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Des femmes vietnamiennes en tunique traditionnelle "áo dài". |
Photo : Linh Thao/CVN |
L’ao dài est le costume traditionnel des femmes vietnamiennes. Les deux pans élégants de la tunique, généralement de fine soie avec des broderies ou des teintures, près du corps, mettent en valeur la femme qui la porte. Pour créer une tenue convenant parfaitement à sa propriétaire, la technique de confection est importante, de la coupe à la couture.
L’ao dài «made in Trach Xa» se distingue particulièrement par la perfection de sa coupe et la finesse de ses coutures. Chose surprenante, presque toutes les étapes de confection clés, qui a priori ne pourrait relever que de la délicate habileté d’une femme, sont réalisées par des hommes. Car depuis sa naissance, ce métier est transmis de génération en génération aux hommes et non aux femmes.
Concernant cette tradition, Nghiêm Van Dat, directeur de la coopérative de confection d’ao dài de Trach Xa, explique qu’autrefois, les artisans devaient, après le Têt traditionnel, se déplacer dans toute la région et le pays pour exécuter leurs commandes sur place. «Les voyages lointains conviennent mieux aux hommes, les femmes restant à la maison pour s’occuper des enfants et des affaires familiales. Raison pour laquelle, dans notre village, le métier est pratiqué par les hommes», raconte M. Dat.
À Trach Xa, presque toutes les étapes clés de la réalisation d’un "ao dài" sont faites par les hommes.
Faire connaissance avec l’aiguille à 6 ans
Aujourd’hui, les tailleurs de Trach Xa peuvent ouvrir leurs propres boutiques dans le village pour commercialiser leurs produits. Avec les évolutions de la société, les femmes participent elles aussi, partiellement, au métier, mais selon les statistiques des autorités du village, à Trach Xa, 90% des tailleurs sont des hommes.
Nguyên Van Nhiên, 84 ans, fort de ses 65 années d’expérience, explique que pour devenir tailleur, un garçon fait connaissance avec l’aiguille et le fil dès l’âge de 6 ans. À 12 ans, il maîtrise les techniques de la coupe et de la couture à la main sur de la soie fine. C’est alors qu’il commence à apprendre le métier de tailleur. «En général, l’apprentissage nécessite trois à quatre ans. Pour devenir un artisan talentueux, il faut cinq à dix ans», affirme M. Nhiên.
L’ao dài de Trach Xa a ses personnalisations. Le tailleur prend soigneusement les mesures de chaque client avant de le confectionner : en d’autres termes, il n'y a pas de technique de production en masse concevable pour fabriquer cette tenue, tout simplement parce que cela n’est pas possible...
Des tuniques de Trach Xa présentées lors du Festival de l’áo dài de Hanoï 2016. |
Photo : CTV/CVN |
Les tailleurs de Trach Xa sont appréciés pour la précision de leurs prises de mensurations. Les villageois se transmettent l’histoire du tailleur Ta Van Khuât, une fierté du village. Sous le règne du roi Bao Dai (1925-1945), le 13e et dernier roi de la dynastie des Nguyên (1802-1945), Ta Van Khuât avait été invité à la cour pour faire des tenues pour le roi et la reine Nam Phuong.
Bien que devant rester à une dizaine de mètres de ces deux hauts personnages inapprochables, sa capacité d’estimation des mensurations à distance lui a permis de faire des tenues allant parfaitement au couple royal.
Trach Xa, un gage absolu de qualité
«Pour confectionner une belle tunique, il faut choisir soigneusement le style, la couleur, l’étoffe et les motifs de décoration. Ce qui caractérise le plus l’ao dài de Trach Xa, c’est la souplesse des pans, qui exige du tailleur une attention absolue dans les mensurations, dans la coupe et pour les coutures faites à la main», exprime Dô Minh Thuong, plus de 30 ans d’expérience.
Selon lui, autrefois, une tunique était faite entièrement à la main. Il fallait alors trois à quatre jours pour réaliser une pièce. Aujourd’hui, elle est confectionnée partiellement à la machine, ce qui permet de raccourcir la durée de confection. Compte tenu de l’appréciation de leur travail par leur clientèle, plusieurs tailleurs de Trach Xa ont ouvert des maisons de couture au centre-ville de la capitale, notamment dans les rues Luong Van Can, Khâm Thiên, Câu Gô, et Huê.
Bon nombre de femmes de Hanoï, de Hai Phong ou de Hô Chi Minh-Ville, lorsqu’elles choisissent un ao dài, pensent d’abord à Trach Xa, qui est un gage absolu de qualité. Ce produit de prestige est aussi connu des touristes étrangers qui le choisissent comme souvenir, lors d’un voyage à Hanoï.
Linh Thao/CVN