France
Retraites : les syndicats veulent frapper un grand coup samedi 11 février

Les syndicats espèrent mobiliser très fortement samedi 11 février, à l'occasion de la quatrième journée d'action contre la réforme des retraites, et se faire entendre enfin de l'exécutif, occupé à faire avancer la réforme au Parlement.

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Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger (2e à gauche), le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez (centre), et le leader de FO, Frederic Souillot (droite), manifestent contre la réforme des retraites à Paris, le 7 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

C'est "un rendez-vous extrêmement important", a déclaré vendredi 10 février sur franceinfo le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, appelant "tout le monde à aller dans les manifestations".

C'est la première fois depuis le début du mouvement que les syndicats organisent des manifestations le samedi, pour permettre à tous ceux qui ne peuvent se mettre en grève de s'exprimer contre la réforme. Ainsi de Juliette Achigar, 47 ans, gestionnaire de paie qui ira manifester à Bayonne : "J’ai hésité à y aller mardi, mais je perdais une journée de travail et financièrement ce n’était pas gérable", a-t-elle expliqué.

"Dépasser le million de manifestants ça serait un beau succès", a estimé M. Berger. De source policière, on s'attend à une participation comprise entre 600.000 et 800.000 personnes, dont 90.000 à 120.000 à Paris, où le défilé ira de République à Nation. 10.000 forces de l'ordre seront mobilisées partout en France, dont 4.500 à Paris.

Sans appel à la grève, les réseaux RATP et SNCF devraient fonctionner normalement, permettant à tous de venir manifester... ou de partir en vacances, ont souligné les syndicats. Les trois premières journées d'action ont réuni entre 757.000 et 1,27 million de personnes selon les autorités (entre "près de deux millions" et "plus de 2,5 millions" selon l'intersyndicale), sans infléchir l'exécutif, qui tient bon sur la mesure phare de la réforme, le recul de l'âge légal de départ à 64 ans.

"Je ne suis pas là pour avoir des états d'âme", a confié la Première ministre Elisabeth Borne au Parisien.

Depuis Bruxelles, où il participait à un sommet européen, le président de la République Emmanuel Macron a semblé regarder ailleurs jeudi 9 février : "Je souhaite d'abord que le travail puisse se poursuivre au Parlement", "c'est ainsi que la démocratie doit fonctionner", a-t-il dit, avant d'inviter les syndicats à organiser la contestation "dans le calme" et sans "bloquer la vie du reste du pays".

 "Pas dans la rue"

"Cette bataille ne se joue pas dans la rue, elle se joue au Parlement", analysait cette semaine un député Renaissance. "On a les mobilisations les plus fortes depuis le début des années 1990 (...) et on a le sentiment y compris parfois dans les interviews (...) des membres du gouvernement que tout ça n'existe pas", s'est offusqué M. Berger, pointant une forme de "mépris".

Des manifestants brandissent des pancartes lors d'une manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 7 févier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le risque, soulignent les syndicats réformistes, est celui d'une radicalisation de la base, et aussi d'une forme de "désespérance sociale" qui se traduise par un vote d'extrême droite dans les urnes. "Quand des millions de personnes sont dans la rue et qu'on entend les petites phrases (...) du président de la République, forcément on se dit qu'il va falloir réfléchir à faire autre chose", a affirmé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez vendredi 10 février sur Europe 1.

De nouvelles journées d'action sont prévues le 16 février, pour la deuxième semaine d'examen du projet gouvernemental au Parlement, et le 7 mars, alors que le texte sera arrivé au Sénat. Solidaires envisage de "porter la grève reconductible à partir du mercredi 8 mars", en prenant appui sur certains secteurs : énergie, cheminots. Dans le rail, la CGT-Cheminots appelle d'ores et déjà à la grève reconductible à partir du 7 mars.

Les syndicats présenteront leur plan de bataille lors d'une conférence de presse samedi 11 février.

L'article 7, qui porte la mesure d'âge, pourra-t-il faire l'objet d'un vote ? Rien n'est moins sûr, alors que les députés du Nupe ont déposé des milliers d'amendements, débattus dans une ambiance tumultueuse qui est encore montée d'un cran vendredi avec l'exclusion pour 15 jours du député insoumis Thomas Portes pour un tweet polémique, le montrant, le pied posé sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt.

"Il faut qu'on aille au débat sur l'article 7", a souhaité M. Berger, pour qui "ce serait bien aussi que le Parlement devienne autre chose qu'un champ de foire".

AFP/VNA/CVN



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