>> Séisme : l'aide internationale acheminée dans l'ensemble de la Syrie
>> Plus de 28.000 morts, le bilan pourrait "doubler", avertit l'ONU
>> Vague de solidarité des restaurants turcs envers les déplacés du séisme
L' image diffusée par la présidence du Salvador montre une femme sortie vivante des décombres par une équipe de secours salvadorienne, le 12 février à Sehit Aileleri, dans le Sud de la Turquie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dix camions ont franchi, depuis la Turquie, la frontière au point de passage de Bab-al Hawa, dans le Nord-Ouest de la Syrie, a constaté un correspondant de l'AFP. Ils transportaient de quoi confectionner des abris d'urgence avec des bâches en plastique, des couvertures, des matelas, des cordes ou encore des vis et des clous, entre autres.
"Jusqu'à présent nous avons fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie", a reconnu le chef de l'agence humanitaire de l'ONU, Martin Griffiths, sur Twitter. "Ils se sentent à juste titre abandonnés" et il faut "corriger cet échec au plus vite". Bar al-Hawa est le seul point de passage opérationnel depuis la Turquie vers les zones rebelles, ravagées par le séisme.
Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a rencontré le président syrien Bachar al-Assad dimanche à Damas, assurant que ce dernier s'était montré prêt à envisager l'ouverture de nouveaux points de passages pour acheminer l'aide aux zones opposantes.
Il a "indiqué être ouvert à l'idée d'envisager des points d'accès transfrontaliers pour cette urgence", a affirmé M. Tedros à des journalistes. "Les crises cumulées du conflit, du COVID, du choléra, du déclin économique et maintenant du tremblement de terre ont fait des ravages insupportables", a déclaré M. Tedros, qui s'était rendu la veille à Alep, lors d'une téléconférence de presse.
Bachar al-Assad a également remercié dimanche 12 février les Émirats arabes unis pour leur "énorme aide humanitaire", alors qu'il recevait à Damas le chef de la diplomatie émiratie, Abdallah ben Zayed Al-Nahyane.
Selon un responsable du ministère syrien des Transports, Suleiman Khalil, 62 avions chargés d'aide ont jusqu'à présent atterri dans le pays et d'autres sont attendus dans les heures et jours à venir, en provenance notamment d'Arabie saoudite. Le puissant mouvement libanais Hezbollah, allié du gouvernement syrien, a de son côté envoyé dimanche un convoi dans l'ouest de la Syrie, avec des "vivres" et des "fournitures médicales".
Sauvetages miraculeux
D'après les derniers bilans officiels, le tremblement de terre du 6 février, de magnitude 7,8, a fait au moins 33.186 morts : 29.605 en Turquie et 3.581 en Syrie. "Il est difficile de donner un bilan précis car nous devons passer sous les décombres, mais je suis sûr qu'il doublera, ou plus", a déclaré Martin Griffiths, en visite samedi 11 février dans la ville turque de Kahramanmaras, épicentre du tremblement de terre.
Un chien pisteur recherche des survivants dans les décombres, six jours après un séisme meurtrier, le 12 février à Jableh, dans le Nord-Ouest de la Syrie. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En Turquie, des cas de sauvetages miraculeux bien au-delà de la période cruciale de 72 heures après la catastrophe continuent d'être rapportés par les secours et les médias. Une femme et un enfant ont été sortis vivants des décombres dimanche par une équipe de Salvadoriens à Sehit Aileleri, a annoncé le président salvadorien Nayib Bukele.
"L'équipe de secouristes salvadoriens, avec le soutien de secouristes turcs, viennent de réussir le sauvetage de deux survivants, une femme et un enfant, après plus de 150 heures passées sous les décombres", a écrit le président Bukele sur Twitter.
À Hatay, une femme de 63 ans, Hafsa Dagci, a été retirée des décombres 158 heures après le séisme. À Adiyaman, une femme de 23 ans, Elif Kirmizi, a pu être sauvée 153 heures après le séisme, une heure après le sauvetage de sa soeur Rabia, une professeure de 28 ans.
Mustafa Sarigul, 35 ans, a quant à lui été sauvé à la 149e heure à Hatay par des gendarmes turcs et des équipes venues d'Italie et de Roumanie, après douze heures d'efforts pendant lesquels l'homme chantait sous les décombres pour garder le moral.
Certaines équipes de secouristes internationaux doivent cependant faire face à des menaces. L'ONG israélienne United Hatzalah a annoncé dimanche 12 février l'arrêt de ses opérations en Turquie en raison d'une "menace sérieuse" contre la sécurité de son équipe.
Des bénévoles transportent des secours aux victimes du tremblement de terre en Syrie, à Tripoli, au Liban, le 9 février. |
Photo : Xinhua/VNA/CVN |
Samedi 11 février, l'armée autrichienne avait suspendu pendant quelques heures ses opérations de sauvetage, invoquant "la situation sécuritaire". Trois organisations allemandes avaient également suspendu leurs opérations, évoquant des "affrontements entre différentes factions".
Arrestation d'entrepreneurs
Sur le front diplomatico-humanitaire, la Turquie et la Grèce ont mis une sourdine à leur longue rivalité historique, avivée par des contentieux territoriaux, économiques et migratoires, au profit de la solidarité. Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias s'est rendu dimanche 12 février dans les zones sinistrées de Turquie avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, qui lui a réservé un accueil chaleureux.
Athènes avait été l'un des tout premiers pays à annoncer de l'aide à son voisin, et cette visite est la première d'un ministre européen en Turquie depuis le début de la catastrophe. En Turquie, l'effondrement brutal de bâtiments, qui trahit leur médiocre construction et n'a laissé pratiquement aucune chance à leurs résidents, suscite la colère. Les médias turcs ont annoncé l'arrestation d'une douzaine d'entrepreneurs du secteur du bâtiment dans le Sud du pays. D'autres interpellations sont attendues.
AFP/VNA/CVN