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Huynh Phong Bao, 11 ans, et son petit frère de 8 ans, Huynh Dai Phong, vivent dans une ruelle du chef-lieu de Ninh Hoà, dans la province centrale de Khanh Hoà, où ils ont appris à jouer de la musique, et à se produire pour gagner de l'argent afin d’aider leur mère à s'occuper de leur père dans un état végétatif.
La musique avant d’apprendre à lire
Ils pouvaient jouer de la musique avant même d'apprendre à lire et écrire, même s'ils n'ont jamais reçu d'éducation formelle en la matière. Apprendre la musique est un luxe dans leur quartier pauvre où la plupart des gens sont de modestes agriculteurs. Pham Thi Ngoc Châu, la mère de Bao et de Phong, est toujours incapable de comprendre comment ses garçons ont pu apprendre si vite. Contrairement à leurs parents qui, tous deux, sont à peine alphabétisés et ignorants de toutes choses de cet art majeur, les deux garçons ont un don pour le solfège, et ce depuis leur plus jeune âge.
Bao et Phong peuvent jouer plusieurs morceaux, bien qu’ils n'aient jamais pris de cours de musique. |
«Chaque fois que Bao et Phong ont du temps libre, c’est-à-dire, en général, après s’être occupé des buffles au champ, tous les jours, ils fabriquent leurs propres instruments de musique à partir d'ustensiles de cuisine et de divers déchets, qui leur permettent de jouer des mélodies accrocheuses», confie Châu. Ainsi, l'un d'entre eux a fait une guitare «maison» en utilisant une boîte à biscuits comme caisse. Impossible de se procurer un kit de percussion, ils utilisent des canettes de bière et des couvercles de pot. «Nos outils de fortune produisent des sons superbes, mais maintenant ils sont rouillés», explique le petit garçon.
La famille de ces deux petits garçons a subi en 2013 un coup du sort, dévastateur, lorsque leur père, le soutien de toute la famille, a subi un traumatisme cérébral. Il n’en est pas mort, mais depuis, il est plongé dans un état végétatif permanent. Les grands-parents et les voisins fondent en larmes à la vue de ces deux frères qui jouent de leurs instruments à côté de leur père immobile.
Parfois, ils se tournaient vers lui, en demandant naïvement : «Est-ce que nous faisons du bon travail, papa? Souris, papa !». Un homme de cœur a choisi d'aider la famille, en collectant de l’argent pour acheter à Bao et à Phong un clavier et une batterie électronique afin qu’ils puissent pratiquer et se produire pour gagner de l’argent pour leur famille.
Jouer de la musique pour aider leurs parents
Il n'a fallu que quelques mois aux deux garçons pour maîtriser leurs nouveaux instruments. «Nous écoutons des airs de la télévision et de téléphones mobiles et nous apprenons à les jouer. C'était difficile au début, mais les choses se sont rapidement améliorées», partage Phong. Châu, la mère des garçons, qui souffre du cœur, ne peut avoir un travail fatigant, alors que l'état de son mari a plongé la famille dans d’énormes difficultés financières.
Sur scène. |
Connus dans le quartier et les localités adjacentes pour leurs compétences remarquables, les garçons ont reçu de nombreuses invitations à participer à des mariages et à des fêtes. Bao et Phong chantent également, à la demande, lors de leurs performances.
Les deux garçons sont toujours accompagnés par leur mère ou leur grand-mère pendant leurs représentations. «Cela ne les dérange pas de voyager loin. Une fois, ils ne sont rentrés chez eux qu’à 02h00 du matin, après avoir participé à une réception de mariage, à plusieurs dizaines de kilomètres. Fatigués et trempés par la pluie, ils ont juste pris quelques heures de repos avant d’aller à l'école le lendemain matin», se rappele Châu.
Ils donnent tous leurs gains à leur mère pour acheter des médicaments pour leur père et payer leurs frais de scolarité. Bao et Phong jouent souvent de la musique après être rentrés de l'école, «car de la musique apaisante rend heureux notre père». Phan Dinh Lâm, le directeur de l'école primaire des deux garçons, note que l'histoire de ces deux garçons est un exemple pour les autres élèves, et même pour les adultes.
Thuy Hà/CVN