Plainte à Paris de la LDH contre Apple pour des "enregistrements non consentis" effectués par Siri

Le groupe américain Apple est visé à Paris par un signalement et une plainte déposés par la Ligue des droits de l'homme (LDH) pour violation de la vie privée en raison d'enregistrements de conversations privées via l'assistant vocal Siri à l'insu des utilisateurs.

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Siri, l'assistant numérique vocal développé par Apple, sur un écran de smartphone, le 14 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Sollicité par l'AFP au sujet de cette plainte, Apple n'était pas en mesure de réagir dans l'immédiat.

La LDH a adressé au parquet de Paris une plainte et un signalement visant Apple pour "violation de l'intimité de la vie privée à travers des enregistrements non consentis" via l'assistant vocal Siri, a indiqué vendredi 14 février à l'AFP l'association, confirmant une information du Monde et de Radio France.

"Il y a deux infractions importantes: la violation de l'intimité de la vie privée à travers des enregistrements qui n'ont pas été consentis, qui sont à l'insu des personnes, d'une part. Et puis, il y a la protection des données personnelles, le RGPD (Règlement général de protection des données), qui n'a pas été respecté non plus", a expliqué à l'AFP la présidente de la LDH, Nathalie Tehio, qui a adressé un signalement et une plainte jeudi 13 février, selon le récépissé consulté par l'AFP.

"À chaque fois qu'il y a une demande de faite à l'assistant vocal Siri, c'est enregistré sans que les personnes n'aient eu l'information que c'était systématiquement enregistré et que c'était ensuite vérifié par des personnes", a-t-elle poursuivi.

La plainte a été déposée pour violation de la vie privée, traitement illicite des données personnelles et pratique commerciale trompeuse, selon Le Monde et Radio France.

Dans sa plainte, la LDH s'est appuyée sur le témoignage de Thomas Le Bonniec, ancien salarié pour un sous-traitant d'Apple qui était chargé de "vérifier les transcriptions".

Revendiquant le statut de lanceur d'alerte, il a fourni des captures d'écran de "conversations très privées qui ont été enregistrées" a priori à l'insu des utilisateurs, selon Nathalie Tehio, qui demande "une enquête effective pour que ce soit corroboré" et établir "l'ampleur de ces enregistrements".

"Ce qui est vraiment encore plus choquant est que ça se déclenche alors même que vous n'utilisez pas votre assistant vocal", appuie la présidente.

"Donc, ça peut être les passagers dans une voiture, les convives au restaurant, ça peut être dans la chambre. A chaque fois que ça se déclenche, ça enregistre", soutient-elle.

Selon Le Monde et la cellule investigation de Radio France, Thomas Le Bonniec traitait chaque jour 1.300 enregistrements, avec des données sensibles.

Maladies, politique, sexualité

"Les sons enregistrés par les iPad, notamment, sont pour une part importante des enregistrements d'enfants. Plus généralement, ces fichiers contiennent énormément de données très personnelles : des personnes évoquent leur maladie, leurs opinions politiques, leur appartenance syndicale, leur sexualité...", a témoigné le lanceur d'alerte auprès des deux médias.

Dans un communiqué publié sur son site le 8 janvier, l'entreprise américaine assurait que Siri avait été "conçu pour protéger la vie privée des utilisateurs" et était "l'assistant numérique le plus privé qui soit".

Pour les fonctionnalités qui "nécessitent d'être traitées en temps réel sur les serveurs Apple", les données sont anonymisées et ne sont "pas liées à l'identité de l'utilisateur via son compte Apple ou son numéro de téléphone", affirmait l'entreprise.

"Apple ne conserve pas les enregistrements audio des interactions avec Siri, à moins que l'utilisateur ne donne explicitement son accord pour améliorer Siri", assurait le géant californien du numérique.

Après une enquête du quotidien britannique The Guardian en 2019 sur l'analyse des conversations d'utilisateurs enregistrés par des assistants vocaux, Apple avait annoncé que dans la future mise à jour logicielle, les utilisateurs auraient la possibilité de participer, ou non, à l'amélioration du service.

Aux États-Unis, Apple a accepté le 2 janvier de payer 95 millions d'USD pour mettre fin à des poursuites de consommateurs américains qui l'accusaient depuis 2019 d'avoir enregistré à leur insu leurs conversations privées via Siri.

Dans cet accord, il est précisé que "Apple a toujours nié et continue de nier tout acte répréhensible et toute responsabilité présumés".

Le géant du numérique a construit son image de marque sur les performances de ses appareils et sur le respect de la vie privée des utilisateurs.

AFP/VNA/CVN

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