>>La Fed s'apprête à tourner la page du stimulus monétaire
La présidente de la Fed, Janet Yellen, à Washington, le 12 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À partir d'octobre, la Banque centrale va réduire ses investissements dans les bons du Trésor et titres hypothécaires, a-t-elle annoncé à l'issue d'une réunion de son comité monétaire. Ces mesures monétaires exceptionnelles, appelées QE (pour quantitative easing ou assouplissement quantitatif), avaient été prises après la crise financière de 2008 pour doper la reprise économique.
La Fed a par ailleurs laissé ses taux d'intérêt inchangés dans la fourchette de 1% à 1,25%, indique le communiqué du Comité monétaire (FOMC).
La banque centrale va donc commencer à dégonfler son énorme bilan, fort du montant record de 4.500 milliards d'actifs (bons du Trésor et titres appuyés sur des créances hypothécaires), en cessant de réinvestir dans les titres qui arrivent à maturité.
Elle va le faire très progressivement au rythme de 10 milliards de dollars par mois pendant trois mois, puis l'augmentera de 10 autres milliards tous les trois mois.
Cette réduction du rôle de la puissante banque centrale sur le marché obligataire équivaut dans les faits à un léger resserrement de la politique monétaire. La Réserve fédérale veut que le processus soit très progressif et prévisible pour éviter de provoquer des remous sur les marchés financiers comme cela avait été le cas en 2013 lorsqu'elle avait annoncé une réduction de ses achats d'actifs.
La Fed a par ailleurs, comme s'y attendaient les acteurs financiers, marqué une pause sur les taux. Mais d'après les prévisions médianes des membres du FOMC, elle prévoit toujours une hausse du taux d'intérêt au jour le jour d'un quart de point de pourcentage en décembre et trois autres en 2018, si l'économie évolue comme prévu.
Si elle relève les taux à la fin de l'année, ce sera le quatrième tour de vis depuis l'élection de Donald Trump en novembre 2016.
L'économie va continuer à croître à un rythme "modéré" même si les ouragans Harvey, Irma et Maria "qui ont dévasté de nombreuses communautés" vont affecter "l'activité économique à court terme", juge la Fed.
La Fed pense néanmoins "au vu de l'expérience passée" que ces catastrophes "ne vont pas altérer" le cours de la première économie mondiale "à moyen terme".
En deçà de l'objectif des 3% ?
La Banque centrale a d'ailleurs relevé sa prévision de croissance pour l'économie américaine qui s'affiche à 2,4% en rythme annuel cette année, contre 2,2% prévus en juin.
Elle a en revanche laissé inchangée sa prévision de croissance pour l'année prochaine (+2,1%) ainsi que ses projections de chômage (à 4,3%) et d'inflation (+1,6%) pour 2017.
Si l'estimation de la Fed pour 2017 se confirmait, la croissance américaine s'établirait en-deçà de l'objectif de croissance de l'administration Trump qui table sur une augmentation du PIB de 3% voire plus. Pour autant, elle serait supérieure à la projection du Fonds monétaire international (+2,1%).
Sur le front de l'emploi, la Fed table sur un taux de 4,3%, sans changement par rapport à son estimation de juin, avant une nouvelle baisse en 2018 à 4,1% (contre 4,2% attendus en juin).
Le taux de chômage avait légèrement augmenté à 4,4% en août après 4,3% en juillet, selon les données les plus récentes du département du travail.
S'agissant de l'inflation, la banque centrale la voit toujours à +1,6% cette année. "Des prix plus élevés de l'essence et pour d'autres produits dans le sillage des ouragans vont doper l'inflation de manière temporaire; mis à part cet effet, l'inflation en rythme annualisé devrait se maintenir en-dessous des 2% à court terme", a-t-elle estimé.
La Fed vise une stabilisation de la hausse des prix à la consommation autour de 2% par an, un objectif qu'elle a repoussé à 2019 au lieu de 2018, précédemment. Pour autant, elle voit une inflation qui s'accélère l'an prochain à 1,9%.
En juillet, celle-ci était restée inchangée en glissement annuel, à +1,4%, selon l'indice PCE publié par le département du Commerce.
"Les risques à court terme pour les perspectives économiques apparaissent globalement équilibrés mais le Comité surveille de près l’évolution de l'inflation", a enfin indiqué la Fed.