Plateau karstique de Dông Van : les hommes plus forts que la nature

Sur le plateau karstique de Dông Van, classé Géoparc mondial, la vie est très difficile. Mais des hommes s’y sont installés et ont su planifier une vie, frugale certes, mais durable.

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Plantation du maïs sur le plateau karstique de Dông Van.
Photo : Dô Binh/VNA/CVN

Située dans le coin le plus reculé du district de Dông Van, province de Hà Giang (Nord), la commune de Sinh Lung ne compte que 600 habitants, d’ethnie Co Lao. Une localité pauvre où les conditions pédoclimatiques ne sont guère propices à l’abondance, doux euphémisme.

Une piste sinueuse et escarpée mène à Sinh Lung. D’un côté une paroi rocheuse, de l’autre un précipice. «Ce n’était auparavant qu’un sentier. En 2007, l’État a accordé des fonds, et la population locale des journées de travail pour l’élargir et permettre le passage des véhicules», explique Dinh My Thao, directeur adjoint du Comité chargé des ethnies minoritaires du district de Dông Van. Et de préciser : «Cette piste de 10 km a coûté autant que 100 km en plaine».

Le siège du Comité populaire de Sinh Lung - une construction à étages - est adossé à une falaise. «Il y a quelques années, Sinh Lung était une commune extrêmement pauvre. Les 137 familles autochtones étaient classées au bas de l’échelle sociale. Mais la vie s’améliore, grâce au Projet de développement socio-économique des quatre ethnies minoritaires les plus défavorisées à Dông Van : Mang, Công, La Hu et Co Lao. En 2014, 55 familles Co Lao sont sorties de la pauvreté», informe Thu Nhâm, vice-présidente du Comité populaire de Sinh Lung. Les Co Lao vivent pour l’essentiel de la culture du maïs, qui ne donne qu’une récolte par an. Cette région aride a peu de terres cultivables. La roche affleure partout, le sol est mince. Les paysans peinent à cultiver du maïs entre les rochers. Et pour compléter le tableau, l’eau est rare, celle-ci s’infiltrant dans le sol karstique en un rien de temps.

La vannerie, d’une pierre deux coups

Le projet susmentionné a donné à Sinh Lung un seconde souffle. Les paysans bénéficient d’aides matérielles pour développer la production, l’élevage et, surtout, la vannerie. Ce métier artisanal, auquel participe toute la famille, des enfants aux personnes âgées, s’avère le plus rentable. Confirmation par Phong Sai, du village de Ma Chê, où plus de 40 familles la pratiquent. «Les matières premières sont abondantes dans les forêts alentours. Avec le bambou et le roseau je tresse des paniers. Chaque semaine, je peux en fabriquer une dizaine qui sont ensuite mis en vente au marché de Dông Van. Avec 40.000 à 120.000 dôngs/pièce, ma famille peut gagner environ un million de dôngs par semaine». D’une pierre deux coups : la vannerie permet d’améliorer la vie des autochtones, et de faire revivre un métier traditionnel de moins en moins pratiqué chez les Co Lao. À présent, les vanneries de Sinh Lung sont omniprésentes dans les localités environnantes.

Consultations médicales gratuites en faveur des habitants du district montangeux de Dông Van (Hà Giang).

Située non loin de Sinh Lung, la commune de Sung La est peuplée de H’Mông. «Qui dit Sung La, dit soc de charrue. Un soc original, avec lequel on peut tout labourer, même les champs rocailleux», révèle Dinh My Thao. À la différence du soc ordinaire de la plaine composé d’une lame métallique triangulaire, le soc de Sinh Lung est pointu et légèrement recourbé en haut. Ainsi équipée, la charrue peut travailler n’importe quel terrain. «Ce soc est un outil de taille dans le mouvement de lutte contre la pauvreté des H’Mông à Dông Van», souligne My Thao.

Le soc des H’Mông

La famille Mua forge depuis des générations des socs de charrue. Au printemps, les ateliers de Sung La fonctionnent jour et nuit. «La tradition H’Mông veut que la confection des socs se pratique au printemps, saison de l’exubérance de la nature», éclaire Mua A Thao. Et d’être fier que son métier soit lié étroitement au feu : «Le feu fait l’objet d’une vénération particulière chez les H’Mông. Car, c’est le Génie du feu qui nous apporte de bonnes récoltes».

Pour fabriquer un bon soc, le forgeron doit, en premier lieu, être un agriculteur. «Car les terrains sont très différents d’un endroit à l’autre, avec plus ou moins de roches, situées en profondeur ou en surface. Le forgeron doit être capable, en se rendant sur place, de concevoir un soc approprié», explique-t-il.

«La créativité des habitants est admirable. C’est grâce à ces socs que les semences peuvent germer entre les pierres», explique Dinh My Thao, directeur adjoint du Comité chargé des ethnies minoritaires du district de Dông Van.


Nghia Dàn/CVN

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