Plusieurs pays européens traquent un stock de viande frauduleuse importée de Pologne

Plusieurs pays de l'Union européenne, dont la France, cherchent depuis vendredi 1er février à localiser, pour la détruire et en empêcher la consommation, de la viande de boeuf frauduleuse en provenance de Pologne, dont près de trois tonnes ont été exportées dans l'Union européenne.

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L'abattoir Elkopol à Kalinowo, dans l'Ouest de la Pologne, d'où provient la viande illégale, le 1er février 2019.
Photo: AFP/VNA/CVN

Varsovie affirme que la viande, issue de l'abattage illégal de bêtes potentiellement malades, révélé par le reportage d'une télévision polonaise, ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs.

Mais en France notamment, les services sanitaires ont découvert près de 800 kg de cette viande frauduleuse, a annoncé vendredi 1er février le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, estimant que les entreprises françaises avaient été "dupées".

Si environ 500 kg ont été récupérés et détruits, 150 kg "ont été vendus au consommateur via notamment des boucheries", a indiqué vendredi soir 1er février le ministère. Les services sanitaires français recherchent encore les 150 kg restants.

L'émotion en France est d'autant plus grande que s'y déroule actuellement le procès des "lasagnes au cheval", une fraude portant sur 500 tonnes de viande de cheval, achetée notamment en Roumanie via les Pays-Bas et vendue frauduleusement comme étant du bœuf par une entreprise française.

"J'espère que cette affaire va réveiller les Européens avec des contrôles vétérinaires aux frontières, afin que les mêmes garanties soient offertes sur la viande importée que sur la viande made in France", a estimé un responsable de l'interprofession française de la viande Interbev Bovins, Guy Hermouet.

Cette fois, ce sont au total 2,7 tonnes de viande polonaise provenant d'un abattoir du village de Kalinowo qui ont été exportées vers 13 pays (Allemagne, Finlande, Hongrie, Estonie, Roumanie, Suède, France, Espagne, Lettonie, Lituanie, Portugal, Slovaquie et la République Tchèque), selon la Commission européenne.

Une équipe d'experts européens se rendra en Pologne du 4 au 8 février pour évaluer la situation sur place.

La Pologne a immédiatement fermé l'entreprise concernée et le chef des services vétérinaires, Pawel Niemczuk, a déclaré que l'expertise de la viande saisie avait démontré qu'elle ne présentait aucun danger pour la santé des consommateurs.

Vaches malades

Les services sanitaires du ministère de l'Agriculture ont retrouvé "795 kilos" de viande avariée polonaise dans "neuf entreprises" du secteur agroalimentaire en France.
Photo: AFP/VNA/CVN

L'affaire avait été révélée par la chaîne de télévision privée TVN24, dont un journaliste s'est fait embaucher par le petit abattoir dans la région d'Ostrow Mazowiecka, dans le Nord-Est de la Pologne.

L'enquête journalistique a révélé que des marchands proposaient par petites annonces d'acheter des vaches malades, pour un prix très inférieur à celui des animaux sains, ce qui soulève des questions sur l'usage qui en est fait.

Des images filmées par TVN24 ont révélé que des vaches paraissant très affaiblies étaient abattues de nuit dans l'abattoir en question par quelques employés de confiance, échappant ainsi aux contrôles vétérinaires officiels effectués de jour.

La Commission européenne, alertée par les autorités polonaises, n'a pas exprimé de jugement sur la qualité de la viande suspecte. Elle a rappelé que "la pratique de traîner les animaux incapables de marcher, comme cela est décrit (dans le reportage polonais), est interdite par la législation de l'Union Européenne sur la protection des animaux dans les abattoirs".

Enquête policière

Des vaches paissent une prairie près de Varsovie, le 18 août 2013.
Photo: AFP/VNA/CVN

Le ministre polonais de l'Agriculture Jan Krzysztof Ardanowski a déclaré vendredi 1er février qu'une enquête policière avait été ouverte "sur les propriétaires de l'abattoir et tous ceux qui ont participé à ce procédé".

"Il n'y aura aucune tolérance dans cette affaire", a ajouté le ministre aux journalistes, reconnaissant qu'elle aurait un impact sur l'image des exportations de produits alimentaires polonais.

Interrogé mercredi soir 30 janvier, il avait estimé qu'il s'agissait d'un "incident isolé".

"Nous avons affaire à une pathologie: sur un site, des vaches malades étaient abattues à l'insu et sans le feu vert des vétérinaires", avait-il dit à la chaîne publique TVP Info.

"Le marché polonais est inquiet, sur toute la chaîne", a dit le président de l'Association polonaise de producteurs de bétail à viande PZPBM, Jerzy Wierzbicki, et les prix du bœuf "ont baissé d'environ 7% par rapport au début de la semaine".

Il a assuré, à la vue des images, que les vaches abattues n'étaient pas malades mais "contusionnées".

Pour la Pologne, les conséquences de l'affaire peuvent être lourdes. Entre 80% et 90% de la production polonaise de viande de bœuf sont exportés, surtout vers l'Union européenne, mais aussi vers des pays tiers.

 

En 2018, la totalité des exportations polonaises de bœuf a atteint environ 415.000 tonnes, a indiqué M. Wierzbicki.
 

AFP/VNA/CVN

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