de nos origines, qui est sûrement le meilleur moyen de comprendre notre futur", a souligné M. Dordain.
Les comètes sont en effet considérées comme des témoins de la matière primitive à partir de laquelle s'est formé le système solaire, il y a 4,6 milliards d'années. Elles pourraient même pour certains scientifiques détenir la clé de l'origine de la vie sur Terre.
Désormais parvenue à destination, la sonde doit ensuite "diminuer graduellement sa distance et la véritable mise en orbite aura lieu à partir de mi-septembre", quand Rosetta ne sera plus qu'à 60 km d'altitude, dans le champ de gravité de la comète, selon le Cnes, l'agence spatiale française.
Rosetta va encore se rapprocher de Tchouri, glanant au fur et à mesure de ses observations des informations sur la forme, la masse et l'intensité du champ gravitationnel du noyau. Autant d'éléments indispensables pour déterminer les meilleurs sites possibles pour le largage de Philae qui poursuivra les investigations sur le terrain.
AFP/VNA/CVN