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Plusieurs bateaux, partis de Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais), jeudi matin 25 janvier à l'entrée du port de Calais. |
Le trafic des ferries, habituellement important jeudi 25 janvier (3.450 poids lourds attendus selon la préfecture) a pu reprendre entre Calais et Douvres (Grande-Bretagne), après de forts ralentissements (un ferry toutes les heures au maximum, au lieu de un toutes les demi-heures en temps normal). Un ferry de la compagnie DFDS, bloqué sur la rade depuis la mi-journée, faisait d'ores et déjà son entrée dans le port de Calais en début de soirée.
Les fileyeurs, en provenance de Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque, ont en effet déplacé leurs embarcations pour libérer les jetées du port qu'ils obstruaient depuis le petit matin. Le sous-préfet de Calais a confirmé aux protestataires qu'un conseiller spécial du ministère de l'Agriculture allait les recevoir, vendredi après-midi 26 janvier.
Le vice-président du Comité départemental et régional des pêches maritimes Nord-Pas-de-Calais, Stéphane Pinto, a détaillé ce qu'il attendait du gouvernement auprès de la presse : "Les points à défendre c'est l'exonération des charges du dernier trimestre 2017 et des deux premiers trimestres 2018, une aide de 30.000 euros par bateau, le paiement d'aides à la motorisation et la certitude que le ministre défende l'interdiction de la pêche électrique".
La région Hauts-de-France a annoncé pour sa part qu'elle abondait le fonds d'urgence créé récemment d'environ 250.000 euros.
"Mer ravagée"
Plus tôt dans la journée, mettant la pression sur les autorités, la directrice générale de P&O Ferries, Janette Bell, avait cinglé : "Il est absolument inacceptable qu'il soit permis à un petit nombre d'individus d'immobiliser un port sur lequel des milliers d'entreprises et de touristes comptent chaque jour".
"Nous n'ignorons pas le problème des pêcheurs mais en aucun cas ceux-ci ne doivent leur permettre de perturber le travail de centaines d'entreprises, causant pour cette seule journée plusieurs millions d'euros de pertes sur les deux sites portuaires", a abondé par communiqué en fin de journée le PDG de la Société d'exploitation des ports du détroit, Jean-Marc Puissesseau.
L'action avait commencé bien avant le lever du jour. À partir de 05h30, une dizaine de pêcheurs avaient interdit l'accès routier à la gare de marée du port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Le sas commandant l'entrée du bassin où les senneurs (pêcheurs qui utilisent un filet appelé senne) néerlandais débarquent le poisson a également été bloqué, dans la matinée, par deux fileyeurs.
"On demande des mesures d'accompagnement d'urgence à l'État français et une aide financière rapide", a déclaré à Calais Christian Dubois, du comité régional des pêches, réclamant 30.000 euros par bateau sur trois ans. "Contre la pêche électrique, il est trop tard. La mer a été ravagé e il n y a plus de poissons. Il faudrait 4 à 5 ans pour que la ressource se reconstitue sur nos côtes", a-t-il ajouté.
Ce mouvement des pêcheurs survient après que le Parlement européen a pris position le 16 janvier contre la pêche électrique dans l'UE.
Ce vote n'est qu'une étape du long parcours législatif du texte au sein de l'UE, le Parlement devant entrer en négociation avec le Conseil (les États membres) et la Commission européenne pour trouver un compromis final. La France a apporté son soutien à une interdiction totale.
Cette position avait été réaffirmée la veille par le ministre Stéphane Travert, lorsqu'il avait reçu le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM).