Pétrole, nucléaire, solaire... à Paris, la France courtise les Saoudiens

Trois ministres disant "bienvenue", épaulés par les Pdg de Total, EDF, Areva : la France a fait les yeux doux à l'Arabie Saoudite le 11 avril lors d'un forum économique à Paris, avec en vue de gros contrats dans l'énergie ou l'eau et le vœu d'attirer des investissements "croisés".

Le ministre français de l'Économie, Pierre Moscovici (debout), au forum économique entre la France et l'Arabie saoudite, le 11 avril à Paris. Photo : AFP/VNA/CVN


"Je le dis à nos amis saoudiens : vous êtes les bienvenus. Le gouvernement français est très attentif aux choix que vous ferez et nous vous y aiderons, c'est ça notre message", a déclaré le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg devant un parterre d'hommes d'affaires français et saoudiens.
Un "message" déjà répété à l'envi par ses homologues de l'Économie, Pierre Moscovici, ("Nous souhaitons vraiment davantage d'investissements en provenance d'Arabie saoudite, qu'ils soient industriels ou financiers") et du Commerce extérieur, Nicole Bricq.
Le 10 avril au soir, la délégation saoudienne avait été reçue à l'Élysée par le président François Hollande, qui s'était rendu dans la monarchie du Golfe en novembre dernier. Pendant deux jours, environ 500 entreprises françaises et saoudiennes sont réunies à Paris pour développer les échanges commerciaux.
Pour la France, il s'agit de "rééquilibrer ses échanges" dans la région, le Qatar et les Emirats ayant été privilégiés sous l'ère Sarkozy, souligne-t-on à Bercy. Il s'agit aussi de se placer pour d'importants contrats qui s'annoncent dans la richissime monarchie pétrolière.
Premier producteur et exportateur mondial d'or noir, l'Arabie Saoudite et ses 30 millions d'habitants en sont aussi le septième consommateur, devant un pays comme l'Allemagne. Le pays cherche à réduire sa propre consommation intérieure, façon d'exporter plus et d'augmenter le flot de ses pétrodollars.
Pour éviter de produire de l'électricité avec ses hydrocarbures, Riyad prépare de gigantesques appels d'offres dans le nucléaire et les énergies renouvelables --solaire, principalement-- pour lesquels les deux géants EDF et Areva sont dans les starting-blocks.
Le projet saoudien, étalé sur plus de vingt ans, est considérable : 17 gigawatts de nouveaux réacteurs nucléaires --soit une dizaine d'EPR d'Areva-- et plus du double en énergies renouvelables, soit un total de 60 gigawatts.

"La localisation de la chaîne de valeur"

Areva et EDF, qui ont ouvert un bureau commun à Riyad, auront ainsi l'occasion d'effacer le fiasco du nucléaire émirati, où "l'équipe de France" de l'atome s'était fait souffler un important contrat par les Sud-Coréens.
Le Pdg d'Areva, Luc Oursel a dit espérer le lancement de l'appel d'offres d'ici la fin de l'année prochaine. EDF travaille lui à former des ingénieurs saoudiens en France et au Royaume-Uni, puis ensuite dans leur pays, a expliqué son Pdg Henri Proglio
Côté saoudien, on "accueille avec beaucoup d'intérêt tout investissement étranger", a souligné Tawfig Al-Rabiah, ministre du Commerce et de l'Industrie du royaume. Mais le pays cherche aussi à défendre "la localisation de la chaîne de valeur" en Arabie Saoudite, a souligné Khalid Al Soulaimane, le vice président la KA-Care, l'organisme en charge des énergies renouvelables.
Une voie prônée par le Pdg de Total, Christophe de Margerie, vantant "le beau bébé" qu'est la Satorp, une société saoudienne créée avec la toute-puissante compagnie nationale Saudi Aramco et qui termine actuellement un immense complexe --raffinerie et site pétrochimique-- à Jubail, dans l'est saoudien.
"Il faut s'associer avec des sociétés saoudiennes pour créer des sociétés saoudiennes", a-t-il conseillé. "En Arabie saoudite, de temps en temps c'est long, mais une fois que c'est parti, c'est parti". La France est déjà le troisième investisseur en Arabie, avec près de 15 milliards déjà dépensés par les entreprises tricolores.
Reste que les promesses alléchantes des contrats saoudiens peuvent avoir un goût amer : fin 2011, Alstom avait perdu le "contrat du siècle" de la ligne à grande vitesse entre les villes saintes de la péninsule, décroché par des sociétés espagnoles pour 6,7 milliards d'euros.

AFP/VNA/CVN

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