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Un homme portant un masque dans l'église Agios Dimitrios de Thessalonique le 17 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Notre priorité est de sauver des vies et la santé publique, c'est pourquoi nous avons imposé plus tôt que d'autres pays européens des mesures extraordinaires (...) pour limiter l'expansion du virus et renforcer le système de la santé", a souligné mardi le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis.
Dès son premier mort, le 12 mars, et avec à peine 117 cas de COVID-19, le gouvernement grec dégainait une série de mesures drastiques : fermeture des écoles, universités, crèches, des cinémas, théâtres et lieux de divertissement. Avant de monter en puissance les jours qui ont suivi, en fermant encore les musées et sites archéologiques, les bars et restaurants, les commerces et les hôtels.
Depuis dimanche 15 mars, les voyageurs arrivant de l'étranger sont placés en quarantaine pour 14 jours, et les amendes en cas de violation des consignes s'élèvent jusqu'à 5.000 euros. Jeudi 19 mars, une semaine après les premières mesures, le nouveau coronavirus avait fait six morts et contaminé 464 personnes en Grèce sur une population de 10,7 millions.
"La Grèce a pris des mesures à temps, l'exemple de l'Italie voisine a choqué tout le monde", explique à Kyriakos Souliotis, professeur de politique de la santé à l'Université du Péloponnèse. Le pays n'avait pas d'autre choix que "de réagir rapidement avant que les cas se multiplient et que les hôpitaux soient surchargés. Son système sanitaire avec ses problèmes chroniques est très affaibli après la crise de la dette" (2010-2018), observe Penny Zorzou, spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital de l'île de Chios.
"L'objectif est de gagner du temps avec des mesures sévères pour éviter la multiplication soudaine des cas de coronavirus" et éviter "l'écroulement" éventuel du système de santé, estime encore Penny Zorzou. Pendant la crise, les coupes dans les dépenses publiques et la fuite à l'étranger de centaines de milliers de Grecs dont de nombreux médecins, ont lourdement impacté le secteur public de santé qui peine à se redresser.
"Le pays ne dispose que de la moitié de la moyenne européenne du nombre de lits dans les unités de soins intensifs", précise Kyriakos Souliotis. Les hôpitaux manquent de personnel et d'équipements sanitaires essentiels, et des experts ont souligné la pénurie de tests de dépistage au COVID-19. Certains analystes dénoncent aussi le caractère prohibitif et sélectif des tests en Grèce, ce qui empêche d'avoir une image globale de la situation à travers le pays.
"Bombe sanitaire"
"Nous sommes au début d'une bataille qui sera difficile surtout pendant les deux prochains mois", a prévenu Kyriakos Mitsotakis. Le Premier ministre a critiqué les pays "qui ont refusé de prendre des mesures dynamiques" contre le coronavirus, faisant allusion au Royaume-uni.
Des policiers grecs portant un masque à un barrage routier près du village de Dragasia près de Kozani le 17 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Lui a décidé d'exhorter très vite ses concitoyens à "rester chez eux" afin de "laisser plus de temps au système de santé pour s'occuper des cas urgents". Pour combler les lacunes du secteur, le gouvernement a annoncé l'embauche, en contrats de deux ans, de 2.000 médecins et personnels hospitaliers, ainsi que la mise à la disposition de 1.900 lits supplémentaires dans un hôpital près d'Athènes.
Autre casse-tête pour Athènes : les dizaines de milliers de migrants entassés dans des camps sordides. Une véritable "bombe sanitaire" pour le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas, selon lequel les risques de propagation du coronavirus sont plus élevés quand les migrants sont libres de se déplacer. Pour l'heure, aucun cas de coronavirus n'a été enregistré dans les camps.
Mais des restrictions ont été imposées dès cette semaine sur les allers et venues des migrants, qui ne sont plus autorisés qu'à sortir en petits groupes sur des tranches horaires définies. Les visites dans les camps sont également réduites au minimum. "Ces mesures sont très positives", se félicite Penny Zorzou. "L'objectif est de réduire le contact des migrants avec la population autochtone qui se déplace plus qu'eux et se trouve potentiellement plus exposée au virus que les résidents des camps", ajoute l'experte.
AFP/VNA/CVN