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Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement, lors d'une interview au siège de l'ONU à New York, le 21 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous ne sortirons pas de ce pétrin par le recyclage", a déclaré Mme Andersen à l'AFP jeudi 21 septembre, appelant à agir sur "toute la chaîne", comme la refonte des produits de consommation.
Il y a deux semaines, la première version du futur traité international contre la pollution plastique, dont la finalisation est espérée d'ici fin 2024, a été publiée.
Elle reflète le large éventail d'ambitions des 175 pays impliqués, et le décalage entre ceux qui plaident pour une réduction de la production des polymères de base et ceux qui insistent sur la réutilisation et le recyclage.
"Il y a différentes voies d'accès vers des solutions. Mais je pense que tout le monde reconnaît que le statu quo n'est simplement pas une option", assure Mme Andersen dans un entretien avec l'AFP en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, appelant à attaquer cette pollution à large échelle sur tous les fronts.
D'abord "éliminer autant que possible les plastiques à usage unique" et "tout ce qui n'est pas nécessaire", note-t-elle, jugeant par exemple "stupide" d'emballer oranges ou bananes déjà protégées "par la nature elle-même".
Ensuite, "il faut penser au produit lui-même : est-ce qu'il doit forcément être liquide, est-ce qu'il pourrait être en poudre, compacté, ou concentré ?", dit-elle, racontant comment en entrant dans un supermarché elle se rend directement au rayon des savons pour voir si des versions solides sont proposées.
"Nous devons réduire l'offre de nouveaux polymères bruts", option évoquée par le projet de texte, insiste-t-elle.
L'océan, "héritage collectif"
Parce que certes, "nous devons recycler autant que nous pouvons, mais vu l'augmentation de l'utilisation du plastique, il est clair que nous ne sortirons pas de ce pétrin par le recyclage".
La production annuelle de plastiques a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait. Or, seulement 9% est recyclé.
"Si nous continuons à injecter tous ces polymères bruts dans l'économie, il n'y a aucune chance de stopper le flot de plastique vers l'océan", met en garde Inger Andersen. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des déchets de toutes tailles se retrouvent de nos jours au fond des océans, dans l'estomac des oiseaux et au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta.
"Si nous continuons à injecter tous ces polymères bruts dans l'économie, il n'y a aucune chance de stopper le flot de plastique vers l'océan", met en garde Inger Andersen.
Un océan dont la santé est capitale pour l'avenir de l'humanité.
Le futur traité sur la pollution plastique viendrait alors compléter l'arsenal pour le protéger, dont le nouveau traité historique pour protéger la haute mer signé cette semaine par quelque 70 pays.
"Le fait que nous allons de l'avant pour protéger cette partie de l'océan au-delà des juridictions nationales est incroyablement important", commente-t-elle.
"Je suis vraiment très contente, et le monde entier devrait l'être, parce que c'est notre héritage collectif".
Les défenseurs de l'océan espèrent que le traité sur la haute mer, qui prévoit notamment la création d'aires marines protégées dans ces eaux internationales, pourra entrer en vigueur en 2025, seul espoir de respecter l'engagement pris par la communauté internationale de protéger 30% des océans d'ici 2030.
"Avec détermination, je reste optimiste que nous y parviendrons".
AFP/VNA/CVN